(BFM Bourse) - L'Adamo, une association réunissant des porteurs minoritaires de l'exploitant de maisons de retraite, exige la tenue d'une assemblée générale pour contester le plan de restructuration proposé par la direction.
Le sauvetage d'Orpea n'a rien d'un long fleuve tranquille. A court de liquidités et écrasé par une dette brute de 9,7 milliards d'euros, l'exploitant de maisons de retraite a annoncé fin janvier un lourd plan de restructuration financière qui se traduit par une méga-dilution pour ses actionnaires de 99,6% et l'effacement d'un peu moins de 4 milliards d'euros de dettes.
Ce projet, qui placera Orpea sous le contrôle d'un groupe d'investisseurs mené par la Caisse des dépôts, avait obtenu d'une courte tête l'aval (51%) des créanciers non sécurisés qui seraient concernés par l'opération, le mois dernier.
Du côté des actionnaires, une gronde contre ce plan est orchestrée par une association, l'Adamo (l'association des actionnaires minoritaires d'Orpea), lancée en février pour contester ce plan. Lundi soir, l'Adamo a envoyé un communiqué à plusieurs médias, dans laquelle elle indique avoir fédéré "plus de 1987" membres détenant des titres Orpea.
Une restructuration "pas concevable"
"Plus de 5,5 % des titres sont aujourd’hui réunis et ce n’est qu’une étape car de nombreux actionnaires nous rejoignent chaque jour", souligne l'Adamo. L'association explique avoir envoyé un courrier au président du conseil d'administration, Guillaume Pepy, ainsi qu'au directeur général, Laurent Guillot, pour leur indiquer qu'ils ont réuni cette fraction du capital.
L'Adamo demande en conséquence "la tenue sans délai d'une assemblée générale des actionnaires" de la société, afin que les porteurs puissent s'exprimer sur cette restructuration.
"La première question qui se pose est celle de la confiance et de la représentativité du conseil d’administration après, notamment, le départ de l’actionnaire de références CPPIB [un fonds de pension canadien, NDLR] face au choix de soutenir un plan sacrifiant les actionnaires à 99% au profit de nouveaux entrants et de la Caisse des dépôts", poursuit l'association dans son communiqué.
"La seconde question est de voter sur les options qui se présentent aux actionnaires et qui assurent la pérennité de l’entreprise sans que les comptes de l’exercice 2022 n’aient été approuvés", ajoute-t-elle.
"Quelle que soit la restructuration, il n’est pas concevable qu’avec 100 actions d’Orpea aujourd’hui, un actionnaire se retrouve in fine avec 1 action du nouvel Orpea", assène-t-elle. L'association appelle à étudier "une autre voie" qui laisserait "une place plus importante aux actionnaires actuels".
"Passage en force"
"Nos initiatives ont donc pour but de rejeter 'le passage en force' qui est actuellement tenté par la société et qui aboutit à une solution désastreuse pour ce dossier mais également pour la place de Paris tout entière: en effet quel investisseur significatif accepterait de prendre le risque d’y venir, en confiance, sur une opération d’envergure, sachant qu’il peut se faire exproprier?", martèle l'Adamo.
Contactée par BFM Bourse, Orpea a adressé une déclaration. "A ce stade le conseil d'administration n'a pas reçu de demande formelle de convocation d'assemblée générale. Si une telle demande devait être formulée le conseil l'examinerait en prenant en compte l'intérêt social d'Orpea, la solidité d'un plan alternatif éventuel et sa mise en œuvre", a fait valoir l'entreprise.
A la Bourse de Paris l'action Orpea prend 7,5% à 3,29 euros vers 10h30. Le titre évolue sur une progression de près de 50% sur les cinq dernières séances, même s'il reste en baisse de 45% sur l'ensemble de 2023. De précédents échanges de mail de l'Adamo indiquant que l'association avait réuni plus de 5% du capital ont circulé la semaine dernière, et avaient notamment été rapportés par l'agence de presse Bloomberg.
"Il y a peut-être de la spéculation sur le fait que la contestation du projet par l'Adamo pourrait se traduire par de meilleures conditions financières pour les actionnaires. Mais les chances restent minces", considère un intermédiaire financier.
Orpea reste plombé par une situation opérationnelle fragile, due notamment aux répercussions de l'inflation. La hausse des taux d'intérêt et le resserrement des conditions de financements bancaires, qui ont laminé en Bourse les foncières, ne l'aident pas.
Dans son plan stratégique communiqué à l'automne, Orpea compte réduire sa détention d'actifs immobilier, passant d'un taux de détention compris entre 20% et 25% à moyen terme contre 47% à fin 2021. La société avait identifié 1 milliard d'euros d'actifs immobiliers prêts à être cédés "dès que les conditions de marché le permettront" et compte créer à moyen terme une foncière dédiée dont une part minoritaire du capital serait ouverte à des investisseurs externes. Mais, justement, le resserrement du crédit bancaire complique actuellement de potentielles opérations de cessions d'actifs immobiliers...
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