(BFM Bourse) - La banque a initié le suivi de la valeur à l'achat ce mardi, emballée par le modèle de l'entreprise. L'établissement estime que l'exécution de la stratégie de la société lui permettra de "débloquer" son potentiel.
Assurément, Elis signe, pour l'heure, un bon millésime boursier en 2025. Le groupe de blanchisserie industrielle , spécialisé dans la location-entretien de linge et de bleus de travail, signe une hausse de 24% depuis le début de l'année, surperformant largement son indice de référence, le SBF 120 (+4,9%).
Elis a bénéficié d'un mouvement de fond qui a porté les petites et moyennes capitalisations en Bourse.
Ces titres ont pu servir, dans une certaine mesure, d'abri aux investisseurs face à l'incertitude provoquée par les surtaxes douanières. Ces entreprises de taille moins grande évoluent sur des marchés locaux et sont donc moins pénalisées par les tensions liées aux droits de douane américains. Elis expliquait en mars n'anticiper aucun impact négatif lié aux surtaxes américaines mais reconnaissait que ces mesures créaient de l'attentisme chez ses clients.
La société a aussi réussi plusieurs rendez-vous très importants. Notamment ses résultats annuels, en mars dernier. L'action avait pris plus de 9%, porté, certes par la publication, mais surtout par les annonces de la société sur sa politique d'allocation de capital.
Elis avait indiqué qu'il comptait dépenser entre 50 millions d'euros et 100 millions d'euros par an dans des acquisitions de petites taille et se désendetter à hauteur de 0,1 point de levier (le ratio de dette nette rapporté au résultat brut d'exploitation) par an.
Le reliquat de cash sera versé aux actionnaires sous forme de dividende ou de rachats d'actions. Deutsche Bank estimait qu'environ 150 millions d'euros pourraient être rendus aux porteurs par an. D'ailleurs, Elis avait annoncé un premier programme de rachats d'actions qui s'élevait exactement à ce montant.
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Bpifrance prend ses bénéfices
Le groupe a par ailleurs convaincu le marché la semaine dernière, lors de sa journée dédiée aux investisseurs à Londres, un évènement au cours duquel la société a surtout rappelé ses fondamentaux et sa stratégie.
Le titre perd toutefois du terrain ce mardi 3 juin, reculant de 1,9% vers 12h. L'action est pénalisée par l'annonce de Bpifrance qui, via son fonds Lac1, a cédé un bloc de titres de 6,9 millions d'actions, soit environ 2,9% du capital, pour 160 millions d'euros. Le prix de cession de 23,26 euros implique une décote de 3% par rapport au cours de clôture de lundi, ce qui explique que la valeur se retrouve un peu sous pression.
Bpifrance a ainsi pris une partie de ses bénéfices. L'organisme parapublic, qui conserve 2,5% du capital après cette opération, avait investi dans le groupe en janvier 2023 lorsque le cours de Bourse d'Elis se situait autour de 15 euros. Depuis le titre a donc pris plus de 50%.
Si Bpifrance réduit la voilure, Jefferies estime, de son côté, que l'action en a encore sous le pied. La banque a entamé, ce mardi, le suivi du titre avec un conseil à l'achat et un objectif de cours de 30 euros, cible qui confère un potentiel d'environ 25% à l'action, au cours de clôture de lundi. Les raisons de l'optimisme de Jefferies demeurent assez nombreuses. L'établissement pense qu'Elis "offre une combinaison d'un profil résistant et d'un cadre de croissance à moyen terme convaincant, avec un potentiel de hausse dû au changement de la politique d'allocation du capital".
"Le profil opérationnel plus solide, la réduction de l'endettement et la mise en œuvre cohérente de l'algorithme de croissance devraient justifier un 're-rating' (une appréciation des multiplies boursiers, NDLR de la valeur", ajoute la banque.
L'externalisation comme moteur
L'activité d'Elis s'avère à la fois défensive et robuste, car Elis possède une base de clientèle diversifiée. La société s'est, en outre, internationalisée. La France représentait 70% des revenus environ en 2015, chiffre qui est tombé à environ 30% en 2024.
Les services offerts par Elis, qui incluent donc le blanchissement de linge mais aussi la fourniture de services et produits d'hygiène, comme du savon ou la lutte contre les parasites, sont "généralement critiques pour les clients et ne constituent pas des dépenses discrétionnaires", rappelle Jefferies.
L'activité bénéficie en outre d'un important vent porteur: l'externalisation. Les entreprises ont de plus en plus recours à des prestataires extérieurs pour les activités de nettoyage et d'hygiène. Jefferies estime que cette tendance de fond contribuera pour un point de pourcentage par an à la croissance de la société.
Plusieurs facteurs expliquent cette dynamique. Les sociétés ont recours aux services d'Elis pour diminuer l'intensité capitalistique et les coûts. Mais aussi pour répondre à des exigences accrues d'hygiène, de traçabilité et de soutenabilité ce qui les pousse à se tourner vers l'expertise du groupe.
La France, le bon exemple
Jefferies pense, par ailleurs, qu'Elis réussira à dupliquer aux autres pays la recette qui a très bien fonctionné en France.
"Nous pensons que l'amélioration (de la rentabilité) dans d'autres régions devrait notamment être obtenue en reproduisant les facteurs clés de succès de la France, qui sont à l'origine de son profil de marge surperformant", considère-t-elle.
Dans l'Hexagone, le spécialiste de la blanchisserie industrielle affiche une marge brute d'exploitation (Ebitda) de 41,8% et une marge opérationnelle de 23%, contre respectivement 35,2% et 16% à l'échelle du groupe.
Cette rentabilité s'explique par la domination d'Elis dans ce pays (plus de 60% des parts de marché, selon Jefferies) , ce qui l'a aidé à défendre les prix. Mais aussi par une importante densité (un site d'Elis par 525.000 habitants, contre un site pour 1,8 million en Allemagne, son deuxième marché le plus important) ce qui permet à la société de réaliser des ventes croisées auprès de ses clients et donc d'améliorer à la fois les revenus et la rentabilité. Cette forte présence permet aussi au groupe de servir les PME, un segment largement sous-pénétré et où le pricing power est élevé.
L'augmentation de la densité industrielle d'Elis dans les autres pays mais aussi la généralisation des bonnes pratiques portera ainsi les marges de la société.
In fine, Jefferies table sur une croissance annuelle moyenne en données comparables d'environ 4% pour Elis, en ligne avec les propres prévisions de la société, ainsi que sur une hausse moyenne de 7% par an du bénéfice par action ajusté. La banque estime qu'en exécutant correctement sa stratégie et en tenant ses promesses de moyen terme, la société devrait "débloquer" le potentiel de hausse de son titre.
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