(BFM Bourse) - Le spécialiste des ustensiles de cuisine annonce solliciter un placement en procédure de sauvegarde, faute de nouvelles commandes de Whirlpool, son principal client.
La situation se complique très nettement pour Mastrad. Le spécialiste des ustensiles de cuisine a annoncé mardi soir après la clôture des marchés un placement en procédure de sauvegarde, conséquence de l'arrêt des commandes de Whirlpool, son principal client.
Mastrad explique avoir finalisé deux très importantes livraisons de thermomètres connectés pour Whirlpool en août et en septembre, mais que, depuis, le géant américain de l'électroménager n'a pas émis de nouvelles commandes. Pire encore, aucune communication sur les prévisions pour 2024 n'a été transmise par l'américain. Un énorme coup dur pour la société française puisque l'an dernier, Whirlpool pesait plus de 70% du chiffre d'affaires de Mastrad sur le segment thermomètres connectés.
La visibilité sur l'année 2024 des commandes de thermomètres connectés s'avère "donc fortement amoindrie", admet Mastrad. La trésorerie du groupe s'en trouve dégradée. Et donc la société n'est plus en mesure de payer les échéances à venir.
Une course contre la montre
L'entreprise considère qu'au regard de sa situation de trésorerie actuelle, elle est en mesure "de continuer son engagement envers le développement de ses produits et de ses initiatives commerciales". Mais pour préserver son matelas financier, Mastrad explique avoir formulé une demande de mise en place d'une procédure de sauvegarde auprès du Tribunal de commerce de Paris.
Pour une entreprise en difficulté, la procédure de sauvegarde est susceptible d’accroître ses chances de parvenir à un plan de restructuration de sa dette avec ses créanciers.
La France a mis en place cette procédure en 2006, qui est une alternative au redressement judiciaire. Le principe est (presque) le même puisqu'il s'agit d'éviter la liquidation d'une entreprise présentant des difficultés de paiement.
Dans le cas de Mastrad, l'ouverture de la procédure de sauvegarde permettra à la société de faciliter la recherche de nouveaux partenaires, ainsi que de protéger la trésorerie actuelle, "assurant ainsi la sécurité des investissements planifiés pour les mois à venir".
Une course contre-la-montre s'engage donc pour Mastrad, qui se dit pourtant "résolument optimiste quant à son avenir".
"La société perçoit la demande de procédure de sauvegarde si elle aboutit comme une étape stratégique visant à assurer une transition stable vers une nouvelle phase de croissance et de prospérité pour l'entreprise et ses actionnaires", explique Mastrad dans son communiqué.
Un recentrage sur des produits plus rentables
En grande difficulté financière, avec une activité minée par les soucis logistiques et la crise du pouvoir d'achat des ménages, Mastrad avait dû en effet prendre des décisions radicales. Fin janvier, la société avait fait un appel au marché pour assurer sa survie et étendre son horizon financier à plus d'un an. Sans cette opération, ce même horizon financier se serait alors arrêté au mois suivant, soit celui de février. Autrement dit demain pour la société qui avait un besoin impérieux de reconstituer sa trésorerie à court terme.
Et ainsi piloter au mieux son recentrage, quitte à prendre des décisions radicales dont, la plus emblématique est celle de ne plus exploiter en propre son activité de produits traditionnels – c'est-à-dire non électroniques. Soit les moules, spatules ou autres cuillères...
Désormais, Mastrad ne commercialise plus que des ustensiles de contrôle et de mesure de la température, ainsi que des accessoires intelligents et connectés. Et dans les comptes récemment publiés fin octobre, ce recentrage sur ces activités en croissance et plus rentables commençait manifestement à être payant. Entre janvier et juin, ce qui correspond au second semestre pour Mastrad, le groupe a vu ses ventes bondir de 18% comparé au premier semestre, pour ressortir à 3,4 millions d’euros. Autre point significatif, la perte nette part du groupe a été contenue à 0,32 million d'euros sur la période.
Confiante dans ce recentrage, Mastrad expliquait aussi élargir sa gamme de sondes de température sans fil avec le lancement début 2024 de nouveaux produits, afin de compléter sa gamme de thermomètres connectés. Mais lâché par son principal client, Mastrad doit désormais assurer sa survie. La décision du Tribunal de commerce de Paris sur son placement en procédure de sauvegarde est attendue le lundi 8 janvier, ajoute l'entreprise en difficulté.
En attendant l'évolution de cette procédure, le titre de la société est donc suspendu à la Bourse de Paris sur un dernier cours de 0,02 euro. Fondé en 1994, Mastrad s'est fait connaître avec l'invention du savon d'acier antiodeurs Deos, rappelle Le Monde à l'occasion de l'entrée en Bourse de cette société en mai 2006 sur Alternext (l'ancien nom d'Euronext Growth, NDLR) à un prix fixé à 7,13 euros.
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