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Après une année boursière plombée par une journée investisseurs cauchemardesque, Ferrari peut-il redémarrer en 2026?

Aujourd'hui à 11:15
Ferrari à la relance en Bourse?

(BFM Bourse) - Le groupe au cheval cabré a souffert cette année, en raison essentiellement d'une journée investisseurs qui avait tourné à la catastrophe boursière. L'action peut-elle se reprendre en 2026?

En Bourse comme dans la compétition automobile, Ferrari est censé représenter le nec plus ultra. Mais cette année, sur le marché comme en Formule 1, le constructeur automobile transalpin n'a pas tenu son rang.

Dans la discipline reine du sport automobile, Ferrari n'a enregistré aucune victoire cette saison (son pilote Charles Leclerc a arraché quelques podiums au prix d'efforts dantesques) et a terminé à la quatrième place du classement constructeurs.

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En Bourse, l'action chute, elle, de 22,7% depuis le 1er janvier, soit presque autant que Renault (-24,6%). Certes, 2025 a encore constitué une année difficile pour l'automobile, un compartiment malmené par les droits de douane et marqué par la forte concurrence en Europe et en Chine.

Mais, d'une part, d'autres constructeurs affichent des performances qui tiennent la route (Mercedes gagne 12%, Volkswagen prend 14,2%, General Motors s'envole de plus de 55%).

D'autre part, Ferrari n'est pas vraiment considérée par les analystes financiers comme une valeur automobile mais plutôt comme un titre appartenant au luxe.

En raison de sa clientèle ultra-fortunée, de la faible élasticité de sa demande (qui donc ne faiblit pas malgré les hausses de prix) et du fait que son offre est contrainte par des capacités volontairement limitées, le groupe est davantage comparé à Hermès. Ses multiples boursiers se rapprochaient d'ailleurs du sellier-maroquinier, avant la dégringolade de l'action.

La journée maudite

Jusqu'à début octobre, le parcours boursier de Ferrari était certes mouvementé. La faute, notamment, aux droits de douanes américains. Rappelons que la société produit tous ses véhicules sur son site de Maranello en Italie et s'avère donc fortement exposée à ces surtaxes douanières. Mais le titre s'adjugeait, tout de même, environ 4% sur 2025.

Un évènement, organisé le 8 octobre, est venu tout bouleverser, provoquant un plongeon de l'action de 22,3% en quatre séances (et de 15,4% sur la journée du 8 octobre, un record pour la société).

Ferrari tenait alors une journée dédiée aux investisseurs, l'occasion pour la société de faire le point sur ses lancements ou sa stratégie d'électrification. Et ses objectifs de long terme.

Sur ce dernier point, le bât a lourdement blessé. Pour ne donner qu'un seul exemple, la société transalpine a indiqué viser 9 milliards d'euros de revenus en 2030 quand le consensus (la prévisions moyenne des analystes) se situait à plus de 10 milliards d'euros. La marge opérationnelle, attendue à plus de 30% au même horizon, était elle aussi très inférieure aux attentes (32%).

Certes, Ferrari est connue pour la prudence de ses prévisions qui sont souvent relevées. Les investisseurs ont quand même été échaudés.

Bernstein évoque un évènement "traumatisant" et raconte très bien le déroulé de cette journée.

"Environ 300 investisseurs, analystes et journalistes se sont rendus chez Ferrari à Maranello du 8 au 9 octobre pour être informés de sa nouvelle technologie de groupe motopropulseur électrique (BEV) pour sa future Elettrica BEV, ainsi que pour le Capital Market Day (la journée investisseurs, NDLR) de Ferrari tenu le 9 octobre", écrivait l'intermédiaire financier en octobre.

