par Tamora Vidaillet
PARIS (Reuters) - Le titre Eramet s'est envolé en Bourse pour atteindre des niveaux sans précédent, dopé par la hausse des cours des métaux et le regain de spéculations sur une éventuelle modification de son tour de table.
Le titre Eramet a enregistré la plus forte progression du SRD, clôturant en hausse de 11,9% à 486,50 euros, après avoir touché en séance un nouveau record à 508 euros. Le titre gagne 39% depuis le début de l'année après une progression de 188% l'année précédente.
Fort de ses bonnes performances boursières, Eramet a indiqué jeudi qu'il souhaitait entrer dans la composition de l'indice CAC 40.
Au-delà de fondamentaux encourageants, le titre est soutenu par la relance des spéculations autour d'une éventuelle cession des 37% détenus par la famille Duval - une vente qui pourrait susciter notamment l'intérêt du groupe sidérurgique ArcelorMittal.
"Je ne vois pas d'autre explication que le caractère spéculatif du titre pour expliquer une telle hausse, même si les dirigeants disent que ce sont les fondamentaux qui expliquent la performance du titre", observe un analyste parisien qui a requis l'anonymat. "Pour moi, Eramet 'stand alone' ça vaut 300 euros", observe-t-il.
Lors d'une conférence avec les analystes, le P-DG Patrick Buffet a indiqué qu'il n'avait connaissance d'aucun projet concernant une modification de l'actionnariat.
Dans une note publiée dans la matinée, Luc Pez, analyste chez Oddo, estimait qu'il y avait une forte probabilité que l'actionnariat évolue dans les mois qui viennent, soulignant toutefois qu'il s'agissait d'un sujet sensible - à la fois politiquement et stratégiquement - en raison de la présence du groupe en Nouvelle-Calédonie et au Gabon.
Areva - qui détient 26% du capital d'Eramet, a affirmé cet été que la question d'une évolution du tour de table ne se posait pas dans l'immédiat, estimant toutefois que 26% était pour le groupe nucléaire public "trop ou pas assez".
Patrick Buffet a souligné qu'Eramet avait "les moyens de faire une acquisition majeure". "Nous pourrions faire une grosse opération ce qui ne veut pas dire que nous en ferons une en 2008", a-t-il dit.
Prié un plus tard par Reuters de donner des précisions à ce sujet, il a répondu : "Je n'ai rien de très précis mais je serais intéressé par quelque chose dans le secteur du recyclage".
Le producteur de nickel, de manganèse et d'aciers spéciaux a annoncé jeudi matin une hausse de 82% de son résultat net à 582 millions d'euros l'an dernier, bénéficiant ainsi à plein de la flambée en cours d'année des cours du nickel.
FLAMBÉE DES COURS DU MANGANÈSE
Alors que son résultat opérationnel courant a quasiment doublé l'an dernier - à 1,2 milliard sur un chiffre d'affaires de près de 3,8 milliards (+24%), soit une marge de 32% contre 20% un an auparavant - Eramet a souligné que ses perspectives restaient favorables pour 2008 grâce à la forte demande exprimée par les pays émergents, notamment la Chine.
Pour 2007, les analystes tablaient en moyenne sur un résultat opérationnel courant de 1,2 milliard d'euros et sur un résultat net de 590 millions, selon Reuters Estimates.
Les cours du nickel ont atteint des niveaux record au premier semestre pour atteindre plus de 50.000 dollars la tonne en mai sur le London Metal Exchange (LME) avant de subir une forte correction au second semestre, où ils sont retombés à 29.700 dollars/tonne.
Les cours du manganèse, utilisé pour fabriquer des aciers spéciaux, sont aussi restés bien orientés, avec une hausse de 86% en moyenne sur l'année, a souligné Eramet, qui propose de verser un dividende de six euros par action contre 2,90 au titre de 2006.
Les groupes miniers surfent sur la vague de la hausse des prix des matières premières, alimentée par la forte demande exprimée par les pays émergents, en particulier la Chine.
Le groupe français, qui exploite des mines en Nouvelle-Calédonie, au Gabon et en Indonésie, a néanmoins estimé que les prix et la demande devraient rester soutenus cette année, ce qui se traduira par une augmentation des livraisons de ses trois branches.
Le résultat opérationnel de la division nickel d'Eramet a progressé de 79% à 693 millions l'an dernier en 2007 et celui de la division manganèse de 159% à 440 millions. La hausse du résultat de la division alliages a été plus modérée (+26% à 78 millions).
Ces résultats ont permis à Eramet de conforter sa situation financière avec une trésorerie nette de 954 millions fin 2007 contre 353 millions un an plus tôt.
"La solidité de (notre) situation financière permet au groupe de disposer des moyens nécessaires pour financer des développements très importants au cours des prochaines années", a souligné Buffet.
Eramet est en concurrence avec des groupes comme le russe Norilsk Nickel, l'australien BHP Billiton et le groupe basé en suisse Xstrata.
Avec la contribution de Raoul Sachs, version française Jean-Michel Bélot
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