(BFM Bourse) - Le groupe de blanchisserie industrielle a livré ses ambitions de moyen terme à l'occasion d'une journée dédiée aux investisseurs, visant notamment une croissance en données comparables de plus d'environ 4% par an en données comparables. La feuille de route convainc le marché, le titre grimpant à la Bourse de Paris.
Au fil des années, Elis s'est bâti une réputation de résilience à toute épreuve ou presque. Le groupe de blanchisserie industrielle, spécialisé dans la location-entretien de vêtements de travail, de linge et dans la fourniture de produits et services sanitaires (savons, serviettes industrielles) a défendu sa rentabilité dans des temps difficiles.
Sa marge d'exploitation brute (Ebitda) s'est maintenue à au moins 33% entre 2020 et 2024, malgré la crise sanitaire et la flambée des prix de l'énergie lié à la guerre en Ukraine qui ont eu un impact important en 2022. Le groupe a d'ailleurs dégagé une marge record en 2023 (34,2%) et 2024 (35,2%).
Cette résilience a amené Elis à connaître un parcours boursier enviable, le titre progressant de 62,3% sur trois ans, contre 17,6% pour le SBF 120 sur la même période.
"Nous apprécions la résistance de l'entreprise au cours du cycle (avec des revenus qui n'ont reculé que de -0,6 % en 2009 lors de la crise financière), son leadership fort et la forte densité de son réseau sur les marchés où elle opère, ce qui lui confère un pricing power et accroît les barrières à l'entrée", louait UBS en octobre dernier.
Elis se doit évidemment d'entretenir voire renforcer la confiance du marché. C'est tout l'objet de la journée dédiée aux investisseurs que la société organise à Londres, ce mardi 27 mai. Comme la plupart des entreprises organisant ce type d'évènement, l'entreprise a livré ses objectifs et un résumé de sa feuille de route en amont.
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Une croissance d'environ 4% par an
Elis a notamment indiqué viser une croissance de son chiffre d'affaires de 5% à 6% par an pour "les années à venir", avec, dans le détail, une croissance organique, c'est-à-dire hors effets de changes et de périmètre, autour de 4%, à laquelle s'ajouteront un à deux points de pourcentage de croissance tirés des futures acquisitions.
Le groupe de blanchisserie entend par ailleurs augmenter sa marge d'Ebitda d'environ 0,2 point de pourcentage par an et précise que les progressions de l'Ebitda, du résultat opérationnel et du bénéfice par action seront, chaque année, supérieures à celle du chiffre d'affaires (donc d'au moins 5%). L'entreprise compte par ailleurs dégager, en cumulé, 1,5 milliard d'euros de flux de trésorerie pour la période 2025-2028.
Ces cibles sont relativement bien accueillies par les investisseurs, l'action Elis prenant 2,2% en début d'après-midi dans un marché assez calme, le SBF 120 s'adjugeant 0,2% au même moment.
"Concrètement, les objectifs annoncés n'apportent pas beaucoup d'éléments nouveaux, les cibles ayant été déjà évoquées explicitement ou implicitement par la direction", explique Julien Thomas, analyste chez TP ICAP Midcap.
"Toutefois, il n'y avait pas forcément besoin de donner beaucoup plus. Le métier d'Elis est bon et il faut livrer un message simple au marché ce qu'ils font très bien. Il n'y a pas besoin pour eux de se réinventer, il faut consolider l'existant", ajoute-t-il.
La pandémie a renforcé la demande
Pour atteindre ses objectifs, Elis compte s'appuiera sur plusieurs leviers. La société de blanchisserie industrielle surfe sur des tendances structurelles porteuses. Elis évoque notamment "des normes d'hygiènes plus strictes".
Sur ce dernier point, la crise sanitaire de 2020 à 2022 a augmenté la demande structurelle d'Elis, avec des besoins accrus de services et produits d'hygiène (savon, serviettes, etc…).
"La crise Covid a conduit les entreprises/institutions/écoles/hôpitaux à renforcer leurs normes d'hygiène et de sécurité (protocoles renforcés pour le nettoyage, l'hygiène des mains, exigences de protection des vêtements de travail et lavage plus fréquent, traçabilité, etc.)", expliquait UBS en octobre.
Ce qui explique que les perspectives de croissance du groupe se sont renforcées. Elis vise, donc, 4% de progression de ses revenus par an en données comparables. Comme le soulignait UBS en novembre, sa croissance moyenne sur la période 2009-2019 ne se situait qu'à 2,4%.
La banque expliquait en octobre que les nouveaux standards et régulations, comme les normes ISO, ont conduit à une accélération de l'externalisation du marché de l'entretien de linge et vêtements depuis la crise sanitaire, en particulier pour les vêtements de travail. D'ailleurs UBS tablait sur une croissance organique pour Elis de 3,8% pour la période 2024-2028, un taux proche de celui visé par l'entreprise.
Elis bénéficie aussi d'une évolution démographique favorable, le vieillissement de la population se traduisant par une hausse de la demande de services d'hygiène, de même que l'urbanisation, synonyme de davantage de besoins de la part des restaurants, des entreprises ou des institutions de santé. Elis évoque également la "croissance du tourisme", qui porte évidemment son segment hôtellerie-restauration (26% du chiffre d'affaires).
Pour répondre à ces besoins accrus, le groupe a réorganisé sa structure de vente, ce qui lui permet d'accélérer sa croissance sur les PME. L'entreprise entend aussi poursuivre ses gains de productivité à hauteur de 2% par an, grâce à l'optimisation de ses processus industriels.
La société compte également renforcer son offre de services, alors que l'entreprise a déjà développé des offres dites "à forte valeur ajoutée", telles que la lutte antiparasitaire ou les tenues pour des "salles blanches", des pièces où la contamination doit être contrôlée, et qui sont utilisées par exemple par les sociétés de semi-conducteurs, chimie ou services médicaux. "Ces segments, dont le chiffre d’affaires cumulé était de 320 millions d’euros en 2024, affichent une très forte dynamique avec une croissance organique à deux chiffres", explique Elis.
La question de l'Oceane
Le groupe prévoit d'étendre son réseau dans ses marchés clés, à savoir l'Europe, mais aussi des pays plus récents, comme le Brésil, où la société est entrée il y a dix ans, ou le Mexique, où elle est arrivée en 2022. L'an passé, Elis est entré en Malaisie via le rachat de la société Wonway, spécialisée dans les tenues pour salle blanches.
"Dans le futur, Elis continuera d’analyser les opportunités qui se présenteront dans de nouveaux territoires, avec comme objectif principal la création de valeur pour ses actionnaires", précise l'entreprise.
Sur un plan plus financier, Julien Thomas note qu''implicitement, l'objectif de cash d'Elis revient à générer 375 millions d'euros de trésorerie par an, avec 100 millions d'euros environ pour des acquisitions et 100 millions d'euros pour le dividende. Ce qui laisse environ 175 millions d'euros par an pour un retour additionnel de cash sous forme de rachats d'actions ou d'autres possibilités".
"Parmi ces possibilités la question reste de savoir s'ils rachèteront l'Oceane (un titre de dette hybride, qui peut être remboursé en actions existantes ou nouvellement émises, NDLR) à expiration 2029. Ce titre est actuellement dans la monnaie (c'est-à-dire que les porteurs d'obligations on intérêt à demander le remboursement en actions, NDLR) et aurait un impact dilutif important pour les actionnaires", prévient-il.
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