(BFM Bourse) - L'action Nvidia a clôturé sur une baisse de 9,53% mercredi, effaçant près de 280 milliards de dollars de capitalisation boursière. Soit bien plus que le précédent record détenu par Meta en 2022.
Valeur chérie de Wall Street depuis bientôt deux ans, Nvidia cumule de nombreux records en Bourse. Le spécialiste des processeurs graphiques est notamment la société qui a connu la plus forte progression en termes de capitalisation boursière sur une séance, avec 277 milliards de dollars, le 22 février dernier.
Le groupe fondé et dirigé par Jensen Huang a ajouté mardi un autre record à son tableau de chasse, dont on imagine qu'il se serait bien passé.
Nvidia a clôturé en baisse de 9,53% la séance et a ainsi perdu un total de 279 milliards de dollars de capitalisation boursière (soit environ 252,26 milliards d'euros). Pour donner un ordre d'idée, un tel montant correspond à plus de la totalité de la valeur d'Hermès en Bourse.
Le groupe américain efface des tablettes le précédent record qui était détenu par Meta. La maison-mère de Facebook, Instagram et WhatsApp avait perdu plus de 251 milliards de dollars sur une seule séance, le 3 février 2022. La société fondée par Mark Zuckerberg avait alors abandonné 26% à la suite de résultats décevants.
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Les semi-conducteurs en souffrance
Pour revenir à Nvidia, le plongeon du fabricant de processeurs graphiques s'inscrit plus largement dans une correction violente du marché américain. Mardi, le S&P 500 a abandonné 2,1%, sa plus forte chute depuis la fameuse séance noire du 5 août dernier. Le Nasdaq composite s'est plus particulièrement retrouvé sous pression, avec une baisse de 3,26%.
Le mouvement a donc plus particulièrement laminé les titres de croissance, auteurs de bonnes performances boursières, et a fortiori les semi-conducteurs. Le Philadelphia Semiconductor Index a chuté de 7,75%. Outre Nvidia, AMD a abandonné 7,8%, Intel 8,8%, Broadcom, 6,2% et Qualcomm 6,9%.
Le mouvement se propage quelque peu en Europe où le néerlandais ASML dévisse de 5,4% ce mercredi matin, l'allemand Infineon perd 2,6% et le franco-italien STMicroelectronics abandonne 2,2%, accusant la plus forte baisse du CAC 40.
Ce climat d'aversion au risque a été déclenché par une nouvelle statistique décevante aux Etats-Unis, à savoir l'indice ISM manufacturier pour le mois d'août.
Craintes sur la croissance et enquête américaine
"Le principal catalyseur du mouvement de vente a d'abord été le dernier indice ISM de l'industrie manufacturière, qui a ravivé les inquiétudes des investisseurs quant à l'essoufflement de l'économie américaine", abonde Deutsche Bank.
"Les résultats ont été une nouvelle fois inférieurs aux attentes, à 47,2 en août (contre 47,5 attendus), ce qui ne représente qu'une modeste amélioration par rapport aux résultats décevants du mois de juillet. En outre, la sous-composante des nouvelles commandes est tombée à son plus bas niveau depuis mai 2023, à 44,6. Il n'y a donc pas eu beaucoup de bonnes nouvelles sur lesquelles se concentrer, ce qui a contribué à créer une toile de fond morose avant le rapport sur l'emploi américain de vendredi, qui est très important", poursuit la banque allemande.
Stephen Innes, de Spi AM, voit dans la réaction des marchés "la résurgence des craintes sur la croissance". "Comme d'habitude, si l'on donne aux investisseurs une raison de vendre à proximité d'un niveau record, ils s'en emparent", commente-t-il, rappelant au passage que le mois de septembre est historiquement l'un des pires pour le marché.
"Ce contexte historique peut aider à expliquer pourquoi le mouvement de mardi pourrait être le signe d'un sentiment plus large de diminution du risque, les investisseurs se préparant à une volatilité potentielle", estime d'ailleurs Mark Haefele d'UBS.
Enquête de la justice américaine
Nvidia ne semble pas paré pour rebondir bien au contraire. Le titre de la société abandonne 2,9% dans les échanges de pré-ouverture ce mercredi. Ce alors que Bloomberg a rapporté que la société fait l'objet d'une citation à comparaître (comme d'autres entreprises) de la part du département américain de la Justice (DOJ).
Les autorités américaines chercheraient à obtenir des preuves démontrant que le fabricant de puces aurait violé les lois antitrust américaines, en pénalisant ses clients qui n'achètent pas exclusivement ses produits. Le groupe, lui, se défend de pratiques anticoncurrentielles.
Cet épisode survient une semaine après que Nvidia a livré des résultats trimestriels robustes et supérieurs aux attentes, mais peut-être pas aussi étincelants que lors des dernières publications.
"Les résultats de Nvidia n’ont pas réussi à dépasser les attentes élevées des investisseurs, malgré des chiffres et des perspectives globalement positifs. Cela s’explique notamment par une croissance au troisième trimestre légèrement en-deçà des attentes des investisseurs buy-side", souligne Edmond de Rothschild AM,
Son action avait dévissé de 6,4% dans la foulée de la publication de ces comptes. Bank of America recommandait toutefois d'ignorer "le bruit trimestriel" et donc la réaction de marché, pour se positionner sur la valeur qui offre "une croissance unique à une valorisation raisonnable".
"Les marchés fonctionnent par cycle, avec souvent les mêmes interrogations qui surviennent régulièrement. Il y aura donc d’autres coups de mou concernant la révolution de l’IA (incarnée par Nvidia, sa figure de proue, NDLR), d’autres questionnements pour savoir si c’est une bulle ou pas. C’est normal. En revanche, ces phases pourraient être plus brutales en bourse", jugeait Christopher Dembik, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.
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