(BFM Bourse) - L'exploitant de maisons de retraite a revu à la baisse sa prévision de rentabilité pour 2023, après des comptes semestriels encore plombés par une augmentation de ses coûts de fonctionnement. Orpea a également rappelé à ses actionnaires l'ampleur de la perte de valeur après son plan de restructuration. L'action devrait théoriquement tomber à moins de 2 centimes.
En plus de 2022, l'année 2023 sera une nouvelle annus horribilis pour Orpea. L'exploitant de maisons de retraite, qui a vu sa réputation être malmenée par la parution du livre-enquête Les Fossoyeurs en janvier 2022, a une nouvelle fois révisé à la baisse un de ses objectifs financiers pour 2023 après avoir encore accusé le coup au premier semestre.
Les premières cotations du titre ce jeudi matin ont été chaotiques après cet avertissement sur résultats. A l'image d'Alstom et Euroapi quelques jours auparavant, le titre a été réservé à la baisse avant de plonger plus de 16% à sa reprise de cotation. Vers 10h45, Orpea ne perd plus que 4,5%.
Les investisseurs ont donc pris connaissance des résultats financiers de l'exploitant de maisons de retraite entre janvier et juin. La performance opérationnelle de la société a encore une fois été plombée par l'envolée de l'inflation. Déjà communiqué en juillet, le chiffre d'affaires du groupe sur la période s'est apprécié de 10,7% pour ressortir à 2,5 milliards d'euros.
Une rentabilité qui plonge
Mais c'est du côté de la rentabilité que le bât blesse... Le résultat opérationnel avant charges locatives, amortissements, provisions, intérêts et impôts (Ebitdar) a plongé de 21,3% sur un an et la marge correspondante s'est nettement effritée, passant de 18,6% à 13,2%.
L'inflation des coûts énergétiques, alimentaires et surtout des salaires, dans "un objectif de renforcement de la qualité", ont retranché plus de 500 points de base (5,36 points de pourcentage) de marge d'une année sur l'autre.
Le résultat opérationnel courant a basculé en territoire négatif, avec une perte de 13 millions d'euros à fin juin, contre un bénéfice de 82 millions d'euros au premier semestre 2022. Le résultat net n'est pas non plus des plus flamboyants, les pertes se sont creusées à 371 millions d'euros, après un résultat net négatif à hauteur de 269 millions d'euros au premier semestre 2022.
Le groupe attribue cette dégradation de cette ligne du compte de résultats par "l’absence d’activation d’impôt différé actif sur les pertes constatées au premier semestre 2023".
Les capitaux propres du groupe restent négatifs à hauteur de 1,85 milliard d'euros, du fait de la lourde perte nette de plus de 4 milliards d'euros accusée en 2022 et des répercussions liées à un changement de méthode comptable l'an dernier qui est appliquée au parc immobilier d'Orpea.
Dans ce contexte, Orpea a revu ses perspectives 2023 à la baisse. Le groupe s'attend à ce que son Ebitdar, soit son principal indicateur de rentabilité, se situe dans le bas de la fourchette de 705 millions d'euros - 750 millions d'euros qu’elle avait communiquée le 13 juillet dernier.
Une méga dilution à venir pour les actionnaires existants
La société va aussi communiquer sur ses perspectives qu'elle aura actualisées pour 2024 et 2025 à l'occasion de la publication de son chiffre d'affaires du troisième trimestre, prévue début novembre. Orpea précise que cette feuille de route sera dévoilée au marché avant le lancement des deux augmentations de capital (avant une troisième début 2024), prévues pour restructurer sa dette colossale. A fin juin, elle culminait encore à plus de 9 milliards d'euros.
Pour se délester de cet important fardeau financier, Orpea doit se lancer dans une vaste opération de restructuration de son passif, avec près de 4 milliards d'euros de dettes effacées, en plus des trois augmentations de capital et la prise de contrôle par un groupement d'actionnaires mené par la Caisse des dépôts et consignations (CDC).
Ce plan a été validé par le tribunal de commerce de Nanterre fin juillet mais Orpea devra toutefois attendre, avant d'appliquer son projet, que la cour d'appel de Paris ait validé, "au plus tard le 13 novembre", un dernier point de la procédure, à savoir l'autorisation donnée par l'Autorité des marchés financiers (AMF) de procéder à la restructuration sans passer par une offre publique d'achat (OPA).
Mais ce plan de sauvetage ne fait pas l'unanimité. Des voix se sont élevées contre ce projet, notamment un groupement d'actionnaires minoritaires, l'Adamo. La perspective d'une méga dilution pour les actionnaires ne plaide pas non plus pour une adhésion à ce plan de sauvegarde.
Orpea a précisé à de nombreuses occasions que ces opérations d'augmentation de capital allaient entraîner une dilution massive pour les actionnaires existants et conduire à une baisse significative de la valeur de l'action après ces opérations.
D'ailleurs, la société a précisé ce jeudi l'ampleur de la perte de valeur qui les attend, "avec une valeur unitaire théorique des actions après opérations pouvant être inférieure à 0,02 euro", prévient l'entreprise. Par rapport au cours actuel d'Orpea de ce jeudi à 10h45, de 1,406 euro, la décote théorique implicite serait ainsi de… plus de 98%...
Une déconvenue de plus pour l'actionnaire qui a vu l'action Orpea s'effondrer de près de 80% depuis le premier janvier. La capitalisation boursière de la société a été ramenée à 89 millions d'euros et représente à peine 1% du montant de sa dette à fin juin.
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