(BFM Bourse) - Les tensions en Nouvelle-Calédonie du fait des opposants à la vente de l'usine de Vale (ex-Goro Nickel) perturbent l'ensemble des centres miniers du pays, de sorte que l'activité de la filiale d'Eramet est très dégradée. Les avancées significatives du plan de sauvetage pourraient être anéanties, redoute le groupe.
Malgré des avancées majeures dans le cadre du plan de sauvetage de la SLN, sa filiale nouvelle-calédonienne, Eramet n'exclut pas de devoir demander l'ouverture d'une procédure collective "dans les prochaines semaines". Une conséquence du conflit qui dure depuis plusieurs semaines dans l'île, où certains indépendantistes s'opposent à la vente de l'usine de Vale à Goro.
Face aux pertes récurrentes du site, le géant minier brésilien entend se désengager via la cession à un consortium, principalement mené par les collectivités calédoniennes mais qui comprend aussi la société suisse de négoce de matières premières Trafigura (associée à 25%), dont la présence est dénoncée par les opposants qui considèrent que cela reviendrait à livrer à des multinationales étrangères les ressources de l'île (la Nouvelle-Calédonie concentre un quart des réserves mondiales de nickel, indispensable notamment pour la production d'acier inoxydable).
Au deuxième semestre 2020, la Société Le Nickel (ou SLN), est pourtant parvenue à améliorer ses coûts de production, démontrant que le (énième) plan de sauvetage, visant au redressement durable de la filiale calédonienne du groupe, était "pleinement efficace dans des conditions normales d’exploitation".
Ajustement de la production au jour le jour
Cependant, la situation de la SLN est actuellement "très critique car l’ensemble de ses centres miniers subit des blocages perlés depuis plusieurs semaines. L’entreprise est en effet la victime collatérale d’un conflit local, lié à la situation de Vale Nouvelle-Calédonie, dont elle n’est pas partie prenante". Il existe trois usines de nickel: celle de la SLN à Doniambo et celle de Vale, ainsi qu'une plus petite à Koniambo, dans la province indépendantiste du nord de l'île.
"La SLN est contrainte d’ajuster au jour le jour ses activités minières et métallurgiques en fonction des perturbations sur mines qui affectent également le chargement des navires de minerai. Cette marche très dégradée met en danger les fours de l’usine et pèse financièrement sur l’entreprise. Les avancées significatives du plan de sauvetage pourraient être anéanties", redoute Eramet.
Pour rappel, le plan de sauvetage de la SLN repose sur trois axes: la mise en place effective d’un nouveau modèle économique qui s’appuie sur la production de ferronickel (un alliage de fer et de nickel) de l’usine et les exports de minerais à faible teneur, l’amélioration de la productivité et la réduction du prix de l’énergie. Une demande d’autorisation d’exporter 2.000 tonnes de minerai de nickel supplémentaires par an a été déposée à ce titre auprès du gouvernement de Nouvelle-Calédonie et est toujours en attente d’un vote. En ce qui concerne l’énergie, la baisse significative du coût de l’électricité devrait être rendue possible grâce à une nouvelle centrale pour laquelle un appel d‘offres a été engagé, avec des offres attendues pour février.
Eramet plonge en Bourse
Dans ce contexte, la SLN -qui est déjà en procédure de mandat ad hoc- va solliciter dans les prochains jours une procédure de conciliation auprès du président du Tribunal de Commerce mixte de Nouméa. La société ne peut exclure, en cas de dégradation de sa situation, l’ouverture d’une procédure collective qui pourrait intervenir dans les prochaines semaines.
"L’engagement de l’ensemble des parties prenantes concernées est urgent afin de permettre le retour à un fonctionnement normal et la poursuite de la bonne mise en œuvre du plan de sauvetage", implore le groupe.
La situation pèse par ailleurs sur le cours d'Eramet ce mardi, en repli de 9,44% à 42,10 euros vers 11h30. Porté par le regain d'appétit pour les valeurs cycliques depuis novembre dernier, dans l'hypothèse d'un redressement à venir de l'économie grâce à la vaccination contre le coronavirus, l'action s'était précédemment appréciée de 130%.
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