(BFM Bourse) - L'entreprise chinoise a bondi de plus de 9% à Hong Kong ce mercredi 24 septembre et connaît un rallye impressionnant depuis le début de l'année, grâce à l'envolée de ses activités liées à l'intelligence artificielle.
Ces dernières années, le parcours boursier d'Alibaba s'est apparenté à un chemin de croix. Par rapport à ses sommets atteints fin 2020, l'action du mastodonte chinois du e-commerce a été divisée par quatre environ, fin 2024.
La société fondée par Jack Ma a notamment pâti d'un sévère tour de vis de la part de Pékin sur les géants chinois de la tech, mais aussi de la concurrence de son rival Temu dans le e-commerce.
L'année 2025 marque néanmoins la révolte boursière d'Alibaba. Le groupe chinois bondit de 111% depuis le début de l'année, de 50,7% sur trois mois et s'est adjugé 9,2% ce mercredi 24 septembre à Hong Kong.
L'envolée du titre est due aux efforts déployés par le groupe pour devenir un acteur clef de l'intelligence artificielle (IA), susceptible de rivaliser avec les big tech américaines voire de les dépasser.
>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading
Accélération des dépenses
La progression de ce mercredi est d'ailleurs liée aux déclarations de son directeur général , Eddie Wu, concernant les dépenses du groupe dans les infrastructures d'IA. Lors de la présentation de la nouvelle version de son modèle de langage d'IA, le Qwen3-Max, le dirigeant a expliqué que le groupe allait intensifier ses investissements.
Eddie Wu a expliqué qu'au vu de l'essor des technologies d'IA, Alibaba allait revoir à la hausse ses dépenses en la matière, qui excèderont ainsi les quelques 380 milliards de yuans (environ 45 milliards d'euros) qui avaient été annoncés en février, a rapporté Bloomberg.
"Le rythme de développement du secteur a largement dépassé nos prévisions (...) Nous poursuivons activement l'investissement de 380 milliards de yuans dans les infrastructures IA" annoncé en février, "et prévoyons d'en ajouter davantage", a-t-il plus précisément affirmé.
Cette annonce illustre un peu pus l'enthousiasme du marché pour les annonces de dépenses massives des grands groupes de tech dans l'IA. Lundi, Wall Street a applaudi l'annonce par Nvidia d'investissements allant jusqu'à 100 milliards de dollars dans OpenAI, start-up connue pour avoir conçu ChatGPT, pour lui permettre de développer ses data centers.
Ces dépenses somptuaires ont, ces dernières semaines, été perçues comme un signal de confiance de la part des acteurs de la tech dans les perspectives des activités liées à l'intelligence artificielle, telles que l'informatique dématérialisée (cloud) ou le ciblage publicitaire.
Une croissance à trois chiffres dans l'IA
Alibaba connaît, sur ce point, une forte croissance dans ces activités. Lors de la publication de ses derniers résultats trimestriels, le groupe chinois a fait état d'une hausse de 26% de ses revenus liés aux services cloud et d'une progression "à trois chiffres (donc plus de 100%, NDLR) des produits liés à l'IA pour le huitième trimestre consécutif".
L'action Alibaba avait alors bondi de près de 13% à la suite de ces résultats. L'optimisme du marché sur Alibaba "repose sur deux éléments", expliquait alors Ruben Dalfovo, de Saxo Markets.
"Premièrement, Alibaba a prouvé que son histoire dans le domaine de l'IA n'était pas qu'un simple récit : la demande en matière de cloud liée aux charges de travail de l'IA génère une réelle croissance des revenus", développait-il.
"Deuxièmement, ses efforts dans le domaine des puces électroniques montrent qu'elle ne dépend pas uniquement des technologies étrangères à une époque où la géopolitique peut redessiner les chaînes d'approvisionnement du jour au lendemain. Ensemble, ces éléments donnent aux investisseurs la certitude que la feuille de route d'Alibaba est pérenne (…), ajoutait-il.
Alibaba a en effet accentué ses efforts pour développer ses propres semi-conducteurs d'intelligence artificielle, et pouvoir ainsi se passer des processeurs graphiques de Nvidia, réputés plus puissants. La semaine dernière, des informations de presse ont rapporté qu'Alibaba avait remporté un succès commercial majeur pour ses puces d'IA, en gagnant comme client la société d'e-commerce China Unicom. Ce qui suggère que les investissements des groupes chinois de tech pour développer leurs propres semi-conducteurs commencent à payer.
"L'entreprise commence à remplacer les accélérateurs Nvidia par des puces développées en interne à l'instar de Baidu, ce qui soulève des questions quant à la demande future pour les matériaux de Nvidia pour le marché chinois, même si, on le rappelle, les matériaux de Nvidia sont plus avancés", a expliqué John Plassard, de Cité Gestion, dans BFM Bourse, il y a deux semaines.
"Alibaba apparaît le leader national de l'IA" ajoutait John Plassard.
La Chine, un sérieux rival des États-Unis dans l'IA
Au-delà d'Alibaba, les grands mastodontes de la tech chinoise ont pris à bras le corps le virage de l'IA, en développant leurs propres technologies. Baidu a investi également dans ses propres puces d'IA pour soutenir le développement de son modèle d'IA, "Ernie Bot".
De son côté, "Tencent semble lui particulièrement bien positionné pour déployer des agents IA au sein de ses différentes plateformes et ainsi améliorer la productivité de ses clients", souligne Adrien Dumas de Mandarine Gestion.
Ce qui illustre la volonté mais aussi la capacité de la Chine à vouloir rivaliser avec les États-Unis.
"Si les États-Unis sont le centre mondial de l'innovation et de l'application de l'IA, la Chine se positionne également très bien grâce à un soutien politique fort, une recherche solide en matière d'IA, des scénarios d'application diversifiés, un approvisionnement énergétique suffisant et une formidable capacité de production de masse. La Chine progresse également dans la mise en place d'un écosystème d'IA autonome, malgré les contrôles à l'exportation", expliquait début septembre Bank of America .
"La moitié des chercheurs d'IA est basée là-bas (…) La Chine est un tremplin pour la réussite mondiale. Aujourd'hui, toutefois, le marché chinois est évalué à 50 milliards de dollars", soulignait, de son côté, fin mai Jensen Huang, le directeur général de Nvidia. Le dirigeant prévenait alors que le leadership des États-Unis dans l'IA pouvait être menacé par Pékin.