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Nasdaq Composite

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Nasdaq Composite : Guerre commerciale, et s'il n'y avait que des perdants...

lundi 3 février 2025 à 14h21

(BFM Bourse) - Cet article, en accès libre, est produit par l'équipe de recherche en analyse et stratégie boursière de BFM Bourse. Pour ne manquer aucune opportunité, consultez l'intégralité des analyses et découvrez nos portefeuilles en accédant à notre espace Privilèges.

Digérant à peine les impacts encore hypothétiques de l'émergence de DeepSeek, le Nasdaq Composite s'est contracté vendredi de 0,28% après avoir tutoyé en séance les 20 000 points symboliques. L'ouverture est attendue en forte baisse ce lundi, les investisseurs craignant que le ton de plus en plus martial de D. Trump sur les droits de douane n'échauffe davantage les rendements obligataires.

Après avoir confirmé de premières mesures contre ses voisins immédiats (le Canada et le Mexique jusqu'à 25%), ainsi que la Chine (10% additionnels), le Président américain sort les griffes en se montrant de plus en plus menaçant contre l'Union Européenne.

Avec un vocabulaire toujours aussi "riche", le locataire de la Maison Blanche a déclaré devant un parterre de journalistes, se basant sur le déficit de la balance commerciale avec l'Union Européenne: "Ils ne prennent pas nos voitures ni nos produits agricoles, presque rien et nous prenons tous, des millions de voitures, énormément de produits agricoles".

"Je n'ai pas de calendrier mais c'est pour très bientôt !", a-t-il éructé.

"Le Canada a déjà annoncé des mesures de rétorsion soit 25% de taxes douanières portant sur 107 milliards$ d'importations de produits américains. De son côté, la présidente mexicaine a indiqué qu'elle donnerait les détails des contremesures dès aujourd'hui. La Chine a également annoncé qu'elle adopterait des mesures de rétorsion sans toutefois donner plus de détail à ce stade", chiffre Alexandre Baradez (IG France), ouvrant, en filigrane, la question de savoir si dans la guerre commerciale qui s'ouvre, il y aura des gagnants et des perdants, ou uniquement des perdants...

"Ça commence à faire beaucoup, même pour les indices américains car ces annonces commerciales interviennent au moment où la Fed a décidé de faire une pause sur ses baisses de taux", a poursuivi l'analyste.

La question de l'impact inflationniste d'une intensification de la guerre commerciale est au cœur de la réflexion des gérants, qui commencent à vouloir sécuriser leurs gains sur les dossiers à très fort PER, dont l'indice qui nous intéresse ici regorge.

"Il est difficile de comprendre à ce stade quel est l’objectif économique recherché. Les États-Unis seraient perdants dans la situation actuelle, d’autant plus que le Mexique et le Canada comptent prendre de mesures de représailles. Le Canada l’a déjà fait et le Mexique devrait annoncer des mesures aujourd’hui", explique de son côté Sebastien Paris Horvitz de LBPAM.

"Ce qui est déjà certain est qu’un des objectifs majeurs de Donald Trump qui est de faire baisser l’inflation, ne sera non pas atteint mais va empirer à court terme. En suivant les estimations de la Fed faites dans le passé (en 2018), Bloomberg estime que l’impact sur le PIB américain des mesures annoncées pourraient coûter 1,2 point de pourcentage sur la croissance américaine et 0,7 points d’inflation en plus en année pleine", ajoute-t-il.

Et alors que les questionnements sur le dossier DeepSeek ne sont pas taris...

Pour rappel, cette startup, détenue par une société de gestion de fortune, est parvenue à "entraîner" son modèle d'IA pour 6 millions de $, une somme dérisoire face à celle engagée par l'Américain OpenAI, de l'ordre de 3 milliards de $. Et ce pour des résultats bluffants en termes d'efficacité de l'outil.

"Ce que Deepseek a pu réaliser avec l'IA open source et quelques stratégies d'apprentissage améliorées, en formant un modèle d'IA raisonnablement fort pour seulement un dixième du coût, a créé une onde de choc pour de nombreuses entreprises d'IA américaines", synthétise Yan Taw (YT) Boon, gérant chez Neuberger Berman, qui se veut rassurant et y voit potentiellement une opportunité.

"Il est probable que les États-Unis continueront à restreindre l’accès de la Chine aux puces avancées d’IA et aux équipements de fabrication de semi-conducteurs de pointe. En parallèle, les États-Unis vont accélérer le déploiement des infrastructures IA afin de maintenir leur avance dans cette course technologique. C’est dans ce contexte que l’on observe le retour du slogan de Trump : "Drill Baby Drill" (pour une énergie moins chère) et "Build Baby Build" (en référence au projet Stargate estimé à 500 milliards de dollars)".

De quoi toutefois poser trois questions essentielles, que les salles des marché ne peuvent ignorer:

1) Est-ce un véritable retour de la Chine dans la course à l'IA ? En tous cas, commercialement, la Chine va pouvoir légitimement écouler ses services à une clientèle de pays en développement, initialement tournés vers les références américaines en la matière.

2) La deuxième question est celle de la limite des sanctions américaines pour les exportations de puces à très grande puissance de calcul. Rappelons que depuis trois ans, les Etats-Unis n'exportent plus les semi-conducteurs les plus performants vers la Chine, les "NVidia A100". DeepSeek affirme avoir entraîné son modèle d'IA sur des puces beaucoup moins performantes en termes de puissance de calcul.

3) Ce qui permet d'embrayer sur la troisième question: la puissance de calcul, aussi indispensable soit elle, ne fait pas tout ! Les entreprises chinoises, privées des meilleures puces, ont été forcées d'innover dans le software, visiblement avec succès.

"Cette innovation démontre que, face à l'adversité, l'ingéniosité humaine peut surmonter les contraintes matérielles par des avancées logicielles. Le logiciel, en tant qu'entité intangible, échappe aux régulations et aux barrières commerciales, surtout lorsqu'il est partagé librement. Cette approche réduit la dépendance aux cartes graphiques de dernière génération pour entraîner des modèles performants, ce qui pourrait remettre en question les plans d'investissement des géants américains et affecter le chiffre d'affaires de sociétés comme Nvidia et Broadcom", analyse Abdoullah Sardi, Gérant d’Amplegest Digital Leaders.

Car derrière l'IA, il y a avant tout l'ingéniosité, et donc une forme d'intelligence humaine !

Au chapitre statistique vendredi, le PCE index, baromètre de prédilection de la Fed dans son appréciation de l'inflation, a progressé de 2,6% sur an en décembre, contre 2,4% en novembre toujours en rythme annuel. Sa composante sous-jacente, le "core PCE" qui exclut les éléments volatils tels que l'énergie et l'alimentation est resté stable à 2,8% sur un an, conformément aux attentes des économistes interrogés par le Wall Street Journal (2,8% sur un an).

"Le rapport sur l’inflation PCE sort globalement en ligne avec les attentes, qu’il s’agisse de l’inflation totale ou de l’inflation sous-jacente, et des variations mensuelles ou variations annuelles", avance Bastien Drut, responsable de la stratégie et des études économiques chez CPRAM.

Rappelons que la Fed a maintenu ses taux directeurs inchangés la semaine passée, en mettant en avant la force du marché de l'emploi. A noter qu'en conférence de presse post-FOMC, J. Powell a dit qu’il ne comptait pas "répondre ou commenter de quelque manière que ce soit ce que le président [Trump] dit". "Ce serait inapproprié", a-t-il ajouté de manière très flegmatique, ajoutant qu’il n’avait "eu aucun contact" avec le locataire de la Maison Blanche depuis son investiture, il y a une dizaine de jours.

Côté valeurs, Apple (-0,67%) publiait jeudi soir. Si la baisse est minime, la bougie tracée, en englobante baissière d'école, détériore en revanche le profil graphique de très court terme. Le groupe de technologies grand public a annoncé des revenus en baisse pour l'iPhone au premier trimestre de son exercice 2024-2025. Mais le directeur financier, Kevan Parekh, a indiqué que la société anticipait un retour à une légère croissance pour le trimestre en cours.

A suivre à 16h00 l'ISM manufacturier.

ELEMENTS GRAPHIQUES CLES

Les 20 000 points symboliques vont progressivement constituer un niveau de résistance, s'ils ne sont pas rapidement reconquis. Dans l'immédiat, une navigation un peu plus prudente est requise, d'autant que le gap du 06 novembre peut avoir progressivement un effet d'attraction. Sa borne basse vaut 18 449 points. Il sera temps ensuite d'anticiper la formation, et d'identifier l'allure, de la figure de consolidation (rectangle, losange, biseau, jambe de correction)...

Pour l'instant une consolidation de type élargie tient la corde. Avis très négatif à l'échelle de la séance à venir, au sein de cette figure, qui prend de plus en plus l'allure d'un diamant (losange). Il s'agit d'une figure d'accumulation. La question de la sortie de cette figure ne tardera pas à se poser.

PREVISION

Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnées, notre avis est négatif sur l'indice Nasdaq Composite à court terme.

Ce scénario baissier est valable tant que l'indice Nasdaq Composite cote en dessous de la résistance à 20180.00 points.

Le conseil BFM Bourse

Nasdaq Composite
Négatif
Résistance(s) :
-
Support(s) :
-

GRAPHIQUE EN DONNEES QUOTIDIENNES

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