(BFM Bourse) - Le fabricant de véhicules blindés et de munitions Czechoslovak Group explore la possibilité d'entrer en Bourse pour profiter d'un contexte favorable pour les dépenses militaires en Europe, selon Bloomberg.
Le secteur européen de la défense en Bourse, en ébullition depuis le début de l'année, pourrait compter une nouvelle recrue dans ses rangs. Le groupe tchèque Czechoslovak Group réfléchirait à s'introduire en Bourse, selon Bloomberg pour tirer parti de l'augmentation des dépenses de défense des gouvernements européens.
Plus connu sous son acronyme "CSG", ce groupe de défense basé à Prague et spécialisé dans les munitions lourdes et les véhicules de combat serait proche de désigner ses banques conseils pour piloter cette opération, ont rapporté à Bloomberg des sources proches du dossier..
Un changement de dimension
Selon ces mêmes sources, CSG compte faire son entrée à la Bourse d'Amsterdam et envisagerait aussi une cotation secondaire à Prague, tout en visant une valorisation de 30 milliards d'euros.
L'agence ajoute, toujours sur la base de ces sources, qu'aucune décision définitive n'a été prise puisque les "discussions en sont encore à un stade précoce et la société pourrait décider de ne pas procéder à une introduction en Bourse". Contacté par Bloomberg, un porte-parole de CSG a refusé de commenter ces informations.
Fondé en 1995, CSG est devenue l'une des entreprises non-cotées les plus puissantes en Europe dans le domaine de la défense. Le groupe fabrique des véhicules tout-terrain lourds, des radars, des systèmes de contrôle du trafic aérien, des munitions de tous calibres et même des montres-bracelets de luxe. L'an dernier, cette société a racheté le fabricant américain de munitions Kinetic Group pour plus de 2 milliards de dollars.
Toujours en 2024, CSG a vu son chiffre d'affaires plus que doubler sur un an, atteignant 4 milliards d'euros, contre 1,7 milliard d'euros en 2023. Sur une base pro-forma, les ventes à l'OTAN et l'Ukraine ont représenté 94,1% des revenus 2024 de la société tchèque, selon son rapport annuel 2024.
Dans ce document, l'entreprise rappelle avoir fourni l'an dernier, un million d'unités de munitions d'artillerie à l'Ukraine, dont une partie dans le cadre de "l'Initiative tchèque pour les munitions" un projet du gouvernement tchèque visant à soutenir l'approvisionnement en munitions de l'Ukraine.
"L'Europe traverse une période charnière où l'industrie de la défense n'est plus seulement un secteur économique, mais un pilier de notre souveraineté et de notre sécurité. L'augmentation spectaculaire des dépenses de défense à travers le continent reflète une prise de conscience claire de cette réalité, et les résultats records enregistrés par CSG en 2024 prouvent que nous sommes prêts à relever ce défi historique", a déclaré son propriétaire Michal Strnad.
KDNS en lice pour la Bourse de Francfort
CSG n'est d'ailleurs pas la seule entreprise du secteur à viser une cotation en Bourse, avec la hausse à venir des dépenses militaires. En février dernier, Reuters avait rapporté que le constructeur franco-allemand de chars KNDS envisageait de faire son entrée à la Bourse de Francfort à fin de l'année 2025 ou en 2026.
Une place boursière où sont déjà cotés Rheinmetall, qui fabrique des chars, des munitions et d'autres équipements militaires ou Hensoldt, qui fournit des solutions d'optronique, des capteurs et de l'électronique et dont les titres ont progressé respectivement de 180% et 166% en 2025.
Il faut dire que depuis le début de l'année 2025, plusieurs dirigeants européens ont effectué des déclarations prônant davantage de dépenses de défense sur le Vieux Continent. Sous la pression des États-Unis, qui sont désormais bien moins enclins à assurer la sécurité du Vieux Contient, l'Europe a décidé de se réarmer. L'Allemagne a par exemple annoncé des centaines de milliards d'euros d'investissement dans la défense.
En juin, les pays membres de l'Otan (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) se sont même engagés à investir 5% par an de leur PIB dans les dépenses de défense d'ici à 2035, contre une précédente cible de 2% "Nous estimons que cet objectif de 5% d'ici à 2035 pourrait représenter une augmentation annuelle d'environ 2.000 milliards de dollars des dépenses de défense de l'Otan, soit un taux de croissance annuel moyen d'environ 8% entre 2024 et 2035", calculait Royal Bank of Canada.
Un pays est cependant bien en avance sur ses homologues européens, motivé par le conflit ukrainien qui est à ses portes. Depuis début 2022 et l'éclatement de ce conflit, la Pologne est devenu un acteur émergent de la défense européenne puisqu'il consacre plus de 4% de son PIB aux dépenses militaires, se faisant le meilleur élève de l'Otan.
Varsovie a récemment décidé de se lancer dans la production de chars d'assaut pour renforcer son industrie d'armement. Léo Péria-Peigné, chercheur au Centre des études de sécurité de l'Institut français des relations internationales (Ifri), déclarait d'ailleurs en mai à BFM Business que la Pologne avait lancé "une réelle montée en compétences" de son industrie de défense, avec pour objectif de produire "en grande quantité à moyen terme".