(BFM Bourse) - La maison-mère de Google a pris de vitesse le marché en livrant une croissance plus forte qu'attendu de son chiffre d'affaires lié à la recherche en ligne, au premier trimestre. Sa division de services cloud a, elle, tenu ses promesses.
Premier Gafam à publier ses résultats trimestriels cette saison, Alphabet a clairement apaisé les craintes du marché. La maison-mère de Google a coché les bonnes cases, démontrant que son activité résistait pour l'heure à un contexte économique incertain et dégradé.
"Alphabet a livré des résultats exceptionnels", résume Stephen Innes de Spi AM. À Wall Street, l'action a terminé en hausse de 4,8% jeudi soir, dans les échanges post-clôture.
Sur les trois premiers mois de l'année, Alphabet a dégagé des revenus de 90,23 milliards de dollars, en croissance de 14% sur un an hors effets de changes. Le résultat opérationnel a grimpé de 19% pour s'établir à 30,6 milliards de dollars. La marge correspondante s'est inscrite à 34% contre 32% un an plus tôt. Le bénéfice par action a bondi de plus de 50% à 2,81 dollars.
Selon un consensus cité par Bank of America, les analystes tablaient sur des revenus de 89,3 milliards de dollars et un bénéfice par action de seulement 2,01 dollars.
>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading
La recherche en ligne dépasse les attentes
Alphabet a été porté par la vigueur de ses revenus liés à la publicité, et notamment la recherche en ligne, son activité historique. Le chiffre d'affaires généré via le moteur de recherche de Google a crû de 9,8%, soit davantage que la croissance de 9,4% espérée par le consensus, note Dan Ives, analyste chez Wedbush. Ce dernier évoque des "tendances saines" sur ce segment.
"La recherche en ligne a connu une croissance forte et continue, stimulée par l'engagement que nous observons avec des fonctionnalités telles que AI Overviews (un outil d'intelligence artificielle qui est utilisé dans la recherche en ligne, par exemple pour résumer ces recherches, NDLR), qui compte désormais 1,5 milliard d'utilisateurs par mois", a déclaré Sundar Pichai, le directeur général d'Alphabet, cité dans un communiqué.
L'efficacité de ces outils d'IA s'avère clef tant pour l'attrait des services d'Alphabet auprès des annonceurs que pour rassurer des investisseurs devenus vigilants sur les méga-dépenses dans l'intelligence artificielle. Alphabet a récemment confirmé vouloir investir 75 milliards de dollars cette année, notamment pour mener à bien ses projets dans l'IA en déployant des capacités de data centers.
Autre segment très suivi, Google Cloud, la division de services d'informatique dématérialisée (cloud) du groupe, a dégagé une croissance de 28,1% sur un an, à avec des revenus de 12,26 milliards de dollars, en ligne avec les attentes (12,28 milliards de dollars, selon Bank of America). "Les commentaires de la direction ont été encourageants, celle-ci réaffirmant que, pour un nouveau trimestre consécutif, la demande a dépassé la capacité disponible", note Dan Ives, de Wedbush.
Un groupe qui absorbe les difficultés
"Il est important de noter que la direction n'a pas signalé de signes d'affaiblissement de l'environnement publicitaire entre le début de l'année et la fin du mois d'avril, ce qui devrait tempérer les inquiétudes des investisseurs à court terme", souligne également l'analyste.
Philip Schindler, le directeur des opérations de Google, a déclaré que la société n'était pas "immune à l'environnement macroéconomique". La fin de l'exemption de taxations douanières aux États-Unis pour les colis provenant de l'étranger et de moins de 800 dollars devrait causer "un léger vent défavorable" sur l'activité publicitaire, a-t-il ajouté. Le dirigeant a évoqué plus spécifiquement des acteurs du commerce de la région "Asie-Pacifique". Les grandes marques d'e-commerce chinois telles que Temu et Shein ont, selon des données citées par Reuters, déjà commencé à réduire leurs dépenses publicitaires aux États-Unis.
"Soyons clairs : Alphabet n'est pas à l'abri des risques macroéconomiques, mais il les absorbe. Il n'y a aucun signe d'effondrement de la demande dans le domaine de la publicité ou du cloud d'entreprise, même si les taux de croissance ont légèrement baissé", apprécie Stephen Innes. "Et si les droits de douane peuvent frapper certains pans de l'économie, le modèle d'entreprise de Google est axé sur la couche numérique en amont du commerce mondial, où les barrières commerciales importent moins que la domination des données et l'économie de l'engagement", ajoute-t-il.