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Accor : Après la disparition de la SPAC d'Accor, vers une vague de liquidations en 2023?

samedi 27 mai 2023 à 07h00
Les SPAC suscitent moins d’intérêt

(BFM Bourse) - Vedettes des années en 2020 et 2021, les sociétés dites "chèques en blanc" ont beaucoup moins la cote. Les annonces de liquidations de SPAC commencent à voir le jour, faute d'acquisitions correspondant à leurs critères. C'est donc l'heure de vérité pour ces véhicules d'investissement, deux ans après l'euphorie qui a gagné ce marché.

Même les cadors de la cote parisienne peuvent se casser les dents sur un retournement de marché. Accor l’a appris à ses dépens. Deux ans après sa création, la SPAC Accor Acquisition Company soutenue par le géant français de l’hôtellerie va être dissoute faute d’avoir trouvé de cibles correspondant à ses critères.

Lancée au printemps 2021, la "coquille vide" d’Accor s'était donnée deux ans pour trouver sa cible à acquérir, après avoir levé 300 millions d'euros auprès d’investisseurs dont les banques américaines JP Morgan et Goldman Sachs.

Accor avait été séduit par cette voie alternative vers la Bourse qui a tenté un nombre grandissant de candidats notamment pendant les années 2020-2021. Derrière cet acronyme barbare qu’est la SPAC, se cache une société sans activité opérationnelle qui lève des fonds en Bourse avec pour seul objectif de réaliser une ou des acquisitions. Une coquille vide qui s'introduit en amont en Bourse sur la base d'une documentation succincte -pas d'activité ou de résultats à présenter- en demandant aux investisseurs une sorte de chèque en blanc.

Dans le cas d’Accor, la SPAC Accor Acquisition Company devait permettre au géant de l’hôtellerie de monter en puissance dans sa stratégie de diversification de ses activités avec le rachat de sociétés présentes dans la restauration, le bien-être, le flex office (bureau partagé), le divertissement et l'événementiel, ainsi que les technologies liées à l'hôtellerie.

La SPAC avait identifié pas moins de 120 cibles et avait même engagé des "discussions poussées" avec une vingtaine d'entre elles, rapporte une source citée par Les Echos. Or, de l’aveu d’Accor la tâche était plus compliquée que prévu, devant des conditions de marché peu favorables, un intérêt moins marqué pour le modèle de la SPAC ou alors les sociétés ciblées étaient jugées trop peu matures en vue d’une introduction en Bourse, ajoute cette source aux Echos.

"La chaussure était trop grande"

"Nous n'avons pas trouvé de chaussure à notre pied, en tout cas la chaussure était trop grande ou trop chère", a annoncé le PDG d'Accor Sébastien Bazin, le 17 mai devant les actionnaires du groupe réunis en Assemblée générale.

Devant ce constat d’échec, Accor Acquisition Company a décidé de mettre un terme à l’aventure et de ne pas demander une prolongation de six mois. Les fonds seront rendus aux investisseurs par le biais du rachat de l'ensemble des actions de la SPAC dont la disparition est programmée le 30 juin prochain.

Cette annonce fait suite à l’annonce en avril dernier de la liquidation de Pegasus Europe, la plus grande SPAC d’Europe, soutenue notamment par Bernard Arnault. Cette dernière sera liquidée en juillet prochain faute, elle-aussi, d'avoir trouvé d'entreprises à acquérir avant la date limite du 3 mai 2023, telle que définie dans le prospectus d'introduction en Bourse de la société.

Le temps tourne donc à l'orage pour les SPAC. "Après un succès phénoménal en 2021, notamment aux Etats-Unis, où plus de 160 milliards de dollars ont été levés, 2022 a affiché de mauvaises performances boursières" expliquait Thomas Hornus associé chez EuroLand Corporate début janvier. "La plupart des SPAC cotées en Bourse qui ont réalisé des opérations ont pour la plupart disparu, l'indice De-SPAC, un panier d'anciennes sociétés chèques en blanc cotées en Bourse, ayant chuté de 67% en 2022" rappelle de son côté Bloomberg.

