par Tim Hepher
PARIS (Reuters) - L'Etat soutient la candidature de Luc Vigneron, l'actuel président de Nexter (ex-Giat), à la présidence de Thales et sa nomination devrait, sauf surprise de dernière minute, intervenir mardi après l'assemblée générale du spécialiste de l'électronique de défense.
Les services du Premier ministre ont annoncé jeudi soir dans un communiqué que "la candidature de M. Vigneron sera proposée pour les fonctions de président directeur général du groupe Thales le 19 mai prochain, à l'issue de l'assemblée générale", ajoutant que cette proposition était faite "en accord avec Alcatel-Lucent et Dassault Aviation", tous deux actionnaires du groupe.
La direction de Dassault s'est toutefois refusé à tout commentaire vendredi.
"L'Etat est confiant dans la capacité de M. Vigneron, qui dispose d'une expérience industrielle reconnue, à poursuivre le développement du groupe Thales dans le cadre d'une gouvernance renouvelée", indique le communiqué de Matignon.
Dassault Aviation et Alcatel ont signé en décembre un accord définitif prévoyant la reprise par le constructeur aéronautique des 21% du capital de Thales détenus par l'équipementier télécoms. Grâce à cette opération, Dassault devient le deuxième actionnaire de référence de la société avec un peu plus de 26% du capital derrière l'Etat, qui en contrôle 27,05%.
Le 5 mai dernier, Alcatel a qualifié d'"imminente" la vente de sa participation pour 1,6 milliard d'euros.
Des sources proches du dossier ont néanmoins évoqué la volonté, de longue date, de Dassault de remplacer le P-DG de Thales, Denis Ranque. Certaines sources ont affirmé que le constructeur et l'Etat s'étaient même opposés sur le nom du futur dirigeant, chacun mettant en avant son propre candidat.
Selon l'édition de vendredi des Echos, le "comité de sélection du conseil d'administration" de Thales a fragilisé la candidature de Luc Vigneron.
TRANSFORMATION
Ses membres restent divisés, écrit le quotidien économique, citant des sources concordantes, et n'ont pas pu rendre d'avis à moins de cinq jours de l'assemblée générale de l'entreprise.
La Tribune précise de son côté que seuls deux des six membres du comité - le représentant d'Alcatel-Lucent et celui de l'agence des participations de l'État - se sont prononcés en faveur de Luc Vigneron, et que sa candidature n'a donc pas été validée lors d'une réunion bilan mercredi en fin de journée.
Le quotidien ajoute que malgré ce rejet, l'État passera en force. "Le Csar ne donne qu'un avis, il ne nomme pas le PDG de Thales", précise une source proche du dossier citée par la Tribune. "C'est la logique actionnariale qui doit prévaloir."
Luc Vigneron dirige Nexter, la société qui assemble le char Leclerc, depuis 2001. Il était entré chez Giat en 1998 après être passé par Alcatel et par le ministère de l'Economie.
Denis Ranque a été nommé P-DG de Thales en 1998 et il avait reçu à l'époque comme ordre de mission d'orchestrer la diversification de l'entreprise et de mener à bien sa privatisation.
Dépendante de ses exportations d'armements au Moyen-Orient, l'ex-Thomson-CSF est devenue Thales, une société positionnée sur le militaire comme sur le civil, capable de fournir aussi bien des systèmes de défense complexes que des technologies pour les secteurs aéronautique et ferroviaire.
L'arrivée de Dassault Aviation au tour de table devrait néanmoins ouvrir une nouvelle ère dans l'histoire de l'entreprise. Le groupe de Saint-Cloud négocie actuellement sa représentation au conseil d'administration et l'assemblée générale de mardi devrait s'inscrire comme une étape majeure.
Thales a publié jeudi un chiffre d'affaires stable au titre du premier trimestre et confirmé ses objectifs 2009 mais ses prises de commandes ont reculé de 22% sur la période janvier-mars .
Vers 17h00, l'action Thales reculait de 0,49% à 31,74 euros à la Bourse de Paris. Elle progresse de près de 7% depuis le 1er janvier après avoir effacé près de 27% en 2008.
Avec la contribution de Marc Angrand, Gilles Guillaume et Matthias Blamont, édité par Jean-Michel Bélot
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