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Or : Avec la guerre en Ukraine, le cours de l'or à plus de 2.000 dollars l'once

mercredi 9 mars 2022 à 14h11
Porté par la guerre en Ukraine, l'or atteint de nouveaux sommets

(BFM Bourse) - Porté par la quête de diversification des investisseurs alors que la guerre fait rage aux portes de l'Europe et provoque une flambée spectaculaire des prix de l'énergie, alimentant les craintes de récession et d'inflation, le cours de l'or a pris plus de 10% en un mois.

Le statut de valeur refuge de l'or reprend tout son sens en ces temps extraordinaires où l'aversion pour le risque des investisseurs refait brusquement surface. "La guerre en Ukraine a totalement bouleversé les prévisions économiques. [...] En effet, alors que la voie était tracée pour un "retour à la normale" progressif après 2 années marquées par le Covid-19, c’est le spectre de la "stagflation" [situation décrivant une économie avec une croissance économique faible ou nulle assortie d'une inflation élevée, NDLR] qui a rapidement fait son retour. Si nous n’y sommes pas encore, la durée de la guerre et la gravité des sanctions seront déterminantes, de plus en plus d’investisseurs voient en l’or un attrait certain" résume John Plassard, directeur adjoint des investissements chez Mirabaud.

Après un début d'année calme et relativement stable, le cours de l'or s'est donc envolé pour atteindre le record historique de 1.870,22 euros l’once le 8 mars au second fixing de Londres, franchissant par ailleurs la barre symbolique des 2.000 dollars et s'établir à 2039,05 dollars à la clôture de ce mardi, tout proche de son sommet atteint à l'été 2020. "Sur un mois, cela représente une appréciation de plus de 17% en euros, un chiffre également porté par la dépréciation de la monnaie unique face au billet vert [de l'ordre de 6% sur la période, NDLR]" explique Laurent Schwartz, président du Comptoir national de l'or. Le dollar tire en effet parti de son éloignement géographique avec le conflit pour retrouver sa qualité de devise refuge, tandis que les investisseurs fuient les actifs risqués, comme en atteste la chute de près de 15% du CAC 40 sur le dernier mois. "Le découplage entre l’or et les actions illustre une fois de plus le caractère défensif de l’or en période de crise" estime Laurent Schwartz.

Alors que la guerre n'est pas seulement militaire mais aussi économique et énergétique, l'expert insiste sur le choc pétrolier en cours. "Rappelons que le cours du gaz a été multiplié par dix en quelques mois et qu’on évoque désormais un litre d’essence à 3 euros. L'annonce d’un embargo américain sur l’importation de produits énergétiques russe (pétrole et gaz) constitue par ailleurs une étape nouvelle dans l’escalade des sanctions sur le secteur énergétique. Les Européens tentent également de se passer de l'énergie russe mais Vladimir Poutine pourrait les prendre de vitesse puisqu'il a signé mardi un décret bloquant les exportations de certaines matières premières", dont la liste devrait être définie dans les prochains jours. Une situation qu'il convient selon lui de suivre "de très très près", car elle "rappelle les chocs pétroliers des années 70".

Envolée de l'or lors des chocs pétroliers

"La hausse spectaculaire du prix du pétrole avait provoqué une récession mondiale et de l’inflation pour une décennie" se souvient-il, ce qui avait fait bondir le cours de l'once d'or de 35 dollars au début des années 1970 à plus de 700 dollars en septembre 1980, soit une multiplication par 20 en dix ans.

Autre élément porteur pour les cours du métal précieux: l’or russe a été banni des principales places financières mondiales. "La LBMA (London Bullions Market Association) et le CME (Chicago Mercantile Exchange) ont en effet décidé d'exclure ce lundi les 6 sociétés russes de sa liste de fondeurs agréés à produire des lingots acceptés à la Bourse de Londres (les excluant de sa "good delivery list"), et ces mêmes sociétés ont été bannies du CME, la place de référence pour les contrats à terme aux États-Unis" observe Laurent Schwartz. "Les banques russes assurant normalement le négoce de l’or et les exportations à l’étranger étant sous sanctions, l’or russe a désormais peu de débouché, hormis les achats nationaux" ajoute-t-il, ce qui a incité la Russie à faire "d'une pierre deux coups" en annonçant la reprise de ses achats d’or auprès des producteurs nationaux "afin de renforcer la stabilité financière du pays au regard des sanctions imposées par l’occident".

Pour aller plus loin et tenter d'empêcher Moscou de se financer en vendant une partie de ses larges réserves d'or, principalement accumulées depuis 2014 et la révolution ukrainienne, quatre sénateurs américains ont dévoilé un projet de loi visant à sanctionner les entités qui feront des transactions d’or physique avec la Russie. "Nous ne doutons pas que l’or russe trouvera des acheteurs finaux, soit en interne soit en Chine. Néanmoins, bannir le pays du marché mondial pourrait créer un sérieux déficit d’offre favorable au cours international" avance Laurent Schwartz.

Face à cette situation, certains bureaux d'études rehaussent sensiblement leurs prévisions. C'est notamment le cas de Goldman Sachs, qui porte son objectif de cours à 2.300 dollars à 3 mois et 2.500 dollars à entre 6 et 12 mois. Et des gérants affirment prendre position sur le métal. "La banque privée suisse Lombard Odier, traditionnellement réservée sur le métal jaune, a annoncé avoir augmenté l’allocation en métal jaune de ses portefeuilles modèles. De manière similaire, la division gestion de fortune de la banque d’affaire Citigroup a créé une position en or pour ses clients à hauteur d’environ 2% du portefeuille" observe l'expert.

Quentin Soubranne - ©2023 BFM Bourse
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