par Chang-Ran Kim

TOKYO (Reuters) - Ford va mettre fin à 12 ans de contrôle de Mazda, en vendant une participation de 20% dans le constructeur automobile japonais, dernière tentative en date d'un des trois géants américains du secteur pour trouver en urgence du cash et éviter une faillite.

Mazda a déclaré de son côté qu'il allait racheter 6,87% de ses propres actions à Ford, pour un montant pouvant atteindre 17,9 milliards de yens (147 millions d'euros) et conserver ses titres en auto-contrôle. Plus de 20 partenaires vont racheter les 13% restants.

Ford, qui contrôlait jusqu'ici 33,4% de Mazda, est en mal de liquidités, touché de plein fouet par la baisse du marché automobile aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde. Avec General Motors et Chrysler, Ford a demandé une aide publique de l'Etat américain pour éviter la faillite et devrait le faire à nouveau lors d'auditions au Congrès américain ce mardi.

Dans le cadre de ce changement actionnarial, Mazda précise que deux membres de son conseil d'administration nommés par Ford céderaient leurs places. Le vice-président exécutif de Mazda, Philip Spender, va lui rester en poste.

Le directeur général de Mazda, Hisakazu Imaki, premier patron japonais du constructeur après une série de responsables venus de chez Ford, va céder son poste à un autre vice-président exécutif, Takashi Yamanouchi, pour devenir président du conseil d'administration.

Ford, qui subit une baisse continue de ses ventes, essentiellement aux Etats-Unis, et a enregistré une perte trimestrielle de 2,98 milliards de dollars, devrait retirer 52 milliards de yens (428 millions d'euros) de la vente de sa participation, précise Mazda.

Les deux groupes vont conserver leurs liens stratégiques et Ford va garder sa participation restante de plus de 13% dans Mazda, dont il sera toujours le principal actionnaire, a déclaré Imaki lors d'une conférence de presse au siège du groupe, à Hiroshima, et retransmise à Tokyo.

PREMIÈRE PARTICIPATION EN 1979

"Cet accord permet à Ford de lever des capitaux qui vont aider à financer notre transformation liée à nos produits et il permet, dans le même temps, à Ford et Mazda de poursuivre une relation stratégique à succès dans l'intérêt des deux groupes", écrit dans un communiqué le P-DG de Ford, Alan Mulally.

Mazda a bondi de 6,36% à 184 yens mardi à la Bourse de Tokyo, où l'indice Nikkei a cédé 2,28%.

Ford avait acquis une première participation dans Mazda en 1979 et pris le contrôle du japonais en 1996, alors que le constructeur luttait pour sa survie.

Les deux partenaires partagent des plates-formes de véhicules et des ressources en ingénierie et possèdent ensemble plusieurs usines d'assemblage, aux Etats-Unis, en Thaïlande et en Chine.

"La vente de titres Mazda par notre partenaire Ford ne va entraîner aucun changement dans l'orientation stratégique de Mazda", a déclaré Imaki, le patron du japonais. "Nous allons poursuivre notre relation stratégique à travers nos coentreprises en cours avec Ford et à partager des plates-formes et des moteurs".

Imaki a refusé de dévoiler l'identité des autres acheteurs de titres Mazda, se contentant de dire qu'il s'agissait de plus de 20 sociétés.

Les maisons de négoce japonaises Sumitomo et Itochu, l'équipementier automobile nippon Denso et des assureurs comme Tokio Marine Holdings ont été présentés dans la presse comme des acheteurs potentiels de titres Mazda.

Mazda, qui disposait de 215 milliards de yens de cash ou d'équivalent à fin septembre, entend utiliser ses propres fonds pour racheter ses titres mercredi, au prix de clôture de mardi, soit 184 yens.

Ford a déjà cédé cette année les marques de voiture haut de gamme Land Rover et Jaguar à l'indien Tata Motors et rechercherait un repreneur pour la marque de voitures Volvo.

GM a annoncé de son côté lundi qu'il allait vendre les 3% qu'il détient encore dans le constructeur automobile japonais Suzuki Motor pour 232 millions de dollars (184 millions d'euros). L'opération a été réalisée mardi.

Version française Stanislas Dembinski et Danielle Rouquié

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