par Matthias Blamont

SAINT-MALO (Ille-et-Vilaine) (Reuters) - DCNS, contrôlé à 25% par le spécialiste de l'électronique de défense et de sécurité Thales et à 75% par l'Etat, vise une marge opérationnelle comprise entre 5 et 6% pour 2008 contre 5,4% antérieurement, déclare Jean-Marie Poimboeuf, son P-DG.

Le dirigeant a également indiqué que les efforts du groupe de construction navale en vue de devenir un acteur important du secteur nucléaire civil se poursuivaient de manière "constructive."

"Nous pensons atteindre une marge de 5 à 6%. Nous n'avons pas, à l'instant où je vous parle, de raison de penser que nos résultats annuels vont s'écarter des prévisions budgétaires. Je maintiens ces prévisions, tant en ce qui concerne l'activité que la marge", a-t-il dit au cours d'une interview accordée à Reuters en marge de la sixième université d'été de la défense à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).

Le 17 janvier, Jean-Marie Poimboeuf avait affirmé devant la presse que la marge 2008 se situerait à 5,4%.

Le groupe espère dégager un chiffre d'affaires de 2,6 milliards d'euros cette année et enregistrer un total de commandes de 3,2 milliards. En 2007, les ventes de DCNS s'étaient établies à 2,82 milliards d'euros pour une marge de 7,2%, à comparer à 7,9% en 2006.

"Cela étant dit, le montant des commandes dépendra beaucoup des négociations que nous menons actuellement avec la Bulgarie (pays auquel DCNS espère livrer deux frégates de type Gowind, ndlr). Il n'est pas certain que nous finaliserons cette négociation avant la fin de l'année et si nous ne la finalisons pas, cette commande sera reportée sur les comptes de 2009", a souligné Jean-Marie Poimboeuf.

"AUX CÔTÉS D'AREVA ET D'EDF"

Interrogé sur l'avancée de ses projets dans le nucléaire civil, le P-DG a répondu : "Je suis assez confiant pour que dès cette année, nous ayons un volume de prises de commandes, certes modeste, de quelque 10 millions d'euros. Pour une première année 'de test' dans ce domaine, ce serait tout à fait encourageant."

A moyen terme, la société espère que ce créneau générera un chiffre d'affaires de plusieurs centaines de millions d'euros par an.

"Nous voulons travailler avec Areva et EDF afin de leur fournir des services dans l'ingénierie et des éléments dans les chaufferies nucléaires", a plaidé Jean-Marie Poimboeuf.

Le P-DG, également président du groupement industriel des constructions et armements navals (Gican), a ajouté que le niveau de trésorerie de son entreprise (981 millions d'euros au 31 décembre 2007) "se maintenait" mais que DCNS n'avait pas de projet de croissance externe pour le moment.

"A nous de nous préparer à être moins dépendants de l'Etat. C'est la politique que nous avons engagée avec l'internationalisation, en nouant des relations industrielles de long terme avec des pays comme l'Inde, Singapour, la Malaisie, l'Arabie saoudite, le Brésil ou le Chili. Il y a aussi le nucléaire civil en tant que soutien des maîtres d'oeuvre et un troisième axe: la valorisation de notre savoir-faire dans les services comme la maintenance."

En vertu des accords passés entre l'Etat et Thales, ce dernier à la possibilité de monter à 35% de DCNS entre avril 2009 et 2012. Thales ne devrait toutefois prendre sa décision qu'à l'aune de la prochaine loi de programmation militaire, laquelle rendra des arbitrages concrets sur les commandes par la Marine nationale de Frégates multi-missions FREMM et de sous-marins nucléaires d'attaque Barracuda.

Matthias Blamont, édité par Jacques Poznanski

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