(BFM Bourse) - Les cours du pétrole reculent de nouveau très nettement mardi, pénalisé par les niveaux de production et l'incertitude liée aux annonces contradictoires des pays producteurs. Le Brent européen et le WTI américain reculent à leur plus bas depuis le 8 mars dernier et octobre 2017 respectivement.
Nouvelles secousses sur le marché de l'or noir où les cours des principales références accusent de très nets replis mardi après-midi sur leurs marchés respectifs. Vers 18h, le baril de Brent européen de la mer du Nord pour livraison en janvier cédait 5,31% à 63,45 dollars quand celui de WTI américain, pour la même échéance, reculait pour sa part de 5,54% à 54,21 dollars, à un niveau qu'il n'avait plus atteint depuis octobre 2017. De son côté, le Brent touchait "seulement" son plus bas depuis le 8 mars 2018. Les deux références mondiales cédaient plus de deux dollars par rapport à la clôture de lundi.
-29% pour le WTI et -27% pour le Brent depuis le 3 octobre
Déjà entrés en "bear market" le 9 novembre dernier, le "West Texas Intermediate" et le Brent creusent leurs pertes. Depuis leur sommet en quatre ans atteints le 3 octobre dernier, à 86,74 dollars le baril de Brent et 76,9 dollars celui de WTI, ils ont respectivement reculé de 27 et 29,5%.
Si l'Arabie Saoudite a récemment tenté de réagir en annonçant une réduction de sa production de l'ordre de 500.000 barils par jour, tout en appelant à une réduction mondiale de l'offre à hauteur d'un million de barils par jour, la Russie et les États-Unis ne lui ont pas emboîté le pas. Du côté du Kremlin, on attend une analyse plus approfondie sur l'état du marché avant de prendre une décision quant au niveau de production à privilégier. À Washington, Donald Trump avait pour sa part regretté la décision de Riyad et appelé l'Opep à ne pas réduire sa production. À eux trois, les trois plus gros producteurs mondiaux représentaient 39,2% de la production mondiale en 2017.
Le président de l'Agence internationale de l'Énergie, Fatih Birol, y est également allé de son avertissement lors d'une conférence en Slovaquie lundi. Selon lui, "une diminution significative de la production des principaux producteurs aujourd'hui pourrait avoir des conséquences négatives pour les marchés". Ce qui fait dire aux analyste de JBC que "le marché est de manière évidente dominé par une certaine confusion du fait d'informations équivoques".
On devrait y voir plus clair après la réunion des pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs partenaires -dont fait partie la Russie- à Vienne les 6 et 7 décembre prochain, où une décision devrait être prise concernant le futur de l'accord de limitation de la production.
Craintes sur la relation commerciale sino-américaine
La nouvelle passe d'armes entre les deux plus grandes puissances économiques mondiales ce week-end à l'occasion du sommet de l'Apec (organisation de coopération économique réunissant une vingtaine de pays entre l'Asie et l'océan Pacifique) fait craindre aux analystes qu'aucun accord commercial ne sera trouvé entre Pékin et Washington en marge du G20 qui se tiendra à la fin du mois à Buenos Aires. Ce regain de tensions symbolisé par l'absence d'accord sur un communiqué commun pour la première depuis 1989 (Les États-Unis voulaient y inclure la nécessité d’une réforme de l’OMC, les Chinois s’y sont opposés) à l'issue du sommet de l'Apec pourrait peser sur l'économie mondiale, donc sur la demande mondiale d'or noir, ce qui ferait encore baisser les prix.
Nouvelle annonce de hausse des stocks en perspective
Les investisseurs scruteront, mercredi, les données hebdomadaires de l'Agence américaine d'information sur l'Énergie (EIA) sur les stocks de brut américain. Ceux-ci sont attendus en hausse, encore une fois, à +3,5 millions de barils alors que les stocks d'essence sont pour leur part attendus en recul de 500.000 baril, selon des données compilées par les analystes de Bloomberg. Si les stocks annoncés mercredi par l'EIA sont supérieurs à ceux que prévoient le consensus, une nouvelle baisse des cours de l'or noir pourrait s'ensuivre...