(BFM Bourse) - À l'occasion de la publication de ses résultats trimestriels, le groupe a annoncé avoir achevé la révision de ses hypothèses en réassurance vie et santé. Ce dernier point rassure les marchés.
Mi-juillet, Scor avait lancé un retentissant avertissement sur résultats dans lequel il indiquait aux investisseurs que son objectif de croissance en 2024 ne serait "probablement pas atteint".
Le groupe de réassurance, soit l'assureur des assureurs, justifiait cette alerte par sa décision de revoir ses hypothèses de provisions pour sa branche de (ré)assurance vie et santé" ("L&H"). Ce en raison d'une hausse de la mortalité aux États-Unis et d'un rythme de déclaration des sinistres défavorable.
Cette alerte s'était soldée par une importante baisse du titre en Bourse, Scor avait lâché 24,56% le 16 juillet. Le réassureur avait entamé une patience du marché déjà bien précaire après un début d'année bien terne.
Ce jeudi, Scor dévoile encore des comptes marqués par ses difficultés dans sa branche vie et santé. Au troisième trimestre, cette division accuse une perte de 210 millions d'euros contre un bénéfice de 113 millions d'euros au troisième trimestre de l'année 2023.
Des comptes qui basculent dans le rouge
Au global, le groupe essuie une perte nette de 117 millions d'euros, là où il avait affiché un bénéfice de 147 millions d'euros à la même période de l'année précédente. Les analystes visaient pour leur part un bénéfice de 116 millions d'euros, selon le consensus des onze analystes suivant la valeur fourni par Scor.
Du côté de la réassurance dommage et responsabilité civile, les revenus atteignent 1,84 milliard d'euros, soit une baisse de 2,9% sur un an, "en raison du non-renouvellement d'un contrat pluriannuel", assure Scor.
Le ratio combiné (montant des sinistres et frais rapporté aux primes encaissées) ressort à 88,3%, en baisse de 1,9 point de pourcentage (90,2% au troisième trimestre 2024), ce qui s'avère en ligne avec les attentes moyennes des analystes (88,3%). Pour rappel, au-delà d'un ratio combiné de 100%, cela signifie qu'un assureur ou un réassureur perd de l'argent sur la partie opérationnelle de son métier (l'assurance en tant que telle). En-dessous de 100%, il en gagne. Mais les assureurs ou réassureurs se rattrapent sur la façon dont ils gèrent l'argent des primes.
Ce ratio intègre une sinistralité liée aux catastrophes naturelles de 13,2% au cours d'un trimestre "marqué par plusieurs événements de moyenne et grande taille". Ce qui est supérieur aux attentes des analystes qui tablaient sur une charge de 12,1%. Mais les inondations en Europe centrale et les divers ouragans ont causé de nombreux dégâts sur la période estivale.
Le groupe prévient cependant que l’ouragan Milton qui a touché la côte Ouest de la Floride pèsera entre 50 et 100 millions avant impôts et net de rétrocession dans les comptes du quatrième trimestre.
Scor a également indiqué que son ratio de solvabilité, un indicateur très suivi chez les assureurs et réassureurs, était de 203% à l'issue du troisième trimestre, soit dans sa fourchette jugée optimale (entre 185% et 220%). Il est supérieur au consensus des analystes qui anticipaient en moyenne un ratio de 191%.
Cité par l'AFP, Thierry Léger a déclaré : "Nous avons fait ce qu'il fallait faire. Ces derniers mois ont été difficiles pour Scor et nos collaborateurs, mais maintenant nous passons à autre chose. La performance sous-jacente de notre entreprise est dans une tendance très positive. Avec un ratio de solvabilité de 203%, notre bilan est en bonne santé", lors d'une conférence téléphonique.
Une revue achevée
Surtout, Scor indique avoir achevé la revue 2024 des hypothèses pour sa branche "(ré)assurance vie et santé" "avec un résultat proche de la meilleure estimation communiquée au premier semestre 2024", a déclaré son directeur général Thierry Léger dans un communiqué.
Elle n'a pas été neutre sur les comptes. La valeur économique du groupe (soit la somme de ses capitaux propres et de sa marge sur service contractuelle) ressort à 8,4 milliards d’euros en baisse de 7,0% par rapport au 31 décembre 2023, pénalisée par la revue des activités vie et santé. Dans ce contexte, Scor a confirmé que son objectif de croissance de 9% par an de sa valeur économique ne serait "probablement" pas atteint cette année.
Cette revue aura aussi pesé pour 163 millions d’euros au troisième trimestre, mais elle permet à Scor "de tourner la page et d’aller de l’avant en toute confiance", a poursuivi Thierry Léger.
"La révision des réserves est plus favorable que ce que l'on craignait", ont réagi les analystes de Citi cités par Reuters, rappelant que "les résultats du troisième trimestre ont été ratés car le consensus s'attendait en partie à ce que la révision ait lieu au quatrième trimestre."
"L'achèvement de la revue des réserves de la branche réassurance vie et santé, avec un impact plus faible que prévu de -0,1 milliard d'euros, ainsi qu'une rétrocession supplémentaire, supprime la menace sur le capital qui pesait" sur l'action, abonde Royal Bank of Canada.
Ce qui explique la bonne réaction de Scor en Bourse. Signant la deuxième plus forte hausse du SBF 120, le titre du réassureur bondit de 8%, vers 12h30 ce qui lui permet de renouer avec ses plus hauts de quatre mois.
Parmi les autres éléments positifs pouvant expliquer la réaction de marché, Jefferies comme Royal Bank of Canada soulignent que le ratio de solvabilité (à 203% donc) apparaît désormais suffisamment élevé pour préserver le dividende de l'entreprise.
Scor présentera le 12 décembre prochain sa feuille de route pour son activité réassurance vie et santé dans son intégralité et actualisera mes objectifs de son plan stratégique à horizon 2026, lors d'une journée investisseurs organisée à Londres.
"Nous nous attendons à ce que les conditions du marché de la réassurance P&C (assurance dommages et responsabilité) demeurent attractives en 2025, et nous envisageons l’avenir avec confiance", a également indiqué Scor.
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