(BFM Bourse) - À la clôture de vendredi, le numéro un du luxe était redevenu la plus importante capitalisation européenne, devançant le groupe danois Novo Nordisk. Les deux sociétés ont affiché des dynamiques opposées, ce qui a permis à LVMH de refaire un retard très important.

LVMH a repris une couronne que le groupe français avait abandonnée à l'automne 2023. Le numéro un du luxe est redevenu, à la clôture de vendredi, le plus important groupe européen en Bourse, devançant le danois Novo Nordisk, qui l'avait privé de ce titre honorifique il y a un an et demi.

Vendredi soir, LVMH affichait une capitalisation boursière de 358,16 milliards de dollars (soit environ 347 milliards d'euros) contre 352,91 milliards de dollars, selon companiesmarketcap.com.

Évidemment, cet écart reste infime -environ 2%- et Novo Nordisk pourra très bien repasser devant ce lundi 20 janvier ou dans les prochains jours. Pour l'heure, LVMH recule de 0,2% vers 10h45 tandis que le groupe danois prend 0,2% à Copenhague.

Mais peut-être plus que la première place symbolique de LVMH, c'est la dynamique totalement contradictoire entre les deux sociétés qui s'avère impressionnante.

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Essais cliniques décevants

En décembre, l'écart entre les deux capitalisations boursières dépassait les 100 milliards de dollars, un impressionnant fossé. En l'espace d'un mois et demi, la donne a été totalement bouleversée. Depuis début décembre, LVMH a pris 16,7% tandis que Novo Nordisk a chuté de 24%.

La société danoise a surtout souffert le 20 décembre, séance au cours de laquelle son titre avait dévissé de 20,7%, à la suite de résultats décevants sur un essai clinique de phase III (la dernière étape avant la commercialisation potentielle d'un médicament).

Cet essai clinique a porté sur Cagrisema, un potentiel nouveau traitement anti-obésité du groupe danois, qui combine deux molécules pour réduire la glycémie, à savoir le sémaglutide et le cagrilintide. Les résultats de cet essai avaient montré que 22,7% des patients traités avec Cagrisema avaient connu une perte de poids significative au bout de 68 semaines, taux qui tombait à 20,4% en incluant les patients qui ont abandonné le traitement en cours de route.

Ces chiffres s'avéraient décevants, car la société visait un taux de plus de 25%. De plus, ce taux ne montrait qu'une amélioration modeste par rapport au Zepbound du concurrent américain Eli Lilly, un autre médicament anti-obésité. Le Zepbound avait lui affiché un taux de perte de poids significative sur une période comparable d'environ 20%, selon Barclays.

Baisse de prix en vue aux États-Unis

Vendredi 20 janvier, Novo Nordisk a encore perdu 4,3%, le repli qui lui a fait perdre le statut de première capitalisation européenne (le même jour LVMH a perdu 0,8%). Le groupe pharmaceutique danois a pâti d'informations rapportant que ses deux blockbusters anti-obésité et anti-diabète, Wegovy et Ozempic, faisaient partie des traitements ciblés pour des négociations de prix dans le cadre du programme américain Medicare pour 2027. Ce qui signifie, en clair, que le prix du médicament pourrait être réduit.

Selon Bloomberg, les prix de ces traitements de Novo Nordisk s'élèvent à 1.000 dollars par mois et les ventes de Novo Nordisk passée dans le cadre du programme Medicare représentent environ 10% du chiffre d'affaires total de la société danoise, selon les données de Leerink Partners, citées par l'agence. Le dernier cycle de négociations de prix Medicare avait abouti à une baisse moyenne de 22% des prix des médicaments ciblés, selon Bloomberg.

"Bien que l’inscription du semaglutide dans la liste des médicaments à négocier pour Medicare ne soit pas une surprise, le double défi des capacités de production limitées et d’un prix plafonné aux États-Unis, 1er marché mondial de l’obésité, fait craindre au Marché un impact sur les prévisions et une révision des objectifs", explique Invest Securities.

À l'opposé, LVMH a le vent en poupe et prend 8,8% sur l'ensemble de 2025, signant la plus forte hausse du CAC 40. Le groupe de luxe a été aidé, la semaine dernière, par les excellents résultats de son comparable suisse Richemont. L'établissement helvétique, que certaines rumeurs envoient parfois dans les bras de LVMH ou Kering, a signé une activité tonitruante sur le trimestre clos en décembre, avec des ventes en hausse de 10% hors effets de changes, quand les analystes tablaient sur une progression limitée à 1%.

Richemont remet le luxe en orbite

Ce qui a remis en question la prudence du marché sur les perspectives du luxe. "La majorité des investisseurs considèrent que la faiblesse de 2024 est en grande partie de nature cyclique, mais s'attendent à ce qu'elle se poursuive au moins jusqu'au premier semestre 2025. L'amélioration de 10 points de pourcentage en rythme séquentiel (d'un trimestre sur l'autre) pour Richemont, combinée à une croissance plus forte dans toutes les régions, a rapidement remis en question ce raisonnement", souligne Deutsche Bank. "Les résultats de Richemont confirment la thèse d'une amélioration à court terme du secteur du luxe", juge de son côté Royal Bank of Canada dans une note parue ce lundi.

Cerise sur le gâteau pour LVMH: le même jour Bank of America a relevé à l'achat son opinion sur l'action. Anticipant une polarisation dans le luxe, avec des gagnants encore plus forts et des perdants encore plus faibles, la banque a jugé que LVMH, au vu de son bon bilan en la matière, a de bonnes chances de surperformer la reprise du luxe en 2025. La banque américaine estime que le numéro un du luxe pourra, dans cette optique, s'appuyer sur sa marque phare Louis Vuitton. La banque américaine loue la stratégie de la griffe parisienne, qui réussit à se réinventer, mais aussi à attirer et fidéliser une nouvelle clientèle grâce à des produits à des prix moins élevés que la moyenne de sa gamme.

LVMH publiera ses résultats annuels le 28 janvier. Au vu de sa récente envolée sur le marché, le groupe de luxe n'aura guère le droit de décevoir le marché sous peine de lourde sanction.