(BFM Bourse) - Le spécialiste des équipements électriques et des technologies d'efficacité énergétique a annoncé lundi le départ de Peter Herweck, son numéro un, en raison de "désaccords" et ce seulement un an et demi après sa nomination. Olivier Blum, directeur de l'activité "gestion d'énergie" prend la suite.

Même le meilleur élève (ou presque) du CAC 40 peut connaître un bouleversement soudain de sa gouvernance. Schneider Electric a ainsi annoncé ce lundi, à la surprise générale, le départ de son directeur général, Peter Herweck.

Le conseil d'administration de Schneider Electric a décidé de mettre fin à ses fonctions à la suite de "désaccords dans la mise en œuvre de la feuille de route de la société à un moment d’opportunités significatives", a expliqué l'entreprise.

C'est un coup de tonnerre. Peter Herweck n'avait en effet été nommé à la tête du groupe que depuis mai 2023, soit il y a seulement un an et demi, succédant alors à Jean-Pascal Tricoire, qui avait conservé son poste de président du conseil d'administration.

Peter Herweck avait précédemment occupé diverses fonctions au sein de Schneider Electric, notamment la direction générale de la filiale britannique Aveva.

>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading

"Une surprise"

Pour prendre la suite, la société spécialisée dans les équipements électriques et les technologies d'efficacité énergétique a décidé de nommer Olivier Blum à la direction générale. Citoyen français âgé de 54 ans, ce dirigeant pilotait jusqu'à présent l'activité de "gestion de l'énergie" Schneider Electric.

Olivier Blum "a démontré savoir se concentrer sur le développement stratégique et technologique, tout en réalisant une performance opérationnelle forte et constante, comme le montre l'accélération de l’activité gestion de l'énergie sous son mandat", a déclaré Jean-Pascal Tricoire, président de Schneider Electric. "J'ai une confiance totale en sa capacité à diriger Schneider Electric dans cette nouvelle phase d'accélération ciblée, en ligne avec les ambitions partagées lors de notre Capital Market Day (la journée dédiée aux investisseurs de novembre 2023, NDLR)", a-t-il ajouté.

A la Bourse de Paris, l'action Schneider Electric accuse, certes, le deuxième plus fort repli du CAC 40 vers 10h20, à la suite de ces annonces. Mais la baisse reste pour l'heure contenue (-1,20%).

"L'annonce d'aujourd'hui est une surprise, notamment en raison de la brièveté du mandat de monsieur Herweck", souligne Royal Bank of Canada.

Des objectifs de moyen terme tenables?

La banque canadienne estime que cette décision subite et inattendue peut jeter des doutes sur les objectifs de moyen terme de l'entreprise. Lors de sa journée dédiée aux investisseurs de fin 2023, la société, désormais quatrième capitalisation boursière du CAC 40, avait livré des cibles ambitieuses et qui avaient ravi le marché.

Schneider Electric avait indiqué vouloir dégager une croissance annuelle moyenne hors effets de changes et de périmètre de 7% à 10% sur la période 2023 à 2027 et augmenter sa marge opérationnelle ajustée de 50 points de base (0,5 point de pourcentage) par an sur la même période.

"Nous avons déjà exprimé nos inquiétudes quant à la possibilité d'atteindre les objectifs de croissance organique de 7% à 10 % fixés lors de la journée dédiée aux investisseurs. Bien que les objectifs généraux aient été réaffirmés, l'annonce d'aujourd'hui n'inspire pas beaucoup de confiance", tranche Royal Bank of Canada.

L'établissement considère par ailleurs que le choix d'Olivier Blume pour succéder à Peter Herweck s''avère "logique". Royal Bank of Canada rappelle même que le fait qu'Olivier Blume n'avait pas été nommé directeur général dès mai 2023 avait constitué une surprise.

Pas de souci opérationnel

Stifel rapporte de son côté que la directrice financière, Hilary Maxson, a tenu une brève conférence téléphonique dans la foulée de cette annonce.

"Selon Hilary Maxson, directeur financier, au cours des derniers mois, le conseil d'administration a estimé que la feuille de route stratégique de Schneider Electric n'était pas mise en œuvre de manière suffisamment décisive et collaborative et avec suffisamment de rapidité sous la direction de Peter Herweck, et qu'il y avait également des désaccords sur le style de gestion général", écrit le bureau d'études.

"Il est important de noter que la directrice financière a clairement indiqué que la raison de cette action n'était pas liée à des problèmes opérationnels, mais que le conseil d'administration souhaitait agir avant que des risques d'exécution ne surviennent pour l'entreprise", a ajouté Stifel.

Cette révolution de palais survient alors que Schneider Electric connaît, pourtant, une bonne année 2023 que ce soit sur le plan boursier ou des résultats. Le groupe signe la deuxième plus forte hausse du CAC 40 sur l'ensemble de 2024, avec une progression de 31,15%, et est désormais la quatrième entreprise la plus importante de la Bourse de Paris, en capitalisation boursière (derrière LVMH, Hermès et L'Oréal).

La société a annoncé la semaine dernière avoir dégagé des revenus de 9,31 milliards d'euros au troisième trimestre, traduisant une croissance hors effets de périmètre et de changes de 8%. Ce qui était "légèrement au-dessus des attentes", remarquait Oddo BHF.