Pour un autre spécialiste, le marché a été abreuvé de projets trop rapidement, portés par un environnement de taux négatifs, où il y avait beaucoup moins d’investissements intéressants qu’aujourd’hui. "On est monté à une trentaine de SPAC par semaine outre-Atlantique en 2021. Cette année-là, 70% des projets d'introductions en Bourse étaient des SPAC, représentant plus de 150 milliards d'euros de volume et plus 600 SPAC aux Etats-Unis au total sur l'année", explique Pierre Troussel, coresponsable des marchés de capitaux actions France, Belgique et Luxembourg à la Société Générale dans un entretien accordé à La Tribune.

Il ajoute que certains sponsors ont même "industrialisé" le recours à cet instrument en créant cinq, six ou sept sociétés en même temps lorsque le phénomène était en vogue. "Alors forcément, aujourd'hui, ça ne donne pas confiance pour investir dans ce genre de véhicule et encore moins pour rester investi une fois l'entreprise rachetée", poursuit le spécialiste. Et faute d’un nombre suffisant de cibles de qualité pour autant de SPAC lancées en si peu de temps, les liquidations étaient donc inévitables, provoquant la désaffection du marché pour ces véhicules d’investissement.

Pour les SPAC qui ont émergé en 2021, l’heure des comptes est désormais venu. L’horloge tourne et celles qui n’ont pas fait acte de se rapprocher d’une autre société vont probablement connaitre un funeste dessein dès cette année.

"De nombreuses échéances sont prévues cette année pour les SPAC cotées en 2021, mais compte tenu la volatilité persistante sur les marchés financiers, les acquisitions seront plus difficiles à réaliser", rappelle de son côté Pitchbook qui a recensé 791 entreprises introduites en Bourse en 2021 via des SPAC. Mais seulement 467 d'entre elles ont réalisé des acquisitions depuis. Qui plus est, la majorité de ces acquisitions ont été réalisées dès 2021.

Après l’éclatement de la bulle, le retour à la raison?

Les prochaines disparitions d' Accor Acquisition Company et de Pegasus Europe ne sont pas des cas isolés, les liquidations de SPAC ont en effet déjà augmenté au cours des derniers mois. Près de 30 milliards de dollars provenant de sociétés dites "en blanc" ont déjà été restitués aux investisseurs depuis le début de l’année, rapporte On The Money citant des données compilées par SPACInsider. "Entre le plafond de la dette et les faillites bancaires, le début de l'année a été difficile", a déclaré Kristi Marvin, fondatrice et PDG de SPACInsider, à On The Money. "Tout a été paralysé. Il est vraiment difficile de conclure une transaction aujourd'hui, quelle que soit la manière dont on l'envisage".

Cette vague de liquidations est-elle annonciatrice de la mort des SPAC? Non, tempère Pierre Troussel, qui avance qu’il s’agit simplement d'une correction, et d'un "retour à la normale" d'un marché qui ne pouvait pas absorber autant de projets. Pour qu'il se pérennise durablement, le spécialiste insiste sur une utilisation raisonnable de cet instrument de sorte à ce que les SPAC "puissent cibler des sociétés à acheter qui soient créatrices de valeur", en vue de tirer leur valorisation "vers le haut après la conclusion des projets de rapprochement, et plus largement dans la durée".

Un constat partagé par Thomas Hornus. Selon lui, le marché des SPAC pourrait redevenir attrayant à condition de redonner confiance aux investisseurs en "réalisant leur IPO (introduction en Bourse, NDLR) sur une valorisation cohérente avec leur projet" mais aussi en "identifiant plus en amont les potentielles cibles à acquérir". La dernière condition pour restaurer la confiance des investisseurs est que ces SPAC payent la ou les cibles visée(s) au "juste prix".

Sabrina Sadgui - ©2025 BFM Bourse
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