(BFM Bourse) - Proche de ses plus bas en Bourse, après deux années de forte baisse en 2017 et 2018, la société a annoncé jeudi avoir bouclé avec succès une étude clinique de phase 3 testant l'efficacité de sa molécule phare masitinib dans une forme d'asthme particulièrement sévère.

Un succès clinique bienvenu pour la biotech AB Science, dont le cours est descendu en début de semaine jusqu'à 3,22 euros, non loin du plus-bas historique du titre -tout juste supérieur à 3 euros- qui avait été touché fin 2018 à la suite notamment d'un nouveau refus par l'autorité européenne du médicament d'homologuer sa molécule phare masitinib en tant que traitement de la maladie de Charcot (ou sclérose latérale amyotrophique). L'entreprise a fait état jeudi soir de la réussite d'un essai sur cette même molécule, qui a la propriété d'agir sur deux types de cellules essentielles du système immunitaire (les mastocytes et les macrophages) et qu'AB Science estime potentiellement utile dans un grand nombre de pathologies: en l'occurrence l'asthme.

Dans une étude de phase 3 portant sur 355 patients au départ, avec une période de traitement de 36 mois, le le masitinib administré oralement dans le traitement de l’asthme sévère non contrôlé par les corticoïdes oraux (la forme la plus grave de cette maladie inflammatoire) a permis une diminution du taux d'exacerbation de l'asthme sévère, c’est-à-dire le nombre d’exacerbations de l’asthme sévère divisé par le temps passé sous traitement durant toute la durée du protocole, par rapport aux patients n'ayant reçu qu'un placebo.

À ce stade, la firme n'a pas détaillé plus avant les résultats de l'étude, lesquels "seront présentés lors d’un prochain congrès scientifique" (en fonction du mode de présentation, certains congrès exigent la primeur des données).

Néanmoins, le docteur Jean-Pierre Kinet, co-président du comité scientifique d'AB Science, a assuré que ces résultats dans l'asthme s’appuyaient sur une solide base scientifique. "En effet, le masitinib est un inhibiteur puissant et sélectif des mastocytes, et il est bien établi que les mastocytes jouent un rôle important dans l'asthme, non seulement dans la réaction d'hypersensibilité immédiate et la phase d’inflammation tardive, mais également dans le remodelage des tissus des voies respiratoires", a-t-il expliqué.

L'autre co-président du comité scientifique, Olivier Hermine (membre de l'Académie des Sciences) a souligné que ce essai marquait "la première étude à grande échelle positive dans l’asthme sévère avec un inhibiteur de tyrosine kinase, qui offre une alternative aux anticorps monoclonaux administrés par voie intraveineuse".

Une seconde étude de phase 3 avec la molécule est en cours dans l’asthme, avec des personnes présentant un asthme sévère non contrôlé par des corticostéroïdes inhalés et avec niveau élevé d’éosinophilie (présence dans le sang d'un grand nombre d'un type de globules blancs, impliqués dans les phénomènes d'allergie, appelés éosinophiles).