(BFM Bourse) - Le groupe énergétique a livré des résultats 2024 en ligne avec les attentes voire légèrement supérieurs pour le bénéfice net. Le groupe du CAC 40 a surtout fait un point sur sa stratégie et ses ambitions sur la période 2025-2027, communiquant des cibles supérieures au consensus.

Valeur plutôt défensive, Engie déclenche rarement les passions en Bourse lorsqu'elle présente ses résultats.

Mais une fois n'est pas coutume, le groupe énergétique occupe largement la tête du CAC 40 ce jeudi, gagnant 5,3% vers 11h30 alors que l'indice parisien recule de 0,8% au même moment.

La société dirigée par Catherine McGregor a dévoilé des résultats annuels qualifiés de "bons" par Oddo BHF.

Sur l'ensemble de 2024, Engie a réalisé des revenus de 73,8 milliards d'euros, en baisse de 10,6% sur un an.

En excluant ses activités nucléaires en Belgique, le résultat brut d'exploitation (Ebitda) a reculé de 2,5% à 13,4 milliards d'euros, tandis que son résultat opérationnel (Ebit) a baissé de 6,2% à 8,9 milliards d'euros.

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Les "Gems" brillent moins

Le recul du résultat opérationnel s'explique surtout par la baisse de 33% enregistrée dans la division dite "Gems" ("global energy management and sales"), un pot-pourri qui mêle la gestion et l'optimisation des actifs énergétiques et la gestion des risques et la fourniture d'énergie aux clients. Cette activité avait bénéficié en 2022 et 2023 d'une forte volatilité sur les marchés énergétiques qui avait renforcé l'attrait de ses services auprès de ses clients. En 2024, "la normalisation des conditions de marché et d’une diminution de la volatilité inhérente" a pesé sur la performance, a expliqué Engie.

Oddo BHF note la bonne performance de la division "infrastructures" (développement et maintenance des infrastructures de gaz et de réseaux électriques) dont le résultat opérationnel a progressé de 15,3% en données comparables, à 2,46 milliards d'euros. Engie explique que cette progression traduit la hausse des tarifs en France et en Roumanie ainsi que la bonne performance des actifs gaziers et électriques en Amérique latine.

Les énergies renouvelables ont, pour leur part, vu leur résultat opérationnel progresser de 7,3% en données comparables à 2,2 milliards d'euros. Cette performance a été "portée par des conditions d’hydrologie exceptionnelles en France et au Portugal sur l’ensemble de l’année ainsi que par une forte contribution des nouvelles capacités mises en service notamment aux États-Unis, en Amérique latine et en Europe", a indiqué l'entreprise.

Le résultat net récurrent part du groupe a atteint 5,5 milliards d'euros en hausse de 3,1%. Le bénéfice net a lui été multiplié par près de deux à 4,1 milliards d'euros.

En 2023, le résultat net d'Engie avait été grevé par des provisions liés aux traitements des déchets dans le cadre de l'accord entre Engie et l'état belge pour prolonger les réacteurs nucléaires Tihange 3 et Doel 4.

Perspectives relevées

Les résultats d'Engie s'avèrent en ligne avec les attentes des analystes, voire un peu supérieurs pour les bénéfices.

En moyenne, les bureaux d'études tablaient sur un Ebitda hors nucléaire de 13,6 milliards d'euros, sur un résultat opérationnel hors nucléaire de 8,92 milliards d'euros et sur un résultat net récurrent part du groupe de 5,4 milliards d'euros.

Au-delà de ses résultats, Engie a surtout fait un point sur sa stratégie et ses perspectives de moyen terme.

À cette occasion, le groupe a mis à jour ses prévisions pour les exercices 2025 à 2026. Pour 2025, le groupe table sur un résultat opérationnel hors nucléaire (Ebit) entre 8 milliards et 9 milliards d'euros (contre 7,9 milliards à 8,9 milliards d'euros auparavant) et un résultat net récurrent part du groupe (RNRPG) situé entre 4,4 milliards et 5 milliards d'euros (contre 3,9 milliards à 4,5 milliards précédemment).

Pour 2026, les fourchettes passent à 8,2 milliards-9,2 milliards (inchangé) pour l'Ebit et 4,2 milliards à 4,8 milliards (contre 3,7 milliards à 4,3 milliards auparavant) pour le RNRPG.

Engie a par ailleurs annoncé prévoir, en 2027, un Ebit situé entre 9 milliards et 10 milliards et un RNRPG compris entre 4,4 milliards et 5 milliards d'euros.

Ces perspectives sont "assez encourageantes pour l'avenir", apprécie Oddo BHF. Elles s'avèrent, par ailleurs, supérieures au consensus, qui tablait sur un Ebit de 8,35 milliards en 2025 et 8,54 milliards en 2026 ainsi que sur un RNRPG de 4,32 milliards d'euros en 2025 et de 4,1 milliards d'euros en 2026.

Cap sur les renouvelables et les réseaux électriques

Pour réaliser ces objectifs, la société explique qu'elle va "accélérer ses efforts en matière de performance en améliorant l'efficacité des fonctions support, en redressant les activités les moins performantes et en accélérant sa compétitivité". En s'appuyant sur les données, le numérique et l'intelligence artificielle, l'entreprise compte améliorer son résultat opérationnel de 1 milliard d'euros sur la période 2025-2027.

Engie va également réduire sa dépendance aux prix de marché. Le groupe prévoit que 63% de son Ebit sera soit régulé par des prix réglementés, soit "contracté à long terme". En 2024, ce taux ne se situait qu'à 42%.

"Cela reflète la décision du groupe de sortir du nucléaire à partir de 2026, la normalisation des conditions de marché et le déploiement du capital vers des activités plus contractées comme les renouvelables ou les réseaux", explique la société.

L'entreprise compte surtout tirer partie de "l'électrification massive" de l'économie, a indiqué Catherine McGregor, dans un communiqué. Ce via un plan d'investissements allant de 21 milliards d'euros à 24 milliards d'euros qui sera déployé dans les trois prochaines années.

Cette enveloppe servira notamment à renforcer la société dans les énergies renouvelables, Engie visant 95 gigawatts de capacités installées d'ici à 2030, contre 51 gigawatts fin 2024.

In fine, 75% des investissements de 21 milliards à 24 milliards d'euros seront dédiés aux énergies renouvelables, aux batteries ainsi qu'aux réseaux électriques (le groupe vise 10.000 kilomètres de transmission électrique en 2030), a précisé la société. Engie s'attend par ailleurs à une contribution de 1,5 milliard d'euros de ces nouveaux investissements à son Ebit sur la période 2025-2027.

Par ailleurs le groupe a relevé sa politique de distribution à l'actionnaire, prévoyant désormais un taux de distribution compris entre 65% et 75% de son RNRPG (contre 65% précédemment).

Dans la même logique, la société a relevé son dividende "plancher" (minimal) à 1,10 euro par action contre 65 centimes précédemment. "Cela renforce selon nous l'attrait de l'action", note sur ce point, Oddo BHF.

Pour le seul exercice 2024, Engie propose un dividende de 1,48 euro par action, contre 1,43 euro au titre de l'exercice 2023.