(BFM Bourse) - Les deux groupes ont nettement chuté mercredi, effaçant des milliards de dollars de capitalisation boursière. Le groupe à la pomme a pâti de ventes bien faibles en Chine tandis que Tesla a été plombé par les faibles expéditions de son usine chinoise ainsi que par un arrêt de sa production en Allemagne.

A la fin du film "Les sept mercenaires" de John Sturges, il ne reste que trois combattants. La même hécatombe s'observera-t-elle cette année sur les sept mercenaires de Wall Street, c'est-à-dire Alphabet, Microsoft, Meta, Apple, Nvidia, Tesla et Amazon?

Actuellement Apple et surtout Tesla sont clairement fragilisés au sein de ce groupe de super valeurs de la tech qui ont porté à elles seules ou presque le S&P 500 en 2023. Le groupe à la pomme perd 11,6% depuis le début de l'année tandis que le spécialiste des véhicules électriques abandonne lui 27,3%. Les autres membres des "sept mercenaires" (ou "sept magnifiques") de Wall Street se portent mieux voire beaucoup mieux: Microsoft prend 7%, Amazon 14,6%, Meta 38,5%, Nvidia 73,6%. Seul Alphabet souffre aussi mais dans une proportion bien moindre qu'Apple et Tesla, son action reculant de 5% sur l'ensemble de 2024.

Tesla et Apple ont pour point commun de partager un risque: celui lié à leur exposition à la Chine, pays qui représente à la fois le plus important marché pour le véhicule électrique et 20% environ des revenus du célèbre fabricant de smartphones.

Or les deux valeurs ont nettement tangué sur les deux dernières séances en raison justement d'informations entourant la Chine.

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Les ventes d'Apple plongent en Chine

Apple a perdu 2,8%, effaçant une soixantaine de milliards de dollars de capitalisation boursière.

Ce recul a fait suite à des informations de Bloomberg relayant des chiffres de ventes de smartphones dramatiques en Chine. Selon les données de Counterpoint Research citées par l'agence, les ventes d'Apple dans le pays ont baissé de 24% sur un an sur les six premières semaines de l'année 2024, dans un marché en repli de 7%. A contrario Huawei mène la vie dure à ses concurrents, avec un bond de 64% de ses ventes sur la même période.

Ce qui confirme la faiblesse d'Apple dans un pays où les autorités locales ont fait pression pour que certains fonctionnaires n'utilisent pas de téléphones de marque étrangère au travail.

"Huawei a clairement bénéficié d'un élan massif en Chine continentale, tandis qu'Apple traverse une période très difficile en ce qui concerne la demande d'iPhone dans cette région clé, qui représente environ 20% des iPhones mondiaux", souligne Dan Ives de Wedbush.

"En Asie où nous nous sommes rendus pendants quelques semaines, nous avons vu de nos propres yeux des rabais supplémentaires autour de l'iPhone 15 dans la région, ce qui rend les investisseurs plus inquiets sur Apple. C'est la cerise sur le sundae des mauvaises nouvelles de Cupertino avec les informations de la semaine dernière selon lesquelles Apple abandonne le projet d'automobile électrique pour se concentrer sur l'intelligence artificielle, un mauvais pari très médiatisé de dix ans", poursuit-il.

Au-delà de la Chine, à une heure où le marché ne jure que par l'intelligence artificielle (IA), la stratégie du groupe dans ce domaine laisse le marché assez sceptique. Les plus optimistes, comme Bank of America, estiment qu'Apple pourra renverser la vapeur en dévoilant des technologies -un nouveau smartphone, de nouveaux systèmes d'exploitation – enrichies à l'IA. Mais jusqu'ici, l'absence d'annonce du groupe pour capitaliser sur l'IA peut créer de l'impatience chez les investisseurs.

"À tort ou à raison, Apple doit montrer qu'elle est toujours pertinente dans un monde où les investisseurs veulent de l'IA", souligne Kim Forrest, directeur des investissements chez Bokeh Capital Partners LLC, cité par Bloomberg.

Tesla, signe du désamour pour l'électrique en Bourse

Tesla a reculé encore plus qu'Apple, perdant près de 4% mardi soir avec une capitalisation boursière désormais inférieure à 600 milliards de dollars, soit près d'un quart de celle de Nvidia. Lundi le groupe avait déjà chuté de 7,2%.

Là encore la Chine constitue l'un des facteurs expliquant la baisse de l'action. Comme l'a souligné Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis, la concurrence dans l'électrique sur le marché chinois s'avère intense, ce qui se traduit par de très faibles marges. Tesla doit composer avec la concurrence accrue de l'acteur local BYD, qui lui a ravi le titre de premier constructeur électrique dans le monde au quatrième trimestre 2023.

Selon les données de la CPCA (china passenger car association) relayées par le Wall Street Journal, Tesla n'a livré que 60.365 en février en provenance de ses sites chinois, un chiffre au plus bas depuis la fin 2022. C'est deux fois moins que BYD.

L'action a aussi souffert mardi de l'arrêt de la production sur son site proche de Berlin, en Allemagne, à la suite d'un incendie criminel.

Plus largement, le plongeon de l'action Tesla illustre le récent désamour du marché pour le véhicule électrique. Les investisseurs sont désormais échaudés par les marges plus faibles dans cette technologie que dans le thermique, mais aussi par le ralentissement de sa croissance, causée par la baisse ou la suppression des subventions qui rendent le véhicule électrique moins abordable pour les ménages.

Tesla a lui-même acté ce ralentissement, en admettant qu'en 2024 son taux de croissance pourrait être sensiblement inférieur à celui de 2023. Auparavant, le groupe comptait augmenter ses ventes de 50% par an…

"Malgré la sous-performance de l'action depuis le début de l'année, nous avons du mal à voir un catalyseur pour Tesla", a écrit Toni Sacconaghi, analyste chez Bernstein, dans une note datée de lundi et citée par Bloomberg. L'analyste s'attend à une "croissance tiède" pour l'entreprise en 2024 et 2025, "remettant en question le récit de la croissance de l'entreprise".