(BFM Bourse) - Les actionnaires ont largement approuvé lors d'une assemblée générale, l'ensemble des résolutions permettant cette séparation en quatre.
La séparation en quatre de Vivendi a reçu le feu vert des actionnaires. Réunis en Assemblée générale mixte ce lundi, les porteurs ont approuvé à plus de 97% les trois résolutions permettant de mettre en œuvre ce projet.
Vivendi se séparera en quatre: Canal+ sera coté à Londres, Havas à Amsterdam et Louis Hachette Group à Paris sur le compartiment Euronext Growth, celui des petites capitalisations. Il restera dans Vivendi le groupe de jeux vidéo Gameloft ainsi que des participations minoritaires, notamment celle de 9,98% dans la maison de disques Universal Music Group.
Les premières cotations des trois sociétés (Havas, Canal+, Louis Hachette) doit intervenir le 16 décembre.
Décote de conglomérat
Lors de l'Assemblée générale, le président du conseil de surveillance de Vivendi, Yannick Bolloré a rappelé la genèse du projet: séparer en quatre la société pour réduire la lourde décote de conglomérat. Fin 2023, avant que le groupe annonce son projet de scission, cette décote représentait 45%, selon Barclays.
En cotant Canal+, Havas et Louis Hachette à part, Vivendi entend obtenir des multiples de valorisations plus généreux pour chaque entité et donc créer de la valeur pour ses actionnaires, au premier rang desquels le groupe Bolloré. Vivendi avait très bien réussi le coup en 2021 en introduisant en Bourse Universal Music Group, à Amsterdam. La maison de disques pèse aujourd'hui 42 milliards d'euros en Bourse.
La décision de coter Canal+ à Londres et Havas à Amsterdam a toutefois pu faire grincer quelques dents, comme celles des investisseurs Phitrust et CIAM, qui jugent qu'elle ne créera pas de valeur. Ce, car les trois nouvelles sociétés en Bourse (Canal+ à Londres, Havas à Amsterdam et Louis Hachette Group sur Euronext Growth) seraient cotées sur des marchés où Groupe Bolloré (qui détient actuellement un peu moins de 30% de Vivendi) pourra augmenter son emprise sans avoir à lancer d'offre publique, ont expliqué Phitrust et Ciam.
"Canal+ restera une société de droit français, mais cotée sur le LSE. La société ne se trouvera ni soumise au seuil règlementaire de 30% pour le déclenchement d’une offre publique obligatoire, ni à la règlementation britannique, le Takeover Code ne s’appliquant pas aux sociétés constituées en dehors du Royaume-Uni", avait indiqué Phitrust dans un communiqué.
"Havas deviendra une société néerlandaise. Havas N.V. détiendra Havas S.A.S. dont une stichting (fondation) empêchera toute prise de contrôle hostile ; des actions de préférence avec droits de vote supplémentaires (1 pour 2 et 1 pour 4) pourront être accordées. Ce montage permet le contrôle d’Havas par le groupe Bolloré tout en rendant inopérante toute offre publique sur le capital" avait poursuivi Phitrust.
Louis Hachette sera de son côté coté sur Euronext Growth, marché sur lequel le seuil de lancement d'une OPA (Offre publique d'achat) est relevé à 50%.
Tensions lors de l'assemblée générale
L'assemblée générale a été le théâtre d'une passe d'armes entre Catherine Berjal, une des dirigeantes de CIAM, et Yannick Bolloré. Catherine Berjal a fustigé une opération "très belle sur le papier" mais qui ne règlera pas le problème de la décote de conglomérat et qui "ne profitera qu'au Groupe Bolloré", qui possède actuellement un peu moins de 30% du capital de Vivendi, pourra renforcer son contrôle son contrôle "à vil prix".
"Nous autres actionnaires nous sommes perdants. Tous les actionnaires à qui nous avons parlé nous ont dit s'être fait avoir et être mécontents(…) 'on va prendre des miettes plutôt que de rien prendre car c'est ça ou rien ", a ajouté Catherine Berjal. Elle a également accusé la société de "contourner la loi".
"Je comprends tout ce que vous dites, après je ne suis pas d'accord. Cette opération va mécaniquement réduire les décotes", a répondu Yannick Bolloré. Le dirigeant également rappelé que Groupe Bolloré ne détenait que 29,9% de Vivendi et a ainsi réfuté le fait que que le groupe puisse contrôler ses actionnaires. "Vous en êtes la preuve",a-t-il déclaré, se tournant vers Catherine Berjal. "Si le Groupe Bolloré voulait vraiment prendre le contrôle de Vivendi à vil prix ce n'est pas cette stratégie qu'il aurait choisie car cette opération" va faire monter les cours, a-t-il ajouté.
Yannick Bolloré a défendu chaque place de cotation. Pour Canal+, l'introduction à la Bourse de Londres doit refléter les ambitions internationales de la chaîne cryptée, alors que ses deux-tiers "sont en dehors de France", a affirmé le dirigeant.
Pour Havas, le choix d'Amsterdam s'explique par la volonté de mettre en place une fondation de droit néerlandais qui pérennise l'indépendance de l'entreprise face à des potentielles offres publiques d'achat hostiles en rendant "très compliquée" une opération de ce type, a poursuivi Yannick Bolloré.
Après l'annonce du projet Vivendi de se séparer en plusieurs sociétés, en décembre 2023, "on a reçu beaucoup de messages inquiets de la part de collaborateurs et de certains clients de Havas sur le fait qu'Havas puisse être l'objet d'une OPA hostile", a-t-il poursuivi.
Arnaud de Puyfontaine, le président du directoire de Vivendi a lui réfuté le fait que l'opération violerait le droit, notamment car elle a reçu le feu vert des autorités boursières françaises, britanniques et néerlandaises.
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