par Matthias Blamont

GENEVE (Reuters) - Renault juge que le ralentissement économique actuellement à l'oeuvre aux Etats-Unis et en Europe ne devrait pas dégrader sa rentabilité.

"Il y a un choc aux Etats-Unis, c'est très clair", a déclaré Patrick Blain, directeur général adjoint du constructeur automobile, au cours d'une interview accordée à Reuters à l'occasion du 78e salon automobile de Genève.

"Pour autant, les conséquences en Europe devraient être modestes. Sur le marché automobile (européen), nous ne sommes pas inquiets, Renault devrait parvenir à signer une progression des volumes à un chiffre cette année", a-t-il ajouté.

Selon lui, les nouvelles réglementions fiscales et environnementales - la France a mis en place un nouveau système de bonus-malus en janvier qui favorise les voitures plus écologiques - ont plus d'effet.

"Nous misons toutefois beaucoup plus sur les marchés émergents, où nous considérons que la demande est tellement forte que la production dictera le rythme des ventes, a concédé Patrick Blain, cela compensera d'éventuels aléas en Europe mais où nous ne prévoyons, je le rappelle, aucune catastrophe."

Aux Etats-Unis, les ventes de voitures s'inscrivent en net repli depuis début janvier, conséquence sur la consommation de la crise des crédits hypothécaires à risque (subprime mortgages).

En Europe de l'Ouest, le marché manifeste des signes concrets d'affaiblissement et plusieurs spécialistes parient sur son recul en 2008.

Patrick Blain a confirmé les objectifs financiers de groupe pour cette année et s'est déclaré confiant dans la capacité de Renault à tenir les promesses du plan stratégique "Renault Contrat 2009."

Pour 2008, Renault vise une marge opérationnelle à 4,5% (3,3% en 2007) et une augmentation de ses ventes en volume de plus de 10%.

Fin 2009, la marge opérationnelle devra être portée à 6%. L'entreprise veut également annoncer une progression de ses ventes de 800.000 véhicules sur la période 2005-2009 à 3,3 millions d'unités et hisser la Laguna dans le trio de tête de sa catégorie en termes de qualité.

LES PAYS EMERGENTS SINON RIEN

Renault est présent dans de nombreux pays émergents et attend beaucoup de la Russie où il vient de signer une prise de participation de 25% au capital du constructeur AvtoVaz, le propriétaire de la marque Lada, pour un peu plus d'un milliard de dollars (660 millions d'euros).

Il s'agit de l'investissement le plus important jamais effectué par un constructeur international en Russie où la demande automobile devrait considérée comme particulièrement prometteuse.

Patrick Blain a rappelé que la production annuelle de la Logan serait doublée d'ici à la fin de 2008 dans ce pays pour porter sur 160.000 véhicules.

Interrogé sur le parcours boursier de Renault, Patrick Blain a constaté que l'action avait souffert ces derniers mois, à l'image de l'ensemble du secteur mais que "Renault n'a jamais signé de croissance aussi forte qu'actuellement et 2008 sera justement véritablement une année de croissance. A nous de montrer au marché que nous pouvons tenir nos engagements."

Selon lui, le titre, qui a perdu près de 30% depuis le début de l'année, devrait retrouver les faveurs des investisseurs au cours de l'exercice.

De son côté, l'indice DJ Stoxx européen de l'automobile s'inscrit en repli de 17,5% depuis le 1er janvier.

En 2006, l'indice sectoriel avait progressé de 24,4% tandis que Renault ne parvenait qu'à progresser de 6,6%

Vers 13h55, le titre Renault recule de 3,27% à 67,98 euros à la Bourse de Paris alors que le CAC abandonne 0,91%.

Matthias Blamont

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