(BFM Bourse) - Le fondateur et directeur général du groupe, Daniel Julien, pourrait si le cours de Bourse ne se redresse pas dans les dix-huit prochains mois, déménager la cotation du groupe vers New York, rapportent Les Echos ce jeudi.

Teleperformance pourrait-il quitter la cote parisienne pour Wall Street? Ce serait une possibilité qu'envisagerait son directeur général et fondateur, Daniel Julien, rapportent ce jeudi Les Echos.

Le dirigeant serait "prêt à étudier un déménagement de la cotation vers New York", écrit le quotidien économique. Le projet n'a pas encore été lancé. Mais si l'action du pensionnaire du CAC 40 ne "décolle" pas dans dix-huit mois, Daniel Julien pourrait se tourner vers Wall Street, ajoutent Les Echos.

Contacté par BFM Bourse, Teleperformance n'a pas souhaité faire de commentaire.

Sur trois ans, l'action Teleperformance accuse une baisse de plus de 70%. La société a surtout connu une année 2023 noire sur le plan boursier. Le titre du spécialiste de la relation client externalisée a été pénalisé par plusieurs trimestres décevants en termes d'activité, ainsi que par des craintes que l'essor de l'intelligence artificielle générative bouleverse son modèle d'activité et le rende à terme obsolète.

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Nouvelle gouvernance

La direction de la société a régulièrement battu en brèche ces craintes. Olivier Rigaudy, directeur général délégué et directeur financier, avait notamment évoqué en mai une "méconnaissance" du secteur de la relation client externalisée par le marché, rappelant que son groupe travaille sur l'IA générative depuis "longtemps". Le dirigeant affirmait que l'IA ne remplace pas l'homme mais "l'augmente". Par ailleurs, il soulignait que l'essor de l'IA générative s'accompagnait de nouvelles opportunités pour Teleperformance.

Le groupe a depuis retrouvé du crédit auprès du marché, ses deux dernières publications trimestrielles ayant été bien accueillies par les investisseurs. A 99,92 euros, son cours reste toutefois loin des sommets atteint début 2022, autour de 400 euros.

A la Bourse de Paris, l'action Teleperformance recule de 5,2% ce jeudi en début d'après-midi, accusant le plus fort repli du CAC 40.

Mais, selon plusieurs intermédiaires de marché, cette baisse est due aux changements de gouvernance livrés par la société mercredi soir.

Dissociation des fonctions de PDG

Teleperformance a annoncé le départ de Bhupender Singh, directeur général délégué et co-directeur général, qui devait succéder à Daniel Julien à la tête de la société en 2026. Bhupender Singh a quitté la société pour "poursuivre de nouvelles opportunités professionnelles", explique l'entreprise.

Le groupe a indiqué que Daniel Julien a été confirmé au poste de directeur général. La société dissocie cependant les postes de directeur général et de président du conseil d'administration. Teleperformance a, en effet, déclaré que son conseil avait décidé de nommer Moulay Hafid Elalamy, fondateur du groupe Saham, une société d'investissement qui possède 4% de Teleperformance, au poste de président.

Pour remplacer Bhupender Singh, Teleperformance a nommé Thomas Mackenbrock au poste de directeur général délégué. Thomas Mackenbrock était le directeur général de Majorel, société luxembouregoise qu'a rachetée Teleperformance en 2023. Le dirigeant a vocation à succéder à Daniel Julien à la direction générale de la société, "selon calendrier qui sera fixé par un comité ad hoc chargé de piloter la succession en lien avec le comité des rémunérations et nominations", a expliqué Teleperformance.

Au passage, Teleperformance a confirmé ses objectifs pour 2024 et a indiqué anticiper "une accélération" de sa dynamique en 2025.

"Une surprise"

L'ensemble de ces annonces prennent toutefois à revers les observateurs. "C'est étrange, le départ du directeur général délégué (Bhupender Singh, NDLR) n'était pas attendu et le dirigeant était tenu en haute estime par les investisseurs", estime un intermédiaire financier.

"Le départ de Bhupender Singh pourrait inquiéter les investisseurs, étant donné qu'il a été nommé co-directeur général en février 2024 et que l'entreprise avait souligné son leadership numérique en raison de ses fonctions antérieures en tant que responsable de la transformation du groupe Teleperformance et directeur général de l'entreprise de BPO (business process outsourcing, externalisation des processus, métiers) numérique Intelenet", juge également UBS.

"Cette nouvelle organisation est une surprise à de nombreux égards", souligne de son côté Oddo BHF. D'abord parce qu'elle tire un trait sur la précédente transition managériale, annoncée en févier. Ensuite parce que "Thomas Mackenbrock, ancien directeur général de Majorel, avait quitté le groupe Téléperformance en mai 2024", poursuit Oddo BHF. Ensuite parce que le calendrier de succession n'est pas fixé.

"Au final, si ces évolutions sont des surprises importantes, nous relevons que les objectifs 2024 sont confirmés et l’accélération de la dynamique attendue en 2025 constitue un facteur additionnel de confiance", tranche toutefois le courtier qui réitère son conseil à "surperformance" sur l'action.