"Après avoir révélé que Ferrari avait augmenté le nombre de ses clients actifs (définis comme quelqu'un ayant acheté une Ferrari neuve ou d'occasion au cours des 5 dernières années) de 20% par rapport à 2022 pour atteindre 90.000 et ajouté plus de 32.300 nouveaux clients à la marque depuis 2022, le ton de l'événement était plutôt positif et convivial jusqu'au milieu de la matinée du 9 octobre, lorsque les objectifs financiers et les prévisions de Ferrari pour 2024-2030 ont été dévoilés. Ensuite, la situation a basculé", poursuivait Bernstein.

La F80 fait la pluie et le beau temps sur les résultats

"Le marché s'attendait à un récit confiant sur le développement des marges et s'est vu servir une maigre soupe en ce qui concerne les prévisions pour 2030", résume le bureau d'études.

Après cette journée bien difficile le titre s'est un peu repris. La direction de la société avait notamment précisé, lors de la publication des résultats fin octobre, que la cible de rentabilité attendue en 2030 constituait un "plancher".

"Mais l'action a ensuite de nouveau chuté après que la direction et l'équipe des relations investisseurs de la société aient semblé se rapprocher du discours prudent de la journée investisseurs", note Bernstein.

Le marché a notamment du revoir à la baisse ses anticipations d'impacts sur les résultats du modèle F80, un élégant (et très rentable) "hypercar" (avec un moteur très puissant) dont la production a débuté cette année en série limitée. C'est-à-dire que 799 exemplaires seront produits et pas un de plus.

"Étant donné que la F80 est la première Ferrari à intégrer en interne des composants électriques, nous pourrions voir des marges opérationnelles pour le véhicule au niveau de 40%-50% (toujours bien au-dessus de la moyenne de 30% de l'entreprise), mais en dessous du niveau de 60% que certains investisseurs semblent utiliser", explique Royal Bank of Canada.

La banque canadienne ajoute que des dépenses de R&D "pourrait probablement réduire les marges" de la F80 en 2026.

Bernstein, pour sa part, note que la direction de Ferrari a indiqué vouloir maintenir un "haut niveau" de livraisons de la F80 jusqu'en 2028. Cet effet calendaire a conduit le marché a abaissé ses anticipations de résultats pour 2026.

Le modèle ayant un impact positif fort sur la rentabilité de la société, espacer les livraisons jusqu'en 2028 plutôt que les concentrer sur 2026 diminue de facto les perspectives pour l'an prochain.

"La réalité est que Ferrari utilise l'élan des bénéfices du F80 pour compenser les bénéfices plus faibles des modèles de gamme (…) La mauvaise nouvelle est que cela signifie que les bénéfices prévus pour les exercices 2026 et 2027 sont inférieurs aux attentes précédentes des investisseurs, comme en témoigne la récente correction du cours de l'action", a de son côté asséné Citi dans une récente note.

Un année 2026 encore difficile ?

Maintenant que le marché a bien revu ses ambitions pour la marque au cheval cabré, Ferrari peut-elle retrouver une partie de son lustre boursier en 2026? Malgré les revers subis par la société italienne, les analystes sont relativement confiants.

Ce n'est, certes, pas le cas de Citi. La banque américaine est à "vendre" sur le titre et son objectif de cours, de 300 euros, implique encore une baisse de 6%.

La banque américaine s'attend à une année encore "difficile". L'introduction de six nouveaux modèles impliquera des coûts plus élevés de R&D, de dépréciations et amortissements, et de frais généraux, tandis que les effets bénéfiques de ces lancements sur les volumes et le "mix" (la répartition des ventes sur des modèles plus rentables) seront concentrés sur le deuxième semestre, fait-elle valoir.

Citi retient, par ailleurs, 180 livraisons de F80 l'an prochain, soit bien moins que certaines estimations logées à 300 unités, note la banque. Avec, également, des effets de changes qui risquent d'être très défavorables, l'établissement redoute que les marges de Ferrari reculent en 2026.

Bernstein de son côté reste à "surperformance" pour des questions de valorisation.

"Nous croyons que Ferrari dépassera ses prévisions, mais reconnaissons la nécessité de livrer des preuves (au marché, NDLR) au cours des prochains trimestres", explique l'intermédiaire financier.

Royal Bank of Canada pense également que la société est trop prudente. La banque canadienne table sur une progression annuelle moyenne des revenus de 8% par an entre 2024 et 2030, soit davantage que les 6% contenus dans les cibles de long terme de l'entreprise. L'établissement retient une contribution des volumes de 3% par an à laquelle s'ajoute des impacts prix et mix de 5%.

Royal Bank of Canada remarque également que Ferrari s'échange à des niveaux proches de ceux des groupes de luxe Kering et LVMH. Or la marque automobile a une clientèle aspirationnelle (c'est-à-dire plus jeune et moins fortunée que la clientèle traditionnelle) bien plus faible que ces deux griffes. Conclusion: l'action Ferrari est actuellement bon marché.

Des atouts indéniables

UBS est également à l'achat sur Ferrari. La banque suisse remarque que, depuis début octobre, les investisseurs ont exprimé un certain nombre de craintes, notamment autour de la valeur résiduelle, c'est-à-dire la revente d'une Ferrari. Ce point peut s'avérer très important lors de l'achat d'un véhicule de la marque italienne.

Après un voyage aux États-Unis et la rencontre avec un consultant et un important concessionnaire, la banque suisse se dit "rassurée". D'une part, les annulations de commandes restent à des niveaux "normaux" et donc très faibles, très peu de clients revenant sur leurs pas en raison de la valeur résiduelle. D'autre part, Ferrari continue de conquérir des acheteurs, 25% des clients étant nouveaux.

"Les deux réunions nous ont donné la confiance que Ferrari prend les bonnes mesures pour protéger la valeur de sa marque et ainsi sa croissance à long terme, aucun des experts n'ayant observé de problèmes fondamentaux avec la demande sur le marché primaire ni sur le marché de l'occasion", conclut UBS.

Plus largement, la banque suisse pense que même si les performances de 2026 seront concentrées sur la seconde partie de l'année, l'exercice pourrait bien démontrer au marché que les cibles de revenus et de rentabilité pour 2030 livrées par la société sont beaucoup trop prudentes. Et ne doivent donc pas être prises au pied de la lettre.

"À notre avis, répondre aux préoccupations concernant la résilience de son modèle économique renforcerait le statut de Ferrari en tant que l'une des histoires de croissance à long terme les plus convaincantes du secteur", écrit UBS.

Alphavalue se montre également confiant. "Le rythme des livraisons de la F80 aura un impact significatif sur les résultats à venir, cependant, nous ne pensons pas que cela remette en cause les fondamentaux du groupe", écrit le bureau d'études indépendant.

"La stratégie de Ferrari consistant à limiter la croissance des volumes reste essentielle pour protéger les valeurs résiduelles et maintenir son modèle économique basé sur la rareté, même si cela implique un taux de croissance plus faible à l'avenir. Ferrari ajuste simplement le rythme des livraisons afin d'assurer une croissance plus linéaire, ce qu'elle peut facilement gérer compte tenu de sa visibilité sur les commandes d'environ deux ans", développe encore Alphavalue.

"Nous continuons de considérer Ferrari comme une valeur sûre à acheter et à conserver. Les fondamentaux de Ferrari restent exceptionnellement solides, générant des marges et des flux de trésorerie disponibles robustes", apprécie le bureau d'études.

"Son modèle économique unique offre une forte visibilité, soutenue par un carnet de commandes qui s'étend jusqu'en 2027, tandis que la fidélité sans pareille à la marque stimule une demande très inélastique aux prix", conclut Alphavalue.

De quoi espérer, donc, que le millésime boursier 2026 s'avère meilleur que le précédent. En F1, l'optimisme n'est guère de mise. L'année 2026 sera marquée par de nombreux changements réglementaires que ce soit au niveau du moteur et de l'aérodynamique. Mercedes semble avoir une importante longueur d'avance, tout du moins au niveau du moteur.

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