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Avec la liquidation de Pegasus, la fête est-elle définitivement finie pour les SPAC?

mercredi 12 avril 2023 à 10h07
Les Spac ont moins la cote

(BFM Bourse) - Créées il y a près de 30 ans, les SPAC ont connu un regain de popularité en 2020 et 2021. Mais voici que trois ans après le début de l'euphorie sur ces sociétés dites "chèques en blanc", le temps tourne désormais à l'orage… Pegasus Europe, la plus grosse SPAC d'Europe soutenue notamment par Bernard Arnault va être liquidée cet été.

C'est une voie alternative vers la Bourse qui a tenté un nombre grandissant de candidats: les SPAC, ou "Special-Purpose Acquisition Company" pendant la pandémie. Le boom des SPAC a permis à tout un vaste échantillon de sociétés d'arriver directement sur le marché boursier sans avoir à se soumettre au processus lourd et complexe d'une introduction (IPO) classique.

Derrière cet acronyme qui peut paraître barbare se cache une société sans activité opérationnelle qui lève des fonds en Bourse avec pour seul objectif de réaliser une ou des acquisitions. Une coquille vide qui s'introduit en amont en Bourse sur la base d'une documentation succincte -pas d'activité ou de résultats à présenter- en demandant aux investisseurs une sorte de chèque en blanc.

Seule promesse: utiliser les fonds levés pour acquérir en retour une entreprise non cotée. Une fois l'opération bouclée, une SPAC se rebaptise du nom de la société acquise, laquelle met la main sur les fonds levés, et le tour est joué. L’envolée des marchés boursiers post-pandémie a redonné une seconde jeunesse à ces véhicules d’investissement si singuliers.

Mais une fois introduites, ces sociétés ont un délai bien précis pour procéder à des acquisitions, sans quoi la SPAC sera liquidée. Pegasus Europe, la SPAC soutenue par le milliardaire français Bernard Arnault, l'ex-PDG de la banque italienne Unicredit Jean-Pierre Mustier et Tikehau Capital, va connaître ce funeste destin. Cette dernière sera liquidée en juillet prochain faute d'avoir trouvé d'entreprises à acquérir avant la date limite du 3 mai 2023, telle que définie dans le prospectus d'introduction en Bourse de la société. Introduite au printemps 2021 à la Bourse d'Amsterdam, la "coquille vide" de Pegasus Europe s'était donnée deux ans pour trouver sa cible à acquérir, après avoir levé 484 millions d'euros.

Un nombre important de liquidations

"Après un succès phénoménal en 2021, notamment aux Etats-Unis, où plus de 160 milliards de dollars ont été levés, 2022 a affiché de mauvaises performances boursières et un nombre important de liquidations faute de projets d’acquisition validés dans les délais, réduisant l’intérêt des investisseurs pour les SPAC", expliquait de son côté Thomas Hornus associé chez EuroLand Corporate début janvier.

Cet état de fait remet en cause toute l'essence même de l'existence d'une SPAC. Ces sociétés bien particulières disposent en effet d'un temps donné pour se prononcer sur une opportunité d'acquisition, qui doit être approuvée par l'assemblée des actionnaires ou le conseil d’administration de la SPAC. "Si le projet est refusé, les sponsors poursuivent leur recherche dans le délai de 24 mois. Si l’opération est réalisée dans ce délai, la SPAC devient une société cotée comme une autre. A défaut de réalisation de l’opération, la SPAC est liquidée" rappelle Thomas Hornus.

D'ailleurs, les SPAC cotées en France sur le marché réglementé d’Euronext "s’adressent principalement aux investisseurs qualifiés qui disposent des connaissances nécessaires pour évaluer le montage proposé" ajoute le spécialiste.

Source EuroLand Corporate

"La plupart des SPAC cotées en Bourse qui ont réalisé des opérations ont pour la plupart disparu, l'indice De-SPAC, un panier d'anciennes sociétés chèques en blanc cotées en Bourse, ayant chuté de 67% l'année dernière" rappelle de son côté Bloomberg. Et selon les données compilées par Barchart, plus d'une dizaine d'entreprises issues d'une fusion avec une SPAC ont ainsi perdu au moins 80% de leur valeur en Bourse depuis leurs sommets.

Pour Thomas Hornus, le marché des SPAC pourrait redevenir attrayant à condition de redonner confiance aux investisseurs en "réalisant leur IPO (introduction en Bourse, NDLR) sur une valorisation cohérente avec leur projet" mais aussi en "identifiant plus en amont les potentielles cibles à acquérir". La dernière condition pour restaurer la confiance des investisseurs est que ces SPAC payent, la ou les cibles visée(s) au "juste prix".

Sabrina Sadgui - ©2025 BFM Bourse
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