(BFM Bourse) - Tout en réitérant sa confiance en son modèle dit multi-boutiques de gestion d'actifs et en défendant le positionnement de l'une d'entre elles, H2O AM, ayant investi sur des obligations d'un émetteur allemand sujet à caution, Natixis a décidé d'anticiper le prochain audit de son affiliée.
Malgré la dégradation de l'avis de JPMorgan, le titre Natixis parvient à rebondir quelque peu lundi matin après une nouvelle semaine difficile (-11,69%, la cinquième baisse hebdomadaire consécutive) en Bourse en raison des inquiétudes du marché vis-à-vis de la liquidité de certains actifs de H2O Asset Management, un spécialiste de la gestion obligataire détenu à près de 50% par la banque. Vers 11h30, l'action gagne 2% à 3,47 euros.
Ayant perdu 37% de sa valeur l'an dernier, le titre Natixis avait nettement rebondi au premier trimestre 2019 avant de retomber de plus belle ces dernières semaines, jusqu'à toucher vendredi dernier un plus bas niveau depuis juillet 2016 à cause de sa filiale H2O, jusqu'ici l'une des plus performances de ses "boutiques" de gestion.
Plutôt que d'intégrer ses affiliés au sein d'un réseau unique, ce qui est davantage le modèle d'Amundi, Natixis a en effet choisi de s’appuyer sur 25 sociétés de gestion "indépendantes les unes des autres, autonomes dans leur politique d’investissement et se reposant sur des gestionnaires de talent", seuls la distribution et le contrôle des fonds étant centralisés.
H2O, fondée en 2010 par d'anciens gérants du Crédit Agricole Asset Management, Bruno Crastes et Vincent Chailley, et installée à Londres, est l'une des plus grandes de ces boutiques et faisait jusqu'à ces derniers jours figure de modèle dans le domaine de la gestion obligataire compte tenu de ses performances. Mais une enquête du FT Alphaville est venue semer le doute en révélant que H2O avait pris une exposition relativement importante sur des titres à la liquidité incertaine émis par des entités liées au financier allemand Lars Windhorst, visé par plusieurs procédures.
Lundi matin, Natixis a dit soutenir les mesures adoptées par la société de gestion H2O Asset pour que leur valorisation des titres considérés comme illiquides soit pleinement assurée en fonction de ces conditions de liquidité dégradées.
"Les actifs concernés sont des titres de dette privée de sociétés de nature très différentes et dont aucun n’est en situation de défaut. Néanmoins au vu du contexte actuel, les équipes de H2O AM ont décidé de comptabiliser ces créances non pas à leur valeur de marché en situation normale, mais à une valeur de cession complète immédiate, celle-ci ayant été déterminée sur la base de cotations pour transaction obtenues ce dimanche auprès de banques internationales, indépendantes de Natixis", indique la banque. Ces actifs représentent au total moins de 2% des encours des fonds de H2O.
"La liquidité de ces titres est assurée et permettra de faire face à d’éventuels retraits supplémentaires si certains clients, préoccupés par le bruit médiatique, décidaient de vendre une partie de leurs fonds. Par ailleurs, les moteurs de performance de long terme des fonds de H2O AM, démontrés depuis de nombreuses années au bénéfice de nos clients, demeurent intacts puisqu’ils n’étaient pas liés à ce type d’investissement", assure Natixis.
Par ailleurs, H2O AM a annoncé avoir supprimé, jusqu’à nouvel ordre, les droits d’entrée mis en place il y a quelques mois dans tous ses fonds.
"Dans le cadre du rétablissement de la confiance sur H2O Asset Management", Natixis a cependant décidé d’anticiper l’audit périodique de la boutique, en l’engageant dès le 21 juin. La banque précise que H2O Asset Management représente environ 3,7% des actifs gérés par Natixis Investment Managers et que sa contribution au résultat net part du groupe de Natixis s’élevait à environ 5% en 2017, 11% en 2018 et 6% au 1er trimestre 2019.
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