PARIS (Reuters) - Moscou a retenu l'offre du consortium formé par le groupe français DCNS, les chantiers STX et les chantiers navals russes OSK pour construire deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) pour la marine russe, ont annoncé vendredi les présidences française et russe.

La Russie dispose d'une option pour deux navires supplémentaires, dit un communiqué commun. Ces BPC, des porte-hélicoptères, sont de la classe surnommée Mistral dans la marine française.

La présidence française n'a pas souhaité s'exprimer sur les montants en jeu. Le coût unitaire d'un BPC de classe Mistral est souvent estimé entre 400 et 500 millions d'euros.

"L'offre du consortium prévoit dans un premier temps la construction en commun de deux navires de ce type, qui devrait être prolongée par la fabrication de deux unités supplémentaires", lit-on dans le communiqué émis par l'Elysée.

La construction des BPC pour la Russie représentera pour les industriels français DCNS et STX l'équivalent de cinq millions d'heures de travail ou 1.000 personnes pendant quatre ans, en majorité à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), poursuit le texte.

Les précédentes informations sur ce dossier laissaient entendre que les deux autres navires seraient fabriqués en Russie, avec des transferts de technologie, mais le communiqué n'évoque pas cette question.

HÉLICOPTÈRES OU CHARS

Au coeur de ce contrat négocié depuis longtemps par les deux pays figure la question très sensible de l'armement des navires.

Le BPC, de près de 200 mètres de long et 21.300 tonnes, peut embarquer jusqu'à 16 hélicoptères et quatre chalands de transport de matériel ou deux engins de débarquement ainsi que 900 hommes.

Il peut également transporter une quarantaine de chars lourds et accueillir un poste de commandement capable de conduire de la mer une opération interarmées d'ampleur limitée.

Ces caractéristiques ont inquiété les anciennes républiques de l'Union soviétique, telles que la Géorgie, cible d'une intervention militaire russe en 2008, ou les pays baltes, ainsi que les Etats-Unis. Ce serait la première fois qu'un pays de l'Otan vend du matériel militaire sensible à la Russie.

Le président Medvedev et le président Sarkozy, lit-on dans le communiqué commun, "se félicitent de la concrétisation de cette coopération sans précédent, qui bénéficiera à l'industrie et à l'emploi dans nos deux pays, et qui illustre la volonté et la capacité de la France et de la Russie de développer des partenariats d'envergure dans tous les domaines, y compris celui de la défense et de la sécurité".

Le groupe DCNS est contrôlé à 75% par l'Etat français et à 25% par le spécialiste de l'électronique de défense Thales. STX France, propriétaire des Chantiers de l'Atlantique de Saint-Nazaire, est détenu pour deux tiers par le groupe sud-coréen STX et à un tiers par l'Etat français.

Jean-Baptiste Vey, édité par Gilles Trequesser

Copyright © 2010 Thomson Reuters