(BFM Bourse) - L'exploitant de maisons de retraite a publié un chiffre d'affaires en progression entre juillet et fin septembre. Orpea a profité de cette publication pour mettre à jour ce lundi ses perspectives financières et a ainsi décalé d'un an ses objectifs à moyen terme, soit à 2026.
Un début de semaine bien volatil sur le dossier Orpea à la Bourse de Paris. En forte hausse à l'ouverture (+6,9% à 09h05), le titre de l'exploitant de maisons de retraite est reparti à la baisse et cède désormais 3% lundi matin après l'annonce de sa dernière publication trimestrielle.
Le groupe a certes indiqué avoir réalisé un chiffre d'affaires en hausse de plus de 10% au titre de son troisième trimestre mais il a aussi averti qu'il reportait d'un an ses objectifs à moyen terme. De quoi instiller le doute sur un dossier à la réputation écornée depuis la parution du livre-enquête Les Fossoyeurs en janvier 2022.
Entre juillet et fin septembre, Orpea a donc réalisé un chiffre d'affaires en hausse de 11,1% à 1,31 milliard d'euros. En données organiques, la progression s'élève à 10,2%.
L'exploitant de maisons de retraite explique avoir bénéficié d'une dynamique positive de son activité "à l’international et sur le périmètre des cliniques en France". "Le chiffre d’affaires a d’autre part bénéficié des effets de revalorisations tarifaires, particulièrement en Allemagne, et de la contribution des établissements ouverts au cours des 12 derniers mois", poursuit Orpea.
Du coté du taux d'occupation, celui-ci s’inscrit en progression avec un taux d’occupation moyen à 83,8% au troisième trimestre 2023, en hausse de 1,8 point par rapport à la même période de l'exercice précédent.
En France, Orpea indique que ses maisons de retraite ont affiché un taux d'occupation de 84,4% entre juillet et fin septembre. Cet indicateur a certes progressé de 100 points de base (soit 1 point de pourcentage) par rapport à ce qui était observé au premier semestre 2023 (83,4%) mais il reste encore "très éloigné de ses niveaux historiques", déplore le groupe.
Un redressement opérationnel décalé d'un an
En ce qui concerne la suite de l'exercice, Orpea indique avoir ajusté sa prévision de rentabilité qu'elle avait déjà abaissé le 12 octobre dernier, en marge de la publication de comptes semestriels encore plombés par une augmentation de ses coûts de fonctionnement.
Le groupe s'attend donc à ce que son Ebitdar, soit son principal indicateur de rentabilité, se situe à environ 710 millions d'euros. Dans sa précédente prévision, Orpea annonçait que son Ebitdar allait se situer dans le bas d'une fourchette comprise entre 705 millions d'euros - 750 millions d'euros qu’elle avait communiquée le 13 juillet dernier.
En octobre, la société avait également indiqué qu'elle allait communiquer sur ses perspectives qu'elle aura actualisées pour 2024 et 2025. C'est chose faite, avec "un décalage de près de 12 mois du redressement des performances opérationnelles du groupe", compte tenu d'un contexte inflationniste.
La société a ainsi reporté ses objectifs financiers, soit de 2025 à 2026. Il table désormais sur un chiffre d'affaires de 6,4 milliards d'euros, pour un taux d'occupation pour l'ensemble des activités du groupe de 90,8% en 2026. Le résultat opérationnel avant charges locatives, amortissements, provisions, intérêts et impôts (Ebitar) est quant à lui attendu à 1,2 milliard d'euros quand le bilan devrait reposer sur un levier financier ramené de 7,6x en 2025 à 5,5x en 2026.
"Le groupe bénéficierait dès lors à cet horizon 2025-2026 d’une capacité de financement restaurée, qui devrait lui permettre notamment de faire face au refinancement de la partie résiduelle des crédits mis en place en juin 2022 auprès de ses principaux partenaires bancaires, et ainsi d’assurer sa viabilité et sa pérennité", explique Orpea.
Une valeur théorique de moins de 2 centimes
L'annonce de cette feuille de route intervient donc avant le lancement des deux augmentations de capital (avant une troisième début 2024), prévues pour restructurer sa dette colossale. A fin juin, elle culminait encore à plus de 9 milliards d'euros.
Pour se délester de cet important fardeau financier, Orpea doit se lancer dans une vaste opération de restructuration de son passif, avec près de 4 milliards d'euros de dettes effacées, en plus des trois augmentations de capital et la prise de contrôle par un groupement d'actionnaires mené par la Caisse des dépôts et consignations (CDC).
Orpea a donné plus d'indications sur le calendrier de ces augmentations de capital. Le lancement de la première levée de fonds est attendu "dans les prochains jours", mais la société devra toutefois attendre, avant d'appliquer son projet, que la cour d'appel de Paris ait validé, "au plus tard le 13 novembre", un dernier point de la procédure, à savoir l'autorisation donnée par l'Autorité des marchés financiers (AMF) de procéder à la restructuration sans passer par une offre publique d'achat (OPA).
La deuxième augmentation de capital va quant à elle consacrer l'entrée au capital du groupement d'actionnaires mené par la Caisse des Dépôts. Elle est prévue le mi-décembre 2023, avant une troisième "prévue début 2024, selon le calendrier indicatif annoncé par Orpea.
Mais cette restructuration financière va toutefois impliquer une importante dilution pour l'actionnaire existant. Le groupe avait indiqué à de nombreuses occasions que ces opérations d'augmentation de capital allaient entraîner une dilution massive pour les actionnaires existants et conduire à une baisse significative de la valeur de l'action après ces levées de fonds.
La société avait alors précisé le 12 octobre dernier, l'ampleur de la perte de valeur qui les attend, "avec une valeur unitaire théorique des actions après opérations pouvant être inférieure à 0,02 euro", prévient l'entreprise. Par rapport au cours actuel d'Orpea de ce lundi à 11h30, de 1,017 euro, la décote théorique implicite serait ainsi de… plus de 98%.
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