(BFM Bourse) - Boosté par les signaux encourageants pour la croissance mondiale en provenance de Chine et des États-Unis, l'or noir poursuit son rebond entamé il y a deux semaines. Le baril de Brent a déjà repris plus de 15% depuis fin décembre.
Orientés à la baisse depuis début octobre sur fond de craintes de surabondance de l'offre et d'un ralentissement de la demande mondiale, les cours du pétrole semblent bel et bien repartis à la hausse, plus encore depuis le 1er janvier. De fait, le cours du baril de Brent européen de mer du Nord progresse encore lundi matin, pour la cinquième séance consécutive. Après des hausses de 3,7% lundi dernier, puis de 1,1% mercredi, 1,7% jeudi et 3,4% vendredi, le baril de brut européen pour livraison en mars s'adjuge de nouveau 1,9% à 58,5 dollars vers 11h. Depuis son récent plus bas à 50,36 dollars le 24 décembre dernier, le rebond s"élève à 16,2%.
Le baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, s'apprécie de son côté de 1,4% à 48,97 dollars vers 11h.
Regain d'appétit pour le risque
De multiples signaux encourageants quant à l'évolution de la croissance mondiale ont été envoyés aux marchés en fin de semaine dernière, permettant à ces derniers de retrouver un peu d'appétit pour le risque. Les places boursières mondiales ont notamment été encouragées par les propos conciliants du patron de la Fed Jerome Powell sur la politique monétaire américaine. En outre, toujours aux États-Unis, les créations d'emplois ont bondi en décembre à leur plus haut niveau depuis février (à 312.000). "Davantage d'emplois que prévu ont été créés en décembre, ce qui a boosté le S&P 500 et les prix du brut", analyse Stephen Innes, analyste chez Oanda. De fait, une croissance économique américaine soutenue garantit une forte demande en brut, faisant ainsi monter les prix.
D'autres bonnes nouvelles concernant la croissance mondiale sont venues s'ajouter à celles-ci vendredi dernier, à commencer par la reprise des négociations entre Pékin et Washington lundi. Le ministère chinois du Commerce a confirmé vendredi que des négociateurs américains se rendraient en Chine lundi et mardi pour le premier tête-à-tête entre les deux puissances depuis que leurs chefs d'État se sont rencontrés début décembre en marge du G20 à Buenos Aires pour tenter d'apaiser leur différend commercial. "L'appétit pour le risque des marchés s'est amélioré avec l'optimisme sur l'avancée des négociations", a relevé Lukman Otunuga, analyste de FXTM.
Efforts de l'Arabie Saoudite
Les pays de l'Opep et leurs alliés (dont la Russie) se sont engagés début décembre à réduire collectivement leur production de 1,2 million de barils par jour à partir du 1er janvier pour résorber l'excédent d'offre. Une réduction sur le papier qui commence à se refléter dans les données. Dans le cadre de cet engagement, l'Arabie saoudite a ainsi exporté 7,25 millions de barils de brut par jour en décembre, soit 500.000 de moins que lors des deux mois précédents, selon des données compilées par l'agence Bloomberg. "Ryad a pris de l'avance sur son engagement à réduire sa production, ce qui est considéré comme un signal encourageant", remarque Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.
Le géant pétrolier saoudien, Saudi Aramco, a par ailleurs augmenté ses prix à la vente vers l'Asie malgré la chute des cours sur le marché mondial, "ce qui reflète le programme de baisse marquée des exportations", ont commenté les analystes de JBC Energy.
Les États-Unis limitent le rebond
En revanche, "les perspectives de production de pétrole de schiste aux États-Unis restent aussi robustes que jamais", a souligné Lukman Otunuga. Autre mauvaise nouvelle pour les cours de l'or noir en provenance du pays de l'oncle Sam : les réserves commerciales de brut ont baissé de 1,2 million de barils lors de la semaine achevée le 7 décembre, alors que les analystes anticipaient une baisse plus marquée de 3,5 millions de barils. Il faut dire que Donald Trump n'a jamais caché sa volonté de faire baisser les prix du pétrole pour améliorer le pouvoir d'achat de ses électeurs, premiers consommateurs d'or noir au monde.