Par Caroline Jacobs

PARIS (Reuters) - Sanofi-Aventis s'attend à ce que son vaccin contre le virus de la grippe A(H1N1) dope son chiffre d'affaires en 2009 et 2010, a déclaré le directeur général du laboratoire français dans une interview à Reuters.

"Ce sera une opportunité significative en termes de revenus, à la fois cette année et l'an prochain", a indiqué Chris Viehbacher. "C'est un joli coup de fouet à court terme pour le chiffre d'affaires et le cash flow."

Sanofi Pasteur, la division vaccin de Sanofi-Aventis, a remporté lundi une commande supplémentaire de vaccins H1N1 auprès du département américain de la Santé, portant le volume total à 75,3 millions de doses.

Chris Viehbacher a déclaré que la demande d'autorisation de son vaccin contre la grippe A devrait être déposée auprès de l'Agence européenne du médicament (EMEA) d'ici la fin octobre. Il a ajouté que le processus d'homologation pouvait durer jusqu'à six semaines.

Le directeur général de Sanofi-Aventis, en poste depuis décembre 2008, a également déclaré qu'il n'avait pas l'intention de modifier la stratégie du groupe en matière de Fusion & Acquisition, à savoir des acquisitions pouvant aller jusqu'à 15 milliards d'euros en terme de capitalisation boursière, tout en précisant qu'il préférait éviter les grosses opérations.

"Je ne vais pas changer une stratégie qui a porté ses fruits", a-t-il dit, avant d'ajouter. "Je reste toujours sceptique sur les grosses fusions."

Sanofi préfère donner la priorité à l'accroissement du chiffre d'affaires par croissance externe plutôt qu'aux réductions de coûts, le laboratoire étant confronté à la perspective de l'expiration de brevets sur plusieurs de ses médicaments vedette. Une fois tombés dans le domaine public, ceux-ci seront concurrencés par des génériques meilleurs marché.

Parmi les molécules phares du groupe figurent l'anticoagulant Plavix et l'anticancéreux Taxotere.

CAP SUR LES ETATS-UNIS

Sanofi Pasteur a annoncé par ailleurs jeudi qu'un vaccin expérimental testé en Thaïlande avec le gouvernement local et l'armée américaine réduisait d'un tiers le risque d'infection par le virus du sida, suscitant de grands espoirs dans la lutte contre la première pandémie mondiale .

Sous la houlette de Chris Viehbacher, Sanofi-Aventis a resserré son pipeline de médicaments en développement pour ne garder que les candidats les plus prometteurs.

Il estime maintenant que des partenariats devraient l'aider à accroître à nouveau son pipeline, en mettant l'accent cette fois sur les États-Unis, premier marché mondial pour le médicament.

"Je pense que nous sommes sous-représentés dans la recherche aux États-Unis", a-t-il dit. "Aujourd'hui, il faut capter partout la meilleure science possible. Il est certain que j'aimerais renforcer notre présence là bas", a-t-il ajouté, tout en précisant que "rien de majeur n'était en cours".

Sanofi-Aventis a racheté cette année la firme américaine de biotechnologies BiPar dont le médicament expérimental contre le cancer BSI-201 est jugé très prometteur.

Mais plutôt que de concentrer tous ses efforts sur la recherche du prochain blockbuster, le groupe veut aussi renforcer ses plateformes actuelles, comme les vaccins, les génériques et les médicaments sans ordonnance.

Sur ce dernier point, il compte faire de l'activité OTC, dont le portefeuille comprend notamment le paracétamol Doliprane, une division avec un dirigeant dédié, et attend des médicaments sans ordonnance un doublement du chiffre d'affaires au cours des cinq prochaines années.

La branche OTC a réalisé en 2008 un C.A. de 1,3 milliard d'euros.

"Le processus pour essayer de nommer quelqu'un est engagé", a déclaré Chris Viehbacher.

Le développement de l'OTC est déjà passé l'an dernier par le rachat de producteur australien de vitamines Symbion.

Vers 16h30, l'action Sanofi recule de 1,6% à 50 euros. Depuis le début de l'année, le titre a pris environ 12%.

Avec une capitalisation boursière de 68 milliards d'euros, Sanofi vient en sixième position dans le classement des groupes pharmaceutiques mondiaux derrière Johnson & Johnson, Roche, Novartis, Pfizer et GlaxoSmithKline, l'ancien employeur de Chris Viehbacher.

Version française Gilles Guillaume, édité par Matthieu Protard et Jean-Michel Bélot

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