par Noëlle Mennella et Caroline Jacobs

PARIS (Reuters) - Sanofi-Aventis a fait savoir mercredi que ses discussions concernant l'acquisition de Genzyme progressaient et que toutes les options restaient sur la table concernant cette opération.

Chris Viehbacher, le directeur général du groupe pharmaceutique français, s'est refusé à communiquer un quelconque calendrier concernant la procédure d'examen des livres ('due diligence') de la biotech américaine, que Sanofi a engagée fin janvier.

Le titre Sanofi accuse le coup en Bourse, d'autant que les prévisions que le groupe a diffusées pour cette année déçoivent.

A 12h40, l'action Sanofi abandonnait 1,82% à 50,21 euros, face à un indice CAC 40 quasiment stable, donnant une capitalisation de plus de 65,8 milliards d'euros.

Le titre, qui a perdu 13% en 2010 quand l'indice sectoriel européen de la pharmacie en a pris 6,2%, a regagné du terrain et progresse de 5% depuis le début de cette année.

Chris Viehbacher s'est abrité derrière l'accord de confidentialité signé avec Genzyme pour expliquer sa discrétion sur ce dossier.

"Sanofi a annoncé il y a 10 jours avoir signé un accord confidentiel avec Genzyme. Nous poursuivons l'examen d'informations non publiques. Les discussions progressent", a-t-il dit. "On ne va pas s'engager sur un calendrier aujourd'hui."

Chris Viehbacher a ajouté que "toutes les options restent sur la table" concernant cette opération officiellement proposée depuis octobre dernier à 69 dollars par action Genzyme, soit 18,5 milliards de dollars, mais qui, selon des sources proches du dossier, pourrait être remontée d'environ 1,5 milliard de dollars.

Beaucoup d'analystes attendaient que le dénouement du dossier Genzyme, qui dure depuis plus de sept mois, intervienne avant la publication des résultats annuels de Sanofi.

ENDETTEMENT NUL À FIN FÉVRIER

En réponse à une question sur une éventuelle remontée du prix de cette OPA, Jérôme Contamine, le directeur financier de Sanofi, a de son côté déclaré : "Il n'y a qu'une seule proposition, celle à 69 dollars l'action."

L'endettement de Sanofi, qui se montait à 1,6 milliard d'euros à la fin décembre 2010, devrait être "nul" à la fin février, a-t-il indiqué, avant d'ajouter : "Le financement n'est donc pas un problème."

Entre 2008 et 2010, a rappelé Jérôme Contamine, Sanofi a réalisé plus de neuf milliards d'euros d'acquisitions.

Pour Karl Heinz Koch, analyste chez Helvea, à Zurich, l'absence d'annonce mercredi concernant l'OPA sur Genzyme "n'est pas une surprise car conclure un accord de cet ampleur prend du temps". Pourtant, a-t-il ajouté, "c'est décevant parce que l'incertitude continue".

Les analystes estiment dans l'ensemble que l'acquisition de Genzyme sera relutive pour Sanofi mais ne compensera pas à elle seule les problèmes liés aux pertes de brevets de plusieurs de ses produits et aux résultats décevants de certains de ses nouveaux traitements.

Sanofi a par deux fois prolongé son offre sur la biotech américaine le temps d'examiner ses livres et de structurer un accord autour d'un certificat de valeur conditionnelle (CVC) attaché au Lemtrada, un traitement expérimental de Genzyme dans la sclérose en plaques. L'offre en cours expire le 15 février.

L'IMPACT DE LA RÉFORME DE SANTÉ US

En présentant ses résultats annuels, Sanofi a fait savoir que le bénéfice net par action de ses activités serait en 2011 "inférieur de 5% à 10% à taux de change constants au BNPA des activités 2010", mais que cette perspective n'intégrait pas notamment la contribution d'une possible acquisition de Genzyme.

Le bénéfice par action 2010 est ressorti à 7,06 euros, en hausse de 6,8% en données publiées et de 2,6% à changes constants. Sanofi avait prévu une croissance entre 0 et 2%.

Pour le quatrième trimestre, Sanofi a annoncé un bénéfice net de 1.838 millions d'euros (consensus 1.775 millions), soit 1,41 euro par action (consensus 1,35 euro), sur un chiffre d'affaires de 7.395 millions (consensus 7.501 millions).

Sur cette période, les ventes du Lovenox (thrombose) ont chuté de 26,9% à changes constants à 582 millions (consensus 671 millions) sous l'effet de la concurrence d'un générique aux Etats-Unis. Le Taxotère (cancer), qui a perdu son exclusivité commerciale aux Etats-Unis et son brevet sur le principe actif en Europe, a vu ses ventes dégringoler de 20,1% à 456 millions (consensus 552 millions).

La concurrence des génériques en Europe a affecté le Plavix (thrombose) dont les ventes ont reculé de 18,6% à 505 millions (consensus 520 millions). En revanche, le chiffre d'affaires du Lantus, première marque mondiale dans le domaine du diabète, a crû de 8,6% à 894 millions (consensus 928 millions).

Dans les vaccins, Sanofi inscrit sur les trois derniers mois de 2010 une avancée de ses ventes de 12,6% (hors vaccins contre la grippe pandémique comptabilisés au T4 2009) à 890 millions d'euros (consensus 1.062 millions).

Chris Viehbacher a indiqué que la réforme du système américain de santé affecterait de 290 millions de dollars les ventes 2011, et que la baisse des prix en Europe aurait un impact de 200 millions d'euros.

Au titre de l'exercice 2010, Sanofi envisage de verser un dividende de 2,50 euros, contre 2,40 euros un an plus tôt, avec option de paiement en action.

Le groupe a aussi annoncé que la réduction de ses coûts progressait plus rapidement que prévu avec plus de 1,3 milliard d'euros réalisées en 2010. Il a précisé que son objectif de deux milliards d'économies prévu en 2013 serait atteint dès 2011.

Edité par Dominique Rodriguez

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