(BFM Bourse) - Les contrats sur l'or noir évoluent en forte hausse ce lundi alors que le deuxième producteur mondial de pétrole a décidé de baisser d'environ un million de barils par jour sa production.
"La cerise sur le gâteau". Voilà comment le prince Abdelaziz ben Salmane, ministre de l'Energie de l'Arabie Saoudite a, selon l'AFP, qualifié son annonce dimanche. Le dirigeant a en effet indiqué à l'issue de la réunion de l'Opep+ , qui réunit les membres de l'organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés menés par la Russie, que son pays, deuxième producteur de pétrole au monde, allait procéder à de nouvelles coupes de production. Celle-ci diminuera de 1 million de barils par jour pour descendre à 9 millions, à compter de juillet et ce pendant un mois. Cette durée pourra toutefois être étendue, a précisé le ministère saoudien de l'Energie.
De plus, les baisses instaurées par neuf autres pays membres de l'Opep+ en mai pour un total de 1,5 million de barils par jour ont été prolongées jusqu'à fin 2024.
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Un brut en hausse ce lundi
"L'Arabie saoudite a tenu sa promesse de maintenir les prix stables. Il y a quelques semaines à peine, le ministre saoudien du pétrole avait averti les spéculateurs qu'ils devaient être très prudents s'ils pensaient pouvoir s'en sortir en court-circuitant [à la baisse, NDLR] les prix du pétrole", relève Naeem Aslam, de Zaye Capital. "Le pays pétrolier ne permettra pas un nouvel épisode de chute des prix du pétrole, et il a tenu parole hier", ajoute-t-il.
L'annonce de Riyad suffit à redonner de l'allant aux cours du brut. Sans pour autant les faire monter au ciel. Vers 10h10, le contrat d'août sur le Brent de mer du Nord s'adjuge 2,2% à 77,87 dollars le baril tandis que celui de juillet sur le WTI coté à New York avance de 2,3% à 73,38 dollars le baril.
Ce qui a également pour effet de porter les valeurs pétrolières et parapétrolières, notamment à Paris où TotalEnergies s'adjuge 1%, CGG avance de 2% tandis que Vallourec gagne 2,3%.
La volonté de Riyad de soutenir les cours ne suffira pas forcément à créer une réelle remontée des prix du baril, qui ont été lestés depuis plusieurs semaines par les craintes sur la conjoncture, avec notamment des indicateurs d'activité décevants en Chine.
"Les investisseurs tablant sur une hausse du pétrole ont beaucoup misé sur la demande chinoise, mais en réalité, la demande de pétrole n'a pas vraiment augmenté, ce qui indique que l'économie mondiale souffre toujours d'un certain nombre de chocs Covid, tels que la hausse de l'inflation et la menace d'un ralentissement important de l'activité économique", observe Naeem Aslam.
Pertes de part de marché
"Cette baisse très conséquente de la production saoudienne aura sûrement un effet important sur les prix à court terme, mais à terme tout dépendra de la robustesse de la demande pour maintenir des prix plus élevés. Jusqu’ici la demande a été plutôt sage, et la nature de la reprise chinoise n’a pas pour l’instant stimulé, comme anticipé, une demande plus forte", considère pour sa part Sebastian Paris Horvitz, de La Banque Postale Asset Management.
Stephen Innes, de SPI Asset Management souligne de son côté que l'impact de la baisse de production saoudienne dépendra aussi de sa durée, "si elle dure un ou six mois", alors que le marché est actuellement "fragile". Il considère ainsi que l'Arabie Saoudite donne une "sucette" au marché de sorte à temporiser jusqu'à ce que la demande reparte et que les stocks baissent.
"À court terme, les prix du brut dépendront en grande partie d'un test de volonté", a déclaré à Bloomberg Bob McNally, président du consultant Rapidan Energy Group et ancien fonctionnaire de la Maison Blanche. Cette bataille opposera d'un côté une Arabie saoudite soucieuse de stabiliser les cours et de l'autre des traders jouant la baisse du marché, ajoute-t-il.
De plus et comme le souligne Bloomberg, la décision de Riyad a un prix au sens où elle se traduira par des pertes de parts de marché au bénéfice de deux autres grands producteurs à savoir la Russie, qui a maintenu dimanche sa production, et les Emirats arabes unis, qui ont eux obtenu des quotas de production plus élevés pour l'an prochain.