(BFM Bourse) - GECI International s'apprête à franchir une nouvelle étape dans le métier de constructeur aéronautique. Les grandes manœuvres pour le regroupement de son programme Skylander avec les activités de sa filiale Reims Aviation sont en cours. Serge Bitboul, le PDG du groupe, nous explique les tenants et les aboutissants de cette opération visant à doter GECI International de la structure nécessaire à ses ambitions sur le marché mondial des avions bi-turbopropulseurs.

Tradingsat.com : Avant toute chose, quand la construction de l'usine dédiée au Skylander va-t-elle débuter ?

Serge Bitboul : Il est prévu de démarrer la construction du site industriel au printemps. Les sondages archéologiques sur l'ancienne base militaire de Chambley sont maintenant achevés et les divers dossiers administratifs sont en cours. Nous devrions recevoir les autorisations d'ici trois mois pour lancer la construction. Nous préparons en ce moment les plans d'aménagement du hangar qui nous servira pour l'assemblage des prototypes du Skylander.

Tradingsat.com : Pouvez-vous faire le point sur le financement du Skylander ?

Serge Bitboul : Le programme Skylander bénéficie de soutiens publics, comme le Crédit d'impôt recherche, l'Aide à finalité régionale, la Prime d'aménagement du territoire, ou bien encore les avances remboursables OSEO. Dans un proche avenir, des investisseurs publics et privés viendront renforcer le capital de Reims Aviation Industries, qui sera bientôt rebaptisée GECI Aviation Industries.

Tradingsat.com : …suite à l'opération d'apport partiel d'actifs que vous venez d'annoncer.

Serge Bitboul : Exactement. GECI International détient aujourd'hui 59,1% de Reims Aviation Industries. Notre participation va monter à 94% après l'apport de la branche d'activité Skylander. En sus des investisseurs publics et privés, nous donnerons la possibilité au marché de participer au capital.

Tradingsat.com : Mais pour l'heure, les actionnaires de Reims Aviation se retrouvent très dilués…

Serge Bitboul : Dilués mais pas perdants. GECI International apporte des perspectives immenses à une société de petite taille, et une visibilité qui permet aujourd'hui à Reims Aviation d'être considérée comme une société pérenne, avec un avion qui répond parfaitement aux besoins d'une clientèle d'opérateurs civils et militaires, et d'enregistrer de nouvelles commandes. Les opérateurs ont besoin de visibilité et sont rassurés par la présence d'un groupe d'ingénierie reconnu, et par les perspectives ouvertes par le programme Skylander. Un avion est produit pendant 20 ans et exploité pendant 30 ans au minimum !

Tradingsat.com : Quelles synergies vont précisément permettre ce rapprochement ?

Serge Bitboul : Tout d'abord, le Skylander et le F 406, mis à part leur différence de taille, sont deux avions aux caractéristiques très similaires : non pressurisés, construits tout en aluminium, motorisés par des turbopropulseurs Pratt & Whitney à hélices. Cela nous permet en particulier de gagner un temps précieux dans la chaîne d'approvisionnement pour établir des contrats avec les fournisseurs, qui travaillent déjà pour beaucoup avec Reims Aviation. Le savoir faire de Reims Aviation en matière industrielle nous permet aussi d'accélérer la construction de nos prototypes. Et les équipes du Skylander profitent par ailleurs des compétences de Reims Aviation dans l'intégration de systèmes. Les synergies commerciales sont enfin bien réelles. Le F 406 aide à vendre le Skylander, et inversement, dans des proportions qui dépassent nos attentes initiales.

Tradingsat.com : Vous venez par ailleurs d'annoncer une augmentation de capital réservée à deux investisseurs.

Serge Bitboul : Ce sont deux sociétés d'investissement qui participent chacune à hauteur de 4.5 % du capital de GECI International, et qui croient, à juste titre, aux perspectives du Skylander.

Tradingsat.com : Vous parlez d'un portefeuille commercial de 600 appareils.

Serge Bitboul : Nous sommes en discussions avec 45 opérateurs intéressés par l'avion dans le monde entier, avec lesquels nous avons démarré des évaluations, des comparaisons avec des appareils concurrents tels que le Twin Otter, le Casa, le Dornier… Le Skylander donne un vrai coup de vieux à tous ces avions conçus dans les années 60 ! On recense déjà 14 commandes fermes, et des négociations sont très avancées pour 31 appareils, avec 5 compagnies. Nous sommes en train de finaliser avec elles les dossiers de financement, le prix des pièces détachées, les conditions d'après-vente, les délais de livraison…

Tradingsat.com : Le calendrier est-il toujours le même ?

Serge Bitboul : Nous comptons toujours livrer les premiers appareils au second semestre 2012.

Tradingsat.com : Vous visez plus de 400 millions de chiffre d'affaires en 2017 pour le seul Skylander, cela paraît beaucoup.

Serge Bitboul : Nous allons changer de dimension avec ce métier de constructeur aéronautique. Le Skylander nous ouvre un marché mondial considérable. C'est un relais de croissance formidable. Le chiffre d'affaires de GECI International aujourd'hui, c'est 50 millions d'euros. Il sera multiplié par dix d'ici quelques années, lorsque le Skylander sera produit et vendu au rythme d'une centaine d'exemplaires par an, soit 9 avions par mois.

Tradingsat.com : Ce changement suppose que vous étoffiez considérablement vos équipes.

Serge Bitboul : Nous avons d'ores et déjà recruté des responsables de très haut niveau, qui ont rejoint l'équipe Skylander, que ce soit sur l'aspect technique, programme, production, qualité ou en encore commercial ou support produit.

Tradingsat.com : Un mot sur la situation dans votre métier historique de prestataire en ingénierie ?

Serge Bitboul : Notre activité de prestataire de services d'ingénierie poursuit sa croissance, en dépit d'une conjoncture difficile. 2010 se présente bien : nous avons été sélectionnés par Thales en tant que partenaire de référence et nous figurons également parmi les fournisseurs privilégiés d'EADS. Notre rentabilité opérationnelle courante est très satisfaisante : elle s'établissait un à peu plus de 10% au 1er semestre de l'exercice 2009/2010. Mais nous visons un résultat d'exploitation supérieur à 15% avec le Skylander…

Propos recueillis par François Berthon