(BFM Bourse) - Le groupe numéro un du luxe a enregistré une baisse généralisée de ses résultats au premier semestre, pénalisé par l'atonie de la demande pour les produits de luxe. La division mode et maroquinerie a particulièrement souffert, avec une baisse de ses revenus de 9% en données comparables au deuxième trimestre.

Le marché redoutait depuis plusieurs semaines une publication difficile de la part de LVMH au titre du premier semestre (et du deuxième trimestre pour ses revenus).

Ce, car la demande pour les produits de luxe a été affectée par les incertitudes économiques causées par les droits de douanes, une baisse des dépenses des Américains en Europe (en raison d'un dollar plus faible face à l'euro) et des consommateurs chinois encore sous pression. UBS n'attend d'ailleurs pas de reprise significative du luxe avant le second semestre 2026.

Dans ce contexte délétère, le bénéfice de LVMH a chuté au premier semestre passant à 5,7 milliards d'euros contre 7,3 milliards d'euros un an plus tôt, soit une baisse de 22%.

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La division mode et la maroquinerie chute de 9% au deuxième trimestre

Les ventes de l'entreprise ont encore souffert au deuxième trimestre. Les revenus de LVMH ont reculé de 4% en données comparables après une baisse de 2% sur le trimestre précédent. La division phare de l'entreprise, à savoir la mode et la maroquinerie, a particulièrement faibli, avec une chute de ses revenus de 9% après une baisse de 5% au premier trimestre.

Selon un consensus cité par Royal Bank of Canada, les analystes tablaient sur un repli de 4% des revenus de la société en données comparables, et de 7% pour la division mode et maroquinerie.

La banque canadienne estime que la chute des revenus de la division "mode et maroquinerie", "décevra probablement" les investisseurs et "soulèvera probablement des questions sur la santé du portefeuille de marques du groupe dans le 'soft luxury' (les vêtements et la maroquinerie, NDLR)". Royal Bank of Canada note toutefois que les divisons "vins spiritueux" et "distribution sélective" (Séphora et ventes dans les aéroports) ont dépassé les attentes.

"LVMH a annoncé un nouveau trimestre difficile, avec un repli organique de 9% pour la division mode et maroquinerie, qui revêt une importance capitale (contre un consensus des analystes financiers de -6,4 %). Toutes les autres divisions dépassent les prévisions consensuelles", observe de son côté Bernstein.

Par régions, les ventes ont été stables en Amérique du Nord sur le trimestre en données comparables, ont reculé de 6% Asie hors Japon. Elles ont chuté de 28% au Japon et ont reculé de 1% en Europe. Les ventes au Japon ont été pénalisées par la remontée du yen qui rend moins intéressants les achats des produits de luxe pour les touristes, notamment chinois.

Le Japon avait, sur l'ensemble du premier semestre 2024 "bénéficié de la hausse anormale des dépenses de la clientèle touristique à cause de la forte baisse du yen", explique d'ailleurs LVMH dans son communiqué.

Vigilance sur le second semestre

Sur l'ensemble du premier semestre, les revenus de LMVH ont baissé de 3% en données comparables à 39,8 milliards d'euros.

Du côté des autres lignes de compte, LVMH a généré un résultat opérationnel courant de 9 milliards d'euros, contre 10,65 milliards d'euros un an plus tôt, en baisse de 15%.

"Le résultat opérationnel courant a dépassé de 2% ou 150 millions d'euros les prévisions, grâce à ce qui semble être une maîtrise des coûts dans un contexte de demande difficile", apprécie Bernstein sur ce point.

"Nous abordons la seconde partie de l’année avec une grande vigilance et je suis confiant dans le formidable potentiel de LVMH à long terme et dans l’engagement de nos équipes pour renforcer encore l’avance du groupe sur le marché du luxe", a déclaré le PDG du groupe, Bernard Arnault, cité dans un communiqué.

Citée par Reuters, la directrice financière du groupe, Cécile Cabanis a estimé que si les États-Unis et l'Union européenne parvenait à s'accorder sur des droits de douane américains de 15%, comme suggéré par plusieurs articles, cela constituerait "un bon résultat" qui serait positif pour "l'humeur" des clients.

La dirigeante a également estimé que l'environnement actuel constituait une opportunité pour la société d'optimiser sa structure de coûts.

Cécile Cabanis a aussi déclaré que le groupe n'avait aucune raison de penser que les allégations d'abus envers les travailleurs de sa marque italienne Loro Piana affecteraient les ventes.

La maison transalpine de LVMH a été placée mi-juillet sous "administration judiciaire" en Italie, selon l'AFP, accusée d'avoir "facilité par négligence" l'exploitation d'ouvriers chinois chez des sous-traitants.

De son côté, Bernard Arnault a annoncé dans un entretien au Figaro que le groupe allait ouvrir un nouvel atelier Louis Vuitton aux États-Unis. "Louis Vuitton possédait déjà un atelier aux Etats-Unis quand je suis arrivé chez LVMH. Etant donné le développement de la maison aux États-Unis, nous en avons ouvert un nouveau il y a cinq ans, et nous prévoyons d'en ouvrir un autre pour répondre à la demande, toujours au Texas", a déclaré le dirigeant au quotidien.

La réaction du marché à l'ensemble de ces annonces s'observera vendredi à la Bourse de Paris. À New York, l'ADR de LVMH (un certificat de dépôt qui permet aux investisseurs américains de se positionner sur des titres étrangers) perd 2,6% vers 18h.