(BFM Bourse) - Le fonds Bluebell Capital a demandé à l'AMF de se pencher sur les modalités de la distribution, par Vivendi, de 60% de sa filiale Universal Music Group à ses actionnaires, pointant un manque d'informations au marché de la part du groupe contrôlé par Vincent Bolloré.
Après Danone, où il a réussi à faire évincer l'ancien PDG Emmanuel Faber avec l'appui de la société d'investissement Artisan Partners, le fonds activiste Bluebell s'en prend au géant des médias et du divertissement Vivendi dont il est actionnaire très minoritaire et à qui il reproche un manque de transparence dans la scission de sa filiale Universal Music Group (UMG). Bluebell a ainsi demandé à l'AMF d'examiner les informations communiquées par Vivendi lors de la scission de 60% du capital de sa filiale à ses actionnaires, estimant que le groupe de médias et de divertissement n'a pas révélé certains termes clés de l'opération.
Dans une lettre adressée au gendarme boursier que BFM Business a pu consulter, le fonds reproche notamment à Vivendi d'avoir communiqué tardivement (le 12 mai dernier) les modalités de cette distribution en nature. Il pointe également du doigt l'insistance du groupe à effectuer certaines opérations préparatoires -la fusion de Universal Music Group, Inc. avec Universal International Music B.V, appelée "opération d'apport".
"Nous nous interrogeons sur la décision de Vivendi de ne pas attendre l'approbation des actionnaires sur la distribution en nature proposée avant de réaliser les opérations d'apport, au vu de l'ampleur de l'apport (33 milliards d'euros de valeur nette) et des conséquences matérielles irréversibles qu'elle a créées (comptables, fiscales et financières).
Cette valorisation de 33 milliards d'euros "résulte de travaux d'expertise financière menés par le cabinet PwC et confirmés par le cabinet EY" indiquait Vivendi en mai, soit 3 milliards de plus que la valorisation retenue pour la cession, en deux tranches de 10%, du capital d'UMG au chinois Tencent en 2020. Toujours selon le groupe, à la date du présent rapport, 60% du capital et des droits de vote d’UMG était ainsi évalué à 19,8 milliards d’euros. À noter que les 33 milliards susmentionnés sont tout juste inférieurs à la capitalisation actuelle de Vivendi (environ 34,5 milliards d'euros), ce qui implique une valorisation quasi-nulle pour le reste des activités du groupe (Canal+, Havas, Editis, Gameloft, etc.).
Bluebell demande ainsi au gendarme boursier d'évaluer la situation et de prendre les mesures correctives appropriées pour s'assurer que les actionnaires de Vivendi reçoivent une information "suffisante" avant une assemblée générale prévue le 22 juin. Le fonds avait par ailleurs exhorté la semaine dernière Vivendi à améliorer les conditions financières de la scission d'UMG, via la distribution d'un dividende exceptionnel en espèces de 3 milliards d'euros.
Car le fonds -ainsi que d'autres actionnaires minoritaires affirme Marco Taricco, l'un de ses principaux dirigeants- soupçonnent Vincent Bolloré de vouloir utiliser ce cash pour prendre le contrôle de Vivendi, dont le groupe Bolloré détient aujourd'hui environ 27%, via un vaste programme de rachat d'actions. Une méthode déjà éprouvée lors de l'absorption d'Havas en 2017.
Vincent Bolloré sera de fait le premier bénéficiaire de la distribution du capital d'UMG aux actionnaires de Vivendi, et devrait récupérer 6,6 milliards d'euros dans l'opération. Et le groupe du milliardaire breton a affirmé à maintes reprises qu'il utiliserait ces ressources pour financer des acquisitions mais qu'il comptait en rendre une partie à ses actionnaires sous la forme de rachats d'actions. Dans l’avis de convocation à l’assemblée générale du 22 juin qui doit se prononcer sur l'opération, Vivendi précise que cette possible offre publique de rachats d’actions pourrait porter au maximum sur 50% du capital de Vivendi, à un prix de 29 euros par action.
Le titre s'échange ce jeudi à 29 euros tout pile, en repli de 2,1% (plus forte baisse du CAC) après les critiques émises par Bluebell.
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