(BFM Bourse) - Orège, inventeur d'une solution de traitement des déchets des stations d'épuration, renforce son bilan à hauteur d'environ 49,2 millions d’euros. De quoi accélérer la phase de croissance enfin amorcée en 2018, alors que l'entreprise a longtemps peiné à commercialiser sa technologie sur le marché français, l'amenant à se tourner vers les USA et la Grande-Bretagne. L'actionnaire majoritaire Eren et d'autres investisseurs couvriront plus des trois quarts de l'opération.
Le titre Orège recule de 3,45% à 1,40 euro mercredi vers 10h00, quasiment à son plus bas historique, alors que l'entreprise à l'origine d'un procédé dit "SLG" permettant un traitement plus efficace et une meilleure valorisation des boues d'épuration va lever de nouveaux fonds via une augmentation de capital au prix préférentiel de 1,24 euro par action.
L'opération se déroulera du 2 au 11 juillet inclus. Concrètement, Orège envisage d'émettre 39.676.119 actions nouvelles au prix unitaire de 1,24 euro, représentant une dilution jusqu'à 68%. La possibilité de souscrire à ce prix préférentiel (représentant une décote de 14,5% sur le cours précédant l'annonce) sera réservée aux personnes étant actionnaires à la clôture de la séance du 27 juin. Elles recevront alors un droit préférentiel de souscription (DPS) pour une action détenue à cette date et pourront souscrire 40 actions nouvelles en exerçant 85 DPS. Les DPS seront cotés sur Euronext pendant la période de souscription, de sorte que ceux qui ne souhaitent pas remettre au pot puissent revendre leurs droits à d'autres investisseurs. La valeur théorique est de 14 centimes par DPS, mais le cours dépendra de l'offre et de la demande.
L'opération a d'abord pour objectif de reconstituer les capitaux propres de l'entreprise, via l'incorporation aux fonds propres de plus de 70% du compte courant (avance de trésorerie) de son actionnaire majoritaire, Eren Industries, la société du multi-entrepreneur Pâris Mouratoglou. Ce sont ainsi 33,92 millions d'euros qu'Eren abandonne au profit de sa filiale. Eren "réaffirme ainsi son engagement à long-terme" et "donne à Orège la structure financière nécessaire à l’accélération de son développement". En parallèle, l'augmentation de capital dotera Orège de 15,3 millions d'euros supplémentaires en espèces, étant précisé qu'Eren et des investisseurs tiers se sont déjà irrévocablement engagés à participer à hauteur de 3,7 millions d'euros au minimum.
Ces fonds serviront à financer l’activité d’Orège dans les marchés considérés comme "stratégiques" (USA, Allemagne, Grande-Bretagne) et "prioritaires" (France, Espagne, Italie), ainsi que le développement commercial et industriel en Chine, Asie du Sud-Est et en Amérique du Sud. Le groupe compte par ailleurs accélérer le développement de nouvelles solutions dans le domaine de la valorisation des boues ("waste to energy") et le développement des solutions de grande taille.
Fondée en 2005, l'entreprise a mis au point une technologie "SLG" qui permet d'épaissir puis déshydrater les boues, principal déchet produit par les stations d'épuration des eaux usées. Évacuer l'eau des boues permet une réduction de leur poids et de leur volume (de 50 à 70%) ce qui réduit le coût de transport et la consommation énergétique, diminue les effluves nauséabondes et accélère le débit de traitement. Ces applications brevetées sont aujourd'hui exploitées sur plusieurs sites principalement en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis et l'entreprise travaille à des nouvelles applications améliorant la valorisation agronomique et énergétique des boues.
Toutefois, les progrès n'ont pas été linéaires. La montée en puissance du chiffre d'affaires s'est aussi révélée plus lente qu'attendu, le réel décollage n'intervenant que l'an dernier (avec 2,2 millions d'euros de revenus) tandis que les déficits se sont accumulés.
Depuis l'introduction en 2013, la société dépend donc des financements consentis par Eren. Dès 2014, Eren avait d'ailleurs proposé de racheter Orège à 4,20 euros par action - soit 30% au -delà du prix d'introduction de 3,24 euros.
Le projet n'avait toutefois pas reçu l'accord unanime du conseil de surveillance, deux de ses membres s'étant prononcés contre l'offre, et une bonne partie des minoritaires avaient préféré conserver leurs titres. Eren, qui avait expressément indiqué ne pas avoir l'intention à cette date de retirer le titre de la cote, n'avait donc obtenu que 83,75% du capital au terme de son OPA. Reste que depuis cette offre snobée par certains actionnaires, le cours a perdu les deux tiers de sa valeur.
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