(BFM Bourse) - La valeur a plongé jeudi à la suite de l’annonce par le gouvernement colombien d’une enquête sur les pratiques sociales du gestionnaire de centre d’appels dans le pays. Teleperformance a fermement démenti les accusations, et l’action a repris son cours.
L’action Teleperformance répond de nouveau à l’appel. Après avoir été suspendue la veille, l’action évolue en nette hausse, reprenant une petite partie de ses pertes de la veille. La valeur recule de 3,6% vers 11h25 après avoir ouvert en forte hausse en début de séance.
Le gestionnaire de centres d'appel et spécialiste de la relation clients externalisée avait demandé la suspension du titre à Euronext Paris vers 11h jeudi, après que la valeur a dévissé de plus de 33%. Ce mouvement de baisse très rare pour une valeur du CAC 40, a été provoqué par l’annonce du vice-ministre du Travail colombien, Edwin Palma Egea sur Twitter d’une enquête sur les pratiques sociales du groupe dans le pays.
La décision de l'exécutif colombien est survenue après la parution d’un enquête du Time et de l’ONG Bureau of investigative journalism qui rapportait que des employés du groupe, chargés de modérer les contenus du réseau social TikTok étaient régulièrement exposés dans le cadre de leur formation à des contenus choquants tels que des abus d’enfants. Cette enquête faisait également état d’intimidations pour empêcher les salariés de se syndiquer. Les modérateurs seraient par ailleurs payés 1,2 million de pesos par moi, soit 240 dollars américains.
Une présentation "curieuse"
Le groupe a fermement contesté ces accusations dans un communiqué puis dans des conférences téléphoniques organisées jeudi soir avec des journalistes et des analystes financiers.
"A ce jour, le groupe n’a reçu aucune notification officielle de la part du gouvernement colombien. Teleperformance est confiant sur les résultats d’un tel contrôle, l’équipe de direction de la filiale en Colombie ayant toujours développé la société dans le respect de la loi ", a assuré la société dans un communiqué.
Le directeur général délégué de Teleperformance, Olivier Rigaudy, a exprimé ses doutes sur les faits exposés par le Time.
"La présentation me parait curieuse et ne pas correspondre à la réalité de notre maison", a-t-il indiqué aux journalistes, cités par l’AFP. "Ce n'est pas ce qui se passe chez Teleperformance".
Selon lui, les modérateurs de Teleperformance sont assez peu soumis à des contenus "odieux", qui sont finalement "très rares", à moins de 1 pour 1 million de visionnages en Colombie, a-t-il dit.
Les salaires des modérateurs débutent à "145% du salaire minimum de Colombie qui est de 208 dollars", soit 301 dollars, a-t-il affirmé.
Et les modérateurs colombiens ont moins tendance à quitter leur travail que leurs collègues de Teleperformance sur d'autres métiers, avec un taux de départ mensuel de 3,06%, contre 8,33% pour les employés, a détaillé le directeur général délégué.
Rachats d'actions
La Colombie constitue le troisième pays en termes d’effectifs pour le groupe, après l’Inde et les Philippines, avec environ 42.000 salariés, soit près de 10% du total.
La modération de contenu représente de son côté environ 7% du chiffre d’affaires de la société et 15.000 personnes.
Selon plusieurs analystes, le directeur général du groupe, Daniel Julien, n’a pas totalement exclu d’abandonner cette activité dans le cas où la confiance ne serait pas rétablie auprès du marché.
"Le PDG a déclaré qu'il faudrait "équilibrer soigneusement" les considérations dans le cas où les investisseurs ne seraient pas convaincus du bien-fondé de rester dans l'activité de modération de contenu (c'est-à-dire si elle continue à pénaliser les multiplies de valorisation)", écrit Royal Bank of Canada.
Le groupe "se détournerait d'une activité avec des taux de croissance de 20-30%, fournissant un rôle clé pour la société, juste pour résoudre les "problèmes de perception" autour de ces activités", poursuit la banque.
"A la question de savoir si le groupe pourrait abandonner l’activité de content modération (7% du chiffre d'affaires consolidé), Daniel Julien évaluera la situation mais considère que l’enjeu est éminemment nécessaire et critique dans un monde aussi digitalisé, avis que nous partageons hautement", écrit de son côté TP ICAP Midcap dans une note.
Le bureau d’études rappelle que l’activité de la société est par "essence exposée" à des risques.
"Un audit interne démarrera demain et sa publication à la communauté financière dépendra de l’aval des avocats mais ces rapports d’audit externes ne sont usuellement pas rendus publics pour des enjeux d’accords de confidentialité", indique par ailleurs TP ICAP Midcap.
Face à la chute de son cours de Bourse, Teleperformance a décidé de lancer un programme de rachats d’actions de 150 millions d’euros qui a débuté ce vendredi.
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