(BFM Bourse) - Entretien accordé à La Vie Financière par Didier Lombard, président-directeur général de France Télécom.
France Télécom vient de lancer le téléphone d'Apple dans l'Hexagone. Derrière le coup marketing, l'entreprise retrouve des ambitions de croissance.
Quelles sont vos ambitions pour l'iPhone ?
D. L. Orange et l'iPhone ont deux valeurs fortes en commun : la convergence entre les différents usages (photo, musique, Internet...) et la simplicité d'utilisation. Ce n'est pas un hasard si Steve Jobs, le patron d'Apple, était venu nous voir il y a deux ans, alors que ce téléphone n'était encore qu'à l'état de projet. Nous avons déjà reçu plus de 63 000 déclarations d'intérêt et nous pensons écouler entre 50 000 et 100 000 exemplaires d'ici à la fin de l'année. Comme l'iPod a boosté l'usage des MP3, nous voyons dans l'iPhone un appareil susceptible de populariser les nouveaux usages de la téléphonie mobile.
Quel est le bilan de vos offres convergentes fixe-mobile ?
L'offre Unik, qui permet de téléphoner de chez soi ou en mobilité sans changer de téléphone, a déjà séduit plus de 500 000 clients et devrait atteindre les 700 000 en fin d'année. Mieux, cette offre permet d'augmenter le revenu par abonné alors qu'on pouvait craindre une cannibalisation de la téléphonie mobile par la téléphonie par Internet. Nous sommes en outre le premier opérateur européen de télévision sur Internet en nombre d'abonnés, avec 1 million de clients ayant choisi cette option. Ce chiffre est en croissance accélérée puisque presque tous les nouveaux clients optent pour l'offre triple play. Enfin, l'offre « convergence », à destination des entreprises, a déjà séduit 600 000 utilisateurs. Que vous dire de plus ? Je suis extrêmement optimiste, tout va bien !
Bruxelles songe à séparer la propriété des réseaux de leur exploitation. Cela ne risque-t-il pas de freiner le déploiement de la fibre optique ?
On ne parle pas d'un réseau de chemin de fer, mais d'infrastructures beaucoup plus technologiques. Pourquoi l'opérateur investirait-il dans un réseau dont il n'a pas la propriété ? Notons d'ailleurs que cette proposition a suscité une levée de boucliers de la part des régulateurs nationaux des télécoms. Il nous semble plus important de faire respecter la loi uniformément en Europe : en France, l'ouverture à la concurrence a été forte car le gendarme des télécoms (l'Arcep) dispose d'un pouvoir d'injonction, mais on ne peut pas en dire autant de la Grande-Bretagne ou de l'Espagne. Nous restons néanmoins confiants et nous continuons notre déploiement de la fibre optique. Nous comptions déjà 70 000 foyers raccordables au 30 septembre à Paris. Après une longue négociation avec les syndics, nous en sommes désormais au démarchage de nouveaux clients.
Ces nouveaux réseaux suscitent de nouveaux usages. Allons-nous voir France Télécom se battre pour acquérir les droits de diffusion du football ?
Nous avons besoin d'offrir des contenus pour rentabiliser la fibre optique. Mais chacun son métier ! Les sommes mobilisables par France Télécom pour l'achat de contenus sont limitées car nous devons continuer à investir. Nous ne sommes donc pas prêts à payer les 600 millions d'euros déboursés par Canal+ pour les droits du foot. Cependant, nous sommes intéressés par des contenus spécifiques, comme la retransmission des matchs sur mobile. L'enrichissement des contenus passe aussi par des partenariats, comme celui avec France Télévisions concernant l'offre de télévision à la demande, qui devrait bientôt être étoffée par des accords avec toutes les chaînes.
Vous poussez vos pions en Afrique. Quelle part les pays émergents vont-ils représenter à terme dans votre activité ?
Telefónica a son sanctuaire sud-américain, France Télécom fait de même en Afrique. Cette zone restera en forte croissance dans le mobile pour quelques années encore, avec des marges importantes. Puis Internet devrait prendre le relais. En comptant nos deux derniers investissements (au Kenya et au Niger), nous sommes présents dans une quinzaine de pays sur le continent. France Télécom est ainsi très actif pour acheter des licences en Afrique. Mais nous sommes aussi en Jordanie, en Moldavie, en Slovaquie et peut-être bientôt au Vietnam, où nous sommes candidats à l'ouverture du capital de l'opérateur national. Au troisième trimestre, les pays émergents représentaient la moitié de nos 3,5 % de croissance et déjà 13 % du chiffre d'affaires. Notre objectif est d'augmenter cette part de 2 à 3 points d'ici à 2010, hors acquisition majeure toujours possible. Lors de la réunion des investisseurs du 5 décembre, nous détaillerons évidemment ce nouveau profil de croissance.
Propos recueillis par Emmanuel Schafroth et Thierry Zakhia
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