(BFM Bourse) - Les deux groupes audiovisuels reculent à la Bourse de Paris ce mardi à la suite de la publication de leurs résultats annuels. Les deux sociétés vont se développer dans la télévision non linéaire.
Après l'échec de leur fusion il y a environ six mois, TF1 et M6 sont chahutés en Bourse ce mardi. Les deux grands groupes audiovisuels privés cotés à Paris, qui viennent de publier tous deux leurs résultats annuels, cèdent du terrain à la Bourse de Paris ce mardi, la Une perdant 5,8% vers 11h20 tandis que la Six limite davantage son son repli, à -1,4%, au même moment.
"Les résultats annuels de M6 sont supérieurs aux attentes alors que ceux de TF1 sont à peu près en ligne", estime un analyste.
"Le marché semble redouter les plans 'B' que vont mettre en place les deux chaînes après l'échec de leur fusion. L'idée serait que la stratégie de développement sur le non linéaire [le visionnage de contenus sur des plateformes numériques, à la demande et non pas en direct, NDLR] risque de coûter cher aux deux sociétés", ajoute-t-il.
Cap vers le streaming
Dans son communiqué accompagnant ses résultats annuels, M6 explique qu'après l'abandon de son projet de fusion avec TF1, le groupe de médias "finalise un projet stratégique, principalement axé sur la poursuite et l’accélération de ses projets en matière de streaming (AVOD)".
"Nous avons lancé dès 2008 nos premiers services de télévision de rattrapage avec M6 Replay, nous avons investi dans la technologie avec la société technologique Bedrock, nous réalisons déjà près de 100 millions d'euros de recettes publicitaires digitales mais nous devons amplifier notre effort", a détaillé aux Echos le président du directoire de M6, Nicolas de Tavernost. Le dirigeant évoque notamment le lancement d'un feuilleton qui représenterait un investissement de 30 millions d'euros par an en 2024.
TF1 a de son côté prévenu très tôt, dès début 2022, qu'il travaillait à un plan B, en cas d'échec de la fusion avec M6. Mardi, le groupe audiovisuel désormais dirigé par Rodolphe Belmer (ex-numéro un d'Atos,Eutelsat et Canal+) a déclaré vouloir "accélérer sur le digital", "maximiser la valeur sur la télévision linéaire" et surtout "s'imposer comme la première plateforme française de streaming gratuit". Rodolphe Belmer a néanmoins précisé aux analystes que "cette expansion digitale" se traduirait par des coûts de programmation "globalement stables".
Les revenus publicitaires de M6 ont souffert au quatrième trimestre
Au-delà des virages stratégiques pris par les deux groupes audiovisuels, TF1 et M6 ont connu un repli de leur activité en fin d'année. Les recettes publicitaires de M6 dans la télévision ont reculé de 10% au quatrième trimestre et de 5,1% sur la totalité de 2022. Sur l'ensemble de l'année, le chiffre d'affaires total de la sixième chaîne s'est replié de 2,4% à 1,36 milliard d'euros.
"Face à un effet de base défavorable, marqué par la reprise soutenue post-covid de la consommation des ménages, le marché publicitaire TV a été pénalisé en 2022 par la dégradation de l’environnement économique. Celle-ci a pesé sur les investissements publicitaires de plusieurs secteurs, qui ont notamment subi l’inflation des prix des matières premières. Enfin l’activité publicitaire TV du groupe a subi la diffusion de la Coupe du monde de football sur TF1 au dernier trimestre, qui a fortement pesé sur les investissements publicitaires des annonceurs sur les chaînes concurrentes", a détaillé M6 dans un communiqué.
TF1 a de fait mieux résisté. Sur le dernier trimestre de 2022, ses revenus publicitaires ont limité leur baisse à 1%. Le groupe audiovisuel explique qu'à périmètre constant, les recettes publicitaires du pôle média affichent même une hausse de 11 millions d'euros (+2,1%) grâce aux performances des matches de la Coupe du monde de football. "Une belle performance", a souligné un analyste devant les dirigeants du groupe lors de la conférence téléphonique.
Sur l'ensemble de 2022, les recettes publicitaires se sont établies à 1,669 milliard d'euros (-1,5% par rapport à 2021), un chiffre toutefois un peu inférieur aux attentes du consensus cité par UBS, de 1,677 milliard d'euros. Par ailleurs, grâce aux autres revenus issus de Newen Studios, le chiffre d'affaires est en progression de 3,3% sur un an à 2,508 milliards d'euros.
La marge de M6 a progressé
Reste que sur la marge opérationnelle M6 maintient son leadership. Hors aides publiques, la marge opérationnelle courante de M6 s'est établie en 2022 à 24,6% contre 23,5% en 2021. "Cette progression du taux de marge malgré une baisse du chiffre d’affaire consolidé reflète notamment la flexibilité du groupe dans la gestion de ses coûts, les synergies développées entre l’ensemble de ses antennes et la contribution de Stéphane Plaza Immobilier", société dans laquelle M6 est devenue actionnaire majoritaire l'an passé, a expliqué l'entreprise.
TF1 de son côté a vu sa marge opérationnelle courante passer de 14,1% en 2021 à 12,6% en 2022.Toutefois, le groupe avait bénéficié de crédits d'impôt exceptionnels de 29,5 millions d'euros en 2021. En retraitant cet élément exceptionnel, la marge serait quasi-stable (12,6% en 2022 donc et 12,9% en 2021, selon nos calculs).
Salto plombe les bénéfices nets
Sur la dernière ligne de compte, les deux groupes ont vu leurs bénéfices être pénalisés par l'arrêt de Salto, le défunt "Netflix" français. TF1 explique avoir essuyé des "pertes liquidatives" de 46,1 millions d'euros. Le bénéfice net s'est ainsi replié de 22% à 176,1 millions d'euros en 2022. M6 a évoqué un impact total de même ampleur que TF1 soit 46,1 millions d'euros. Son bénéfice a chuté à 166 millions d'euros au titre de 2022, contre 281 millions d'euros en 2021.
Les deux groupes vont devoir montrer leur résilience au cours d'une année 2023 qui s'annonce difficile. Dans une récente note, la banque Barclays expliquait que des annonceurs publicitaires français lui avaient fait part d'une prévision d'une baisse du marché publicitaire comprise entre 5% et 9% au premier trimestre 2023.
Interrogé par les analystes, Rodolphe Belmer, a expliqué que le premier trimestre 2023 serait "peut être un peu plus prudent" que le reste de l'année, qui aurait "un meilleur profil de revenus". L'activité de cette année sera "concentrée sur la fin d'année", a-t-il également jugé.
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