(BFM Bourse) - Les cours des deux groupes de spiritueux ont connu un petit coup de fouet après que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a évoqué un report de trois mois par la Chine de potentiels droits de douanes supplémentaires sur la filière cognac.
À rebours d'un CAC 40 en petite forme (-1% vers 16h30), les groupes de spiritueux progressent nettement ce vendredi 28 mars.
Rémy Cointreau s'adjuge 4% et Pernod Ricard avance de 3,8% en fin de séance. Les actions des deux sociétés ont bénéficié d'un petit coup de fouet dans l'après-midi.
Les deux titres ont grimpé assez nettement après que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, s'est exprimé au sujet des droits de douane sur les eaux-de-vie européennes, envisagés par la Chine.
Le ministre a évoqué un report de trois mois de l'éventuelle application de ces surtaxes douanières. "Le risque auquel était confrontée la filière, jusqu'à hier, c'était l'application définitive à l'issue de la période de l'enquête, qui devait se terminer le 5 avril prochain", a expliqué Jean-Noël Barrot, cité par l'AFP.
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Une première étape
"À l'issue de cette visite, m'est confirmé que l'enquête est repoussée de trois mois. Ce qui écarte le scénario d'une application brutale de droit définitif sur cette filière", a-t-il ajouté. Évoquant "un sursis", le chef de la diplomatie française a toutefois considéré qu'il s'agissait "d'une première étape" qui pourrait aboutir à la fin de ce différend commercial.
En janvier 2024, le Mofcom, le ministère chinois du commerce, avait ouvert une enquête sur les eaux-de-vie européennes, comme le cognac et l'armagnac. En octobre, le Mofcom avait ensuite demandé aux importateurs de déposer une caution auprès des douanes chinoises à compter du 11 octobre 2024. Ce dépôt sera débité si la Chine décide effectivement d'appliquer des surtaxes douanières sur ces produits.
Analyste chez Oddo BHF, Pierre Tegner avait indiqué l'an passé que le cognac en Chine représentait environ 25% des revenus de Rémy Cointreau et 8% à 9% de ceux de Pernod Ricard. "Le marché mondial du cognac représente 50 milliards de dollars dont 20% en Chine en volume et 23% en valeur. Si la Chine décidait de mettre en oeuvre des barrières tarifaires, le potentiel de la géographie serait lourdement pénalisé", estimait de son côté Sarah Thiron de TP ICAP Midcap.
Menace de Trump
Outre la Chine, les groupes de spiritueux font face à un deuxième front de l'autre côté de l'Atlantique. Le président Donald Trump a menacé, mi-mars, d'instaurer des droits de douane de 200% sur "les vins, champagnes et autres produits alcoolisés provenant de France et d'autres pays représentés par l'Union européenne".
"Les risques liés aux tarifs douaniers de la part des États-Unis et de la Chine continueront d'assombrir la visibilité des résultats des groupes des spiritueux", signalait début mars UBS dans une note.
Dès octobre dernier, Oddo BHF avait identifié le secteur parmi les grands "perdants" d'une victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine, et en particulier Rémy Cointreau, la société dégageant 30% de son résultat opérationnel via la vente de cognac aux États-Unis, notait le bureau d'études.
L'administration Trump, lors du premier mandat du républicain (2017-2021), avait mis en place une taxe sur les importations de vins, de cognac et de whiskies écossais de l’ordre de 25% à partir de 2019/2020 qui avait été suspendue par son successeur démocrate Joe Biden. "Si ces 25% de droits de douane supplémentaires étaient directement passés au consommateur, cela représenterait environ 10 ans d’augmentation de prix sur le marché du cognac américain", écrivait alors Oddo BHF.
Lors de la dernière saison de résultats, les sociétés elles-mêmes avaient préparé les esprits à des répercussions négatives sur leurs comptes.
Diageo avait purement et simplement retiré ses objectifs de moyen terme, début février, en raison "des incertitudes macroéconomiques et géopolitiques dans plusieurs de nos pays clef en voie de reprise".
Pernod Ricard avait de son côté prévenu que l'exercice 2025-2026 serait un "exercice de transition" en "fonction de l’amplitude des hausses potentielles de tarifs douaniers". "Dans un contexte sans précèdent de tensions commerciales, nous nous focalisons sur la protection autant que possible de notre marge opérationnelle organique", prévenait la société.
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