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Alors que le reflux des actions américaines s'accélèrent, tout particulièrement sur les dossiers technologiques à fort PER, le CAC est revenu tester un garde-fou technique lundi vers 8 000 / 8030 points, en baisse de 0,90%, avec clôture sur les points bas du jour. Les opérateurs restent inquiets quant à un possible point d'inflexion de l'économie américaine, sur fond d'intense guerre commerciale.
"Par démagogie, par populisme, le Président américain risque de plonger son pays en récession, un comble ! Que les États-Unis soient confrontés à un déficit commercial important, 920 milliards de dollars en 2024, est une évidence. Que ce déficit soit la conséquence de pratiques commerciales douteuse, sans nul doute. Mais le recours au protectionnisme est une réelle absurdité pour un pays qui domine tous les grands secteurs de pointe et qui pèse plus du quart du PIB mondial", selon les mots de Philippe Crevel, dans son dernier édito du Cercle de l'Epargne.
Interrogé, ce week-end, sur la possibilité d'une récession ou d'une inflation plus forte qui seraient provoquées par les surtaxes douanières, Donald Trump n'a pas répondu clairement. Le président américain a simplement parlé d'"une période de transition". Son secrétaire au commerce, Scott Bessent, a lui évoqué des "ajustements" et une économie américaine qui pourrait connaître un peu le tournis. Le dernier NFP (Non Farm Payrolls), sans être catastrophique, a milité en ce sens, tout comme de récentes publications qui ont fait tiquer les salles des marchés: PMI services, U-Mich de confiance des consommateurs.
Sans être catastrophique, le dernier rapport mensuel sur l'emploi, publié vendredi, distillait quelques doutes supplémentaires. Le taux de chômage progresse légèrement, à 4,1% de la population active, là où le consensus laissait augurer une stagnation à 4,0%. Le nombre de créations de postes manquent, de peu il est vrai les attentes, à un peu plus de 150 000. RAS en revanche concernant la progression des salaires horaires moyens à +0,3%.
"Pour l'instant, ces données indiquent une situation neutre : pas de faiblesse significative, mais pas non plus de boom économique. C’est plutôt une image cohérente avec une économie passant d’une croissance élevée à une croissance plus proche de son potentiel. À l'avenir, l’impact des réductions d’emplois dans le secteur public, l'incertitude persistante dans les entreprises et l'industrie susceptible d'affaiblir la demande, ainsi que les conséquences d'une immigration plus faible restent incertains et représentent clairement des risques à la baisse", analyse Christian Scherrmann, Économiste en chef des États-Unis pour DWS.
L'Europe fait toutefois montre d'une forte résistance aux tentations de prises de profits à ce stade. "Le plan d’infrastructures allemand et les dépenses de défense européennes constituent un point de rupture. Le 10 ans allemand s’est envolé de près de 50 pb vers 2,90 %. A l’inverse, le T-note oscille autour de 4,25 % entre mauvaises nouvelles économiques et incertitude tarifaire. Sur les marchés d’actions, la technologie américaine décroche alors que l’Europe poursuit sa hausse", synthétise Axel Botte, d'Ostrum AM.
Une psychologie de marché appuyée par la statistique du jour, l'indice Sentix de confiance des investisseurs en Zone Euro, qui bondit au-delà des attentes, à -2,9.
Côté valeurs, dans cet océan d'incertitudes, plusieurs valeurs cycliques tels que Saint-Gobain (-5,5%), Société Générale (-5,25%) et Arcelormittal (-4,6%) ont accusé le coup ce lundi. Alstom a pour sa part rendu 4,5% alors que Citi est passée d'"acheter" à "neutre" sur le titre. Air France-KLM a limité son repli à 1,1% alors que Bernstein a abaissé son conseil à "performance de marché" contre "surperformance" précédemment. L'intermédiaire financier estime que la société aura du mal à réduire ses coûts et préfère d'autres groupes en Bourse davantage exposés au trafic transatlantique.
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont vivement reflué lundi, à l'image du Dow Jones (-2,08%) mais surtout du Nasdaq Composite (-4,00%). Le S&P500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, s'est contracté de 2,70% à 5 614 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traitait à un niveau proche des 1,0860$. Le baril de WTI, l'un des baromètres de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 65,80$. Les Treasuries 10 years, rendement des obligations souveraines fédérales à échéance 10 ans, se négociaient légèrement au-dessus des 4,19%.
A l'agenda macroéconomique ce mardi, à suivre en priorité les nouvelles offres d'emplois (JOLTS) aux Etats-Unis à 15h00.
On notera que la Côte Est des Etats-Unis est passée en heure d'été. Par conséquent, et en attendant que la France métropolitaine y passe, Wall Street ouvrira à 14h30, au lieu de 15h30.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
L'indice phare tricolore est typiquement en phase de consolidation, entre les 8 000 points symboliques et les sommets historiques qu'il vient de frôler. Ces derniers vont jour pour les mois à venir un niveau intermédiaire de résistance, auquel l'indice s'attaquera lorsqu'il aura accumulé assez d'énergie. Seule une rupture brutale des 7 810 points viendrait sonner l'alarme. Un travail entre 7 810 et 8 000 points dans les prochaines semaines est le scénario graphique de prédilection.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons mentionnées, notre avis est négatif sur l'indice Nasdaq Composite à court terme.
Ce scénario baissier est valable tant que l'indice Nasdaq Composite cote en dessous de la résistance à 8260.00 points.
Le conseil BFM Bourse
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