(BFM Bourse) - Le producteur de minéraux industriels a annoncé ce lundi 6 janvier que ses entités nord-américaines avaient franchi une étape importante qui devrait leur permettre de sortir de la procédure du "Chapter 11", le régime américain de faillite. Et mettre un terme à cette saga qui empoisonne son existence boursière.

C'est un très lourd feuilleton qu'Imerys espère prochainement clôturer. Depuis 2018, la société a vu sa performance boursière être pénalisée par le dossier du talc nord-américain. Imerys était devenu un important producteur de ce minerai à la suite du rachat, en 2011, du groupe Luzenac à Rio Tinto.

Le talc est notamment utilisé dans l'automobile, dans la fabrication de papier et de cosmétiques. Imerys a également fourni du talc au groupe pharmaceutique Johnson & Johnson pour des produits destinés à apaiser les irritations de certaines zones sensibles chez les nourrissons ou à aider les femmes à réduire l'humidité et les odeurs sur certaines parties génitales.

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Ce sont ces derniers produits qui subissent depuis des années une controverse, des milliers de consommateurs américains les accusant d'avoir causé des cancers. Johnson & Johnson et Imerys ont toujours contesté ces accusations.

Face à l'avalanche de poursuites - un analyste évoque plus de 12.000 plaignants - Imerys a placé en février 2019 ses trois filiales nord-américaines sous le fameux "chapter 11", le régime américain des faillites, de sorte à trouver une issue à l'ensemble des contentieux.

Validation par les plaignants

Cette procédure a toutefois pris beaucoup de temps. En 2021, un "plan de réorganisation" visant à solder ce dossier avait été présenté aux plaignants. Ce plan avait raté de peu le seuil de 75% d'avis positif des plaignants nécessaires à son acceptation.

Imerys a ensuite élaboré une proposition de plan révisé qui a, là encore, pris du temps avant d'être arrêtée en janvier 2024. En novembre dernier, Imerys avait annoncé que la justice américaine avait approuvé cette proposition, autorisant sa soumission aux plaignants et aux créanciers d'Imerys.

Ce lundi 6 janvier, Imerys a indiqué que 90% des plaignants avaient voté pour en faveur de ce plan de réorganisation, dépassant ainsi le seuil de 75%. Ce qui ouvre donc la voie à une sortie du chapitre 11 des filiales nord-américaines de l'entreprise.

"Imerys se félicite de cette avancée positive même s’il reste quelques étapes à franchir avant la conclusion du processus de Chapter 11 des entités talc nord-américaines", a déclaré la société dans un communiqué.

"La procédure se poursuit désormais en vue de l’audience de confirmation du plan devant le tribunal compétent, actuellement prévue au second trimestre. Sous réserve de cette confirmation, le tribunal fédéral de district des États-Unis devra ensuite revoir et approuver également la décision rendue", a précisé la société.

"Actifs cachés"

Imerys ajoute que la provision constituée dans ses comptes consolidés "est jugée adéquate pour couvrir les conséquences financières de ce plan et la résolution des passifs historiques liés à l’activité talc du groupe aux États-Unis".

Selon le rapport financier semestriel de l'entreprise, Imerys avait provisionné un peu plus de 110 millions d'euros dans ses comptes au titre de ce dossier à fin juin 2024.

À la Bourse de Paris, l'action Imerys progresse nettement à la suite de ces annonces, s'adjugeant 6% vers 11h15, l'une des plus fortes hausses du SBF 120.

"Même s'il reste des étapes, notamment de potentiels recours de la part des plaignants ayant refusé le plan, cela envoie un signal positif et montre que ce dossier est en bonne voie", note un analyste.

Fin octobre dernier, Oddo BHF jugeait que la meilleure visibilité sur ce dossier devrait permettre aux investisseurs de "redécouvrir les actifs cachés" d'Imerys". Le bureau d'études citait "The Quartz Corp", une co-entreprise détenue à 50% qui fournit les marchés des panneaux solaires et des semi-conducteurs avec des solutions de quartz de haute pureté, ainsi que ses mines de lithium.