(BFM Bourse) - Le constructeur automobile a livré des résultats en très forte baisse au titre de son exercice 2024, plombés par ses importants stocks aux États-Unis. Pour 2025, le constructeur issu de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler table sur une marge opérationnelle courante "à un chiffre en milieu de fourchette". L'action souffre à la Bourse de Paris.
Stellantis met un point final à un exercice 2024 qui a constitué une véritable "annus horribilis" pour le constructeur automobile aux quatorze marques. En raison de ses stocks élevés aux États-Unis et d'importantes pertes de parts de marché, les volumes et la rentabilité de la société se sont effondrés.
Stellantis avait même été contraint de passer un lourd avertissement sur résultats et son directeur général, Carlos Tavares, autrefois réputé pour son exécution sans faille, a démissionné fin novembre. En conséquence, l'action Stellantis a plongé de plus de 40% en 2024.
Les résultats annuels publiés par l'entreprise, ce mercredi 26 février, portent les stigmates de cette année ô combien difficile.
Chiffre parlant: sur l'ensemble de 2024, le bénéfice net de l'entreprise s'est effondré de 70% à 5,52 milliards d'euros, contre 18,6 milliards d'euros en 2023. Sur le seul second semestre 2024, Stellantis accuse même une perte nette de 127 millions d'euros, à comparer avec un bénéfice de 7,7 milliards sur la seconde partie de 2023.
Le bénéfice net a notamment été grevé, par une nouvelle provision de 768 millions d'euros liée à la campagne de rappels sur les airbags Takata.
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Des milliards d'euros de cash brûlés
Stellantis a, surtout, été lourdement pénalisé par la chute de ses volumes qui ont reculé de 753.000 unités en 2024, soit une baisse de 12% sur un an. En Amérique du Nord, le marché le plus important et le plus rentable du groupe, les volumes ont plongé de 25%.
Les revenus de la société se sont établis à 156,9 milliards d'euros en baisse de 17% par rapport à 2023, avec des replis de 27% en Amérique du Nord et de 11% en Europe. À eux seuls, les volumes et le "mix" (la répartition des ventes selon les modèles plus ou moins rentables) ont retranché 28,7 milliards d'euros de revenus (ou 15 points de pourcentage) par rapport à 2023.
Le résultat opérationnel courant a plongé de 64% sur un an à 8,65 milliards d'euros. La marge opérationnelle courante s'est ainsi effondrée, s'inscrivant à 5,5% contre 12,8% en 2023.
Sur le seul second semestre, la marge opérationnelle courante a plongé, tombant quasiment à zéro (0,3%). Les analystes, eux, attendaient un taux à 1,2%, selon un consensus cité par Royal Bank of Canada.
En Amérique du Nord, elle a basculé dans le rouge vif, s'établissant à -6,8%, en raison d'une chute des volumes de 30% et de la multiplication des promotions. Ce qui a abouti à un chiffre d'affaires en baisse de 38%.
Le plongeon des volumes s'explique en partie par la baisse de la production opérée par l'entreprise au second semestre afin de soutenir la réduction des stocks chez ses concessionnaires.
À ce titre, Stellantis a indiqué avoir ramené le niveau de ses stocks à 304.000 unités à fin décembre, en baisse de 18%, avec une notamment un recul de 20% chez ses concessionnaires américains. Le groupe a dépassé son objectif, qui s'établissait à 330.000 unités.
Le flux de trésorerie libre industriel a été négatif sur l'ensemble de 2024, Stellantis brûlant 6,045 milliards d'euros de cash, contre un flux positif de 12,9 milliards d'euros en 2023.
Des perspectives décevantes pour 2025
La banque UBS s'attendait à ce que la société génère, sur l'ensemble de 2024, un résultat opérationnel courant de 9,2 milliards d'euros et une marge opérationnelle courante de 6%. L'établissement suisse prévoyait également un décaissement de trésorerie de 8,8 milliards d'euros. Royal Bank of Canada de son côté tablait aussi sur une marge opérationnelle courante de 6%
Pour la banque canadienne, Stellantis a publié des résultats "faiblards" au second semestre.
"La faiblesse plus prononcée du second semestre 2024 avait été largement signalée, la direction indiquant clairement qu'elle souhaite entamer l'année 2025 sur des bases plus saines, et ne doit donc pas être surinterprétée", prévient toutefois, pour sa part, Oddo BHF.
À la Bourse de Paris, l'action Stellantis chute après cette publication perdant 5% vers 10h20 et accusant la plus forte baisse du CAC 40.
Ce repli de l'action semble surtout être dû aux perspectives communiquées par l'entreprise.
Pour 2025, Stellantis a, en effet, annoncé tabler sur des revenus en croissance, une marge opérationnelle courante "à un chiffre en milieu de fourchette", ce que l'on peut traduire grossièrement par un taux de 4% à 6%", et sur un flux de trésorerie industriel positif.
Royal Bank of Canada remarque que la cible de marge livrée par le groupe pour 2025 s'avère inférieure aux attentes du consensus (qui tablait sur un taux de de 6%). "Cela semble léger et pourrait exercer une pression à la baisse sur l'action", explique l'établissement .
Royal Bank of Canada estime que ces objectifs "laissent la place à une remise à zéro des attentes, ce qui est souvent le cas lorsqu'une nouvelle équipe dirigeante est mise en place".
Stellantis précise, au passage que son second semestre sera bien meilleur que le premier. Le groupe automobile s'attend à ce que ses revenus et sa marge soient nettement supérieurs sur la deuxième partie de 2025 que sur la première. En outre, Stellantis entend générer un flux de trésorerie positif au second semestre, laissant entendre qu'il pourrait encore brûler du cash au premier.
"Le fait que Stellantis déclare que la génération d'un flux de trésorerie libre positif surviendra au second semestre 2025 suggère, au mieux, que le flux de trésorerie sera à l'équilibre, ou que la consommation de liquidités se poursuivra au premier semestre de l'année 2025. Ce alors que le marché s'attendait à une reprise de la production, annulant ainsi une partie du flux de trésorerie négatif de 6 milliards d'euros au deuxième semestre 2024", souligne Bernstein.
L'intermédiaire financier note au passage que les prévisions de la société pour 2025 n'intègrent pas des changements sur les droits de douanes et le commerce. Ce qui constitue un "voeu pieux", cingle Bernstein, dans la mesure où l'administration Trump a une floppée de surtaxes douanières en tête.
La succession de Tavares finalisée d'ici à fin juin
Pour Oddo BHF, la publication de Stellantis montre que le groupe a encore "beaucoup à faire dans les prochains mois".
Le président du conseil d'administration de la société, John Elkann, a reconnu dans un communiqué que ces résultats étaient "en deçà de notre potentiel". "2024 est une année dont nous ne sommes pas fiers", a-t-il ensuite déclaré lors d'une conférence avec des analystes et des journalistes.
"Nous restons déterminés à gagner des parts de marché et à améliorer nos performances financières tout au long de l’année 2025", a-t-il ajouté.
Au sujet de la succession de Carlos Tavares à la tête de l'entreprise, le groupe a annoncé que le processus de nomination devrait être finalisé "au premier semestre 2025". "En attendant, l’entreprise reste concentrée sur l’exécution de sa stratégie", a ajouté la société.
Stellantis a également annoncé qu'il proposerait un dividende de 68 centimes par action au titre de l'exercice 2024, contre 1,55 euro au titre de l'exercice 2023. UBS tablait sur un coupon à 45 centimes par action.
L'entreprise a aussi prévenu qu'à compter de 2026 elle publierait des résultats complets tous les trimestres et non plus tous les semestres de sorte à "améliorer la transparence", répondre à des exigences des investisseurs sur ce point et permettre une meilleure comparaison avec ses rivaux comme General Motors et Ford.
À l'heure actuelle, Stellantis ne publie que des chiffres d'affaires au premier trimestre et au troisième trimestre. La société avait choisi de s'aligner sur cette pratique qui était celle de Peugeot SA au contraire de Fiat Chrysler qui publiait des comptes complets tous les trimestres.
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