(BFM Bourse) - Les cours des barils de Brent et de WTI ont de nouveau lourdement chuté à l'ouverture des marchés ce lundi, s'effondrant à un nouveau creux depuis fin mai. Les opérateurs craignent un déséquilibre persistant du marché, alors que la demande reste affectée par les mesures de restrictions.
Peur sur l'or noir. Pénalisés par des craintes sur la demande avec le retour des mesures de confinement en Europe, les principales références mondiales de brut lâchent encore plus de 2% lundi matin, après avoir déjà respectivement reculé de 9% (Brent) et de 10% (WTI) au cours de la semaine écoulée. Soit "la pire semaine en cinq mois pour le marché de l'or noir, préoccupé par une demande morose et l'absence de réaction des principaux pays producteurs", souligne le directeur des investissements de Mirabaud John Plassard dans sa dernière note matinale.
Dans les premiers échanges ce lundi (l'IntercontinentalExchange de Londres où se négocie le Brent, et le Nymex où se traitent les contrats sur le WTI, ouverts de minuit à 21h heures françaises), les deux références ont cédé 6% et chuté à leur plancher depuis fin mai dernier, à 35,97 dollars pour le baril de Brent et à 33,89 dollars le baril pour le "light sweet crude" texan. Les cours se sont légèrement redressés depuis mais le Brent affiche toujours un repli de 2,42% à 37,02 dollars peu après 12h, quand le WTI cède encore 2,96% à 34,76 dollars.
L'Europe se reconfine
"Après avoir passé des mois coincés dans une fourchette étroite autour de 40 dollars le baril, le Brent et le WTI succombent aux pressions baissières", a constaté Stephen Brennock, analyste de PVM. En cause, "l'aggravation de la pandémie qui aura un impact négatif sur l'activité économique et entraînera une baisse de la demande" de brut, a-t-il complété.
De fait, les craintes qui ont pesé sur le marché pétrolier la semaine passée se sont matérialisées avec les nouveaux confinements imposés en France, en Allemagne ou encore en Belgique. Frappé de plein fouet par la deuxième vague de Covid-19, le Royaume-Uni a également annoncé un nouveau confinement de l'Angleterre à partir de jeudi.
La baisse de la demande survient à un moment où l'offre augmente, notamment en Libye, et à deux mois d'un allègement des coupes de l'Opep+. Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés, via l'accord Opep+, ont en effet maintenu à l'occasion de leur dernière réunion ministérielle mensuelle, le 19 octobre, le calendrier des coupes décidées en avril pour surmonter l'impact de la pandémie. Celui-ci est censé entraîner le retour sur le marché de 1,9 million de barils par jour (mbj) au 1er janvier.
Un équilibre fragile chez les producteurs
À cet égard, l'Agence internationale de l'énergie estimait qu'avec cette réduction des coupes de production (qui doivent passer de 7,7 à 5,8 mbj à compter du 1er janvier 2021), "la marge de manœuvre dont dispose le marché pour absorber l'offre supplémentaire dans les prochains mois sera limitée".
En Libye, la Compagnie nationale de pétrole (NOC) a annoncé lundi dernier la levée de l'état de force majeure sur le dernier champ pétrolier bloqué, déclarant ainsi toutes les installations pétrolières opérationnelles. La production la Libye -ainsi que celle de l'Iran, deux pays membres de l'Opep exemptés des quotas de production (au même titre que le Venezuela) mis en place par l'Opep et ses alliés (dont la Russie)- continuent de se redresser et mettent en péril le fragile équilibre du marché.
"En plus des problèmes liés au pétrole, les investisseurs se préparent à des turbulences cette semaine dues à l'élection présidentielle américaine", estime également Avtar Sandu, de Phillip Futures. Les américains devront choisir mardi entre le président sortant Donald Trump et son rival, le candidat démocrate Joe Biden, qui fait figure de favori. Ce dernier a annoncé son intention de se "détourner progressivement de l'industrie pétrolière", alors qu'un pan entier de ce secteur (l'industrie de schiste) menace de s'effondrer face à des cours durablement bas.