(BFM Bourse) - Les comptes du groupe suisse ont dépassé les attentes au titre de son premier semestre, clos fin septembre. Richemont a une nouvelle fois dévoilé une activité tonique dans la joaillerie, et a bénéficié d'un retour à la croissance en Chine.
Après avoir souffert sur la première partie d'année, le secteur du luxe est indiscutablement le compartiment en Bourse qui connaît un certain regain de forme depuis plusieurs mois.
Ce retour en grâce des actions du luxe est nourri par les espoirs d'une sortie de crise que traverse cette industrie depuis deux ans.
Ces anticipations ont été confortées par la dernière saison des résultats, avec les publications largement supérieures aux attentes de la part de LVMH, Kering, l'italien Salvatore Ferragamo ou de Burberry ce jeudi 13 novembre, qui ont montré une amélioration des tendances et notamment en Chine, marché clé pour ces entreprises.
Le suisse Richemont vient, lui, de se prêter à l'exercice des publications, et a annoncé ce vendredi 14 novembre ses résultats pour le premier semestre de son exercice décalé 2025-2026. Et il n'a pas déçu.
La joaillerie brille de mille feux
Sur le seul trimestre allant de juillet à fin septembre, le propriétaire des marques Cartier, Van Cleef & Arpels a dévoilé une croissance de ses revenus de 14% à taux de changes constants et de 8% en données publiées, à 5,2 milliards d'euros. En rythme séquentiel (d'un trimestre sur l'autre), la croissance de Richemont accélère vivement, puisqu'elle était de 6% à taux de changes constants au premier trimestre.
Encore une fois, l'activité de Richemont a été tirée par sa principale division, la joaillerie (73,6% des revenus), où la croissance a atteint 17% à taux de changes constants, après 11% au premier trimestre.
Le groupe suisse a surclassé les attentes, tant sur sa croissance globale que sur l'ensemble des divisions, apprécie Bernstein.
Selon un consensus cité par le bureau d'études, les analystes tablaient sur une progression des revenus de 7% à taux de changes constants et de 10% pour la seule division joaillerie. Ce qui "démontre une forte dynamique continue pour la division clé du groupe", remarque pour sa part Royal Bank of Canada.
La dynamique du pôle horlogerie a aussi pris de vitesse le marché. Au deuxième trimestre, cette division a renoué avec la croissance (+3%) à taux de changes constants, là où le consensus était bien plus pessimiste (-5%) et après un repli de 7% au premier trimestre. .
Un retour à la croissance en Chine
Par zone géographique, tous les régions ont dépassé les attentes en termes de croissance organique (en données comparables), précise Bernstein.
En Asie-Pacifique, les ventes ont bondi de 10% (contre une hausse de 2% attendue par le consensus), toujours à taux de changes constants, grâce à la région Chine, Hong Kong et Macao qui renoué avec la croissance au deuxième trimestre (+7%), tirée par la joaillerie.
Cité par Reuters, le président du groupe Johann Rupert a déclaré lors d'un appel téléphonique après la publication des résultats qu'il observait "quelques signes précurseurs" d'une amélioration de la demande en Chine, mais a cependant averti qu'il était trop tôt pour parler d'une reprise complète.
Au Japon, l'activité a bondi de 10% quand le consensus attendait une progression de 2% des ventes dans le pays, renouant ainsi avec une croissance à deux chiffres au deuxième trimestre après un recul au cours des trois premiers mois de l'année (-15%), rappelle Richemont.
En Europe, les revenus ont progressé de 11% hors changes (contre 10% attendu par le consensus), grâce à une demande locale qualifiée de robuste par la société. L’activité a progressé de 20% dans la zone "Amériques", contre des attentes logées à 13% dans cette dernière région.
Rappelons que le groupe évolue sur le créneau du "hard luxury" (horlogerie, joaillerie par opposition au "soft luxury" qui regroupe la maroquinerie et les vêtements), un segment qui a mieux résisté à la tempête sur le luxe l'an passé. Ce car le "hard luxury" a une exposition moindre à la clientèle dite "aspirationnelle", tournée vers les produits moins onéreux et plus sensibles à la conjoncture.
"Le groupe de luxe affichant la plus forte croissance"
Sur l'ensemble du premier semestre, les ventes de Richemont ont ainsi progressé de 10% à taux de change constants à 10,6 milliards d'euros.
Un peu plus bas dans les comptes, le résultat d’exploitation courant (Ebit) ressort à 2,358 milliards d'euros. La marge opérationnelle correspondante progresse de 30 points de base, soit 0,3 point de pourcentage sur un an à 22,3%, contre 21,9% au premier semestre de l'année précédente.
"La marge brute du premier semestre 2026 a été inférieure de 70 points de base au consensus, les prix ayant été partiellement compensés par les effets négatifs des taux de change, des matières premières et des droits de douane, tandis que l'Ebit a dépassé de 8% le consensus grâce à l'effet de levier opérationnel et à la baisse des dépenses de communication", note Royal Bank of Canada (RBC).
Du côté du résultat net, celui-ci a quadruplé à 1,80 milliard d'euros, après 457 milliard d'euros l'an passé. Le propriétaire de la marque Cartier avait été contraint de passer l'an dernier une perte de 1,3 milliard d’euros, principalement due à la dépréciation des actifs de Yoox-Net-A-Porter Group (Ynap).
"Au final, nous nous attendions à une bonne tendance du chiffre d'affaires dans la joaillerie, et les résultats publiés aujourd'hui confirment cette prévision, indique aussi RBC. "Nous devrions assister à une légère révision à la hausse des projections de bénéfices (de la part du consensus, NDLR) et nous nous attendons à une réaction positive des actions", ajoute le bureau d'études.
À la Bourse de Zurich, les marchés sont unanimes sur la qualité de la réalisation semestrielle de Richemont avec une action qui bondit de 5,3% vers 12h25 ce vendredi 14 novembre. Cette hausse ne profite cependant pas à l'ensemble du secteur du luxe parisien, Kering recule de 0,7%, Hermès de 0,5% et LVMH de 0,2%.
Les analystes étaient très positifs sur Richemont en amont de sa publication semestrielle. HSBC s'attendait à "d'excellentes performances" à court et moyen terme pour la joaillerie. Le bureau d'études mettait en avant "l'attractivité du segment et à la créativité/innovation" des produits de Richemont, et prenait comme exemple le lancement de la collection "Love Unlimited" fin septembre.
