par Ben Hirschler

DAVOS, Suisse (Reuters) - Sanofi-Aventis a progressé dans ses discussions avec sa cible Genzyme, a déclaré mercredi son directeur général alors que les dirigeants des deux laboratoires devraient se croiser cette semaine au Forum de Davos.

Leurs équipes sont en contact pour débattre d'un accord négocié après le rejet par le spécialiste américain des maladies rares de l'offre à 18,5 milliards de dollars (13,5 milliards d'euros), soit 69 dollars par action, proposée par le français, la jugeant trop faible.

"Il y a encore des écarts mais je pense que nous avons bien progressé", a dit mercredi à Reuters Chris Viehbacher, ajoutant que ce que le Certificat de valeur conditionnelle (CVC) attaché à un traitement expérimental de Genzyme pourrait représenter pour les actionnaires de ce dernier une valeur significative.

Les discussions autour d'un CVC - un versement supplémentaire aux actionnaires si le traitement expérimental de Genzyme dans la sclérose en plaque, le Lemtrada, atteint certains objectifs - restent "le sujet prioritaire" des négociations entre les dirigeants de deux entreprises.

"Avant de savoir si ce sera suffisant pour combler entièrement les écarts, il faudra attendre et voir. Mais je pense que, compte tenu des prévisions, que nous ne partageons pas forcément, nous nous attendons à ce que cela puisse représenter une valeur significative pour les actionnaires de Genzyme", a déclaré Chris Viehbacher.

Développé à partir de la molécule alemtuzumab, déjà utilisée dans l'anticancéreux Compath, le Lemtrada devrait réaliser un pic de ventes annuelles de 3,5 milliards de dollars (environ 2,5 milliards d'euros), selon Genzyme.

De son côté, Sanofi, sur la base de la moyenne des prévisions de plusieurs analystes, table sur des ventes d'environ 700 millions de dollars.

Prié de dire s'il rencontrerait le directeur général de Genzyme, Henri Termeer, au Forum économique de Davos, Chris Viehbacher a répondu: "Ce n'est pas prévu mais il se peut que nous tombions l'un sur l'autre".

CONCURRENCE ACCRUE

"Je connais Henri depuis de nombreuses années et nous entretenons en réalité de très bonnes relations personnelles", a-t-il ajouté.

Certains actionnaires ont fait part de leur frustration de voir l'offre de Sanofi traîner en longueur. Le français, numéro six mondial du secteur, l'a une nouvelle fois prolongée cette semaine, au même prix, jusqu'au 15 février.

Chris Viehbacher a souligné qu'il était plutôt inhabituel qu'une opération d'une telle taille et d'une telle complexité soit conclue en six mois.

Des sources proches du dossier ont indiqué lundi que Sanofi avait engagé un cabinet de recrutement pour d'éventuels candidats à nommer au conseil d'administration de Genzyme.

"Je ne peux pas faire de commentaire sur ce sujet spécialement, mais je pense que nous avons été assez clairs en disant constamment que nous gardions toutes les options ouvertes", a répondu Chris Viehbacher.

Le rachat de Genzyme serait un tournant pour la croissance de Sanofi dans le domaine très rentable des maladies rares alors que le français cherche à se diversifier pour compenser les pertes de brevets qui réduiront d'environ un tiers ses ventes d'ici à 2013, sur la base du chiffre d'affaires en 2008.

L'un des brevets perdus est celui de l'anticoagulant Lovenox, dont un deuxième générique, développé par Teva Pharmaceuticals Industries et sur le point d'être approuvé, va être commercialisé après celui développé par la filiale Sandoz de Novartis.

Le directeur général de Sanofi a reconnu que ce second générique allait renforcer la concurrence et mettre la pression sur les prix, ce qui affectera les ventes du groupe, mais a précisé que cela n'était pas une surprise.

"Sandoz n'a pas été capable de fournir entièrement le marché. Donc, avec l'arrivée d'un autre acteur, on pourrait s'attendre à ce que la dynamique du marché change", a-t-il dit.

"Mais nous avons pris cela en compte dans nos prévisions d'activité, dès l'approbation du premier générique. Nous avions alors dit que cela n'affecterait pas nos prévisions de long terme pour 2013", a-t-il ajouté.

Wilfrid Exbrayat et Florent Le Quintrec pour le service français, édité par Danielle Rouquié